Les ambassades du Rwanda, de France, de Belgique et des États-Unis ont été attaquées ce mardi par des manifestants qui dénoncent le refus de l’ONU de sanctionner le Rwanda et la « bienveillance » de la France vis à vis de Kigali.

La colère est bien réelle. L’entrée des rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, dans Goma, a été un électrochoc à Kinshasa, pourtant situé à 2500 kilomètres de la capitale provinciale du Nord-Kivu. Mais la colère s’est accentuée après la réunion spéciale du Conseil de sécurité de l’ONU. Aucune sanction n’a été prononcée contre le Rwanda pour son soutien aux rebelles et pour la présence de ses soldats sur le sol congolais, comme l’avait pourtant demandé la ministre des Affaires étrangères congolaise Thérèse Kayikwamba Wagner. Alors, des centaines de manifestants se sont rués ce mardi, vers les ambassades occidentales, française, belge, américaine, ainsi que vers l’ambassade rwandaise qui n’est plus en service depuis de nombreux mois. La représentation diplomatique de Kigali a été complètement pillée et vandalisée, ainsi que les bureaux de l’immeuble qui l’abritaient. Les grilles et l’enceinte des ambassades françaises et belges ont été incendiées, sans faire de blessés.
Deux poids deux mesures
Ce coup de pression populaire sur la communauté internationale pour son inaction et sa « complicité » dans le conflit du M23, orchestré ou pas par les politiques, reflète pourtant bien l’état d’esprit des Congolais après la prise de Goma. Les Congolais ne comprennent pas pourquoi l’ONU ne sanctionne pas le Rwanda pour son soutien à la rébellion et la présence de ses soldats au Congo, alors qu’ils l’ont fait pour la Russie qui a envahi l’Ukraine. Un « deux poids deux mesures » difficilement entendable à Kinshasa. La réunion d’urgence sur Conseil de sécurité de ce week-end avait pourtant été avancée devant la percée des rebelles dans les faubourgs de Goma, mais aucune mesure forte n’a été prise, si ce ne sont les sempiternelles condamnations et demandes de retrait que le M23 et son parrain rwandais ignorent copieusement.
La France dans le collimateur
Autre source de mécontentement, la présence des casques bleus qui n’ont pas pu empêcher la prise de Goma, faute d’un mandat offensif pour combattre la rébellion. Une impuissance coupable pour les Congolais, alors qu’en 2012, lorsque ce même M23 avait occupé brièvement la ville, la pression internationale et les casques bleus avait réussi à vaincre et à démanteler le M23 en quelques jours. La France a été une cible privilégiée des manifestants. Sur l’enceinte de l’ambassade, on pouvait lire : « La trahison depuis longtemps… finissons maintenant ». Au Congo, la France est très souvent perçue comme « pro-Rwanda ». Depuis Nicolas Sarkozy, Paris tente péniblement de recoller les morceaux avec Kigali, après l’implication de la France pendant le génocide des Tutsis en 1994. Emmanuel Macron est sans doute le président français qui est allé le plus loin dans le rapprochement avec Kigali. Dans ce contexte, la France est vue comme étant le principal frein aux sanctions contre Kigali, au Conseil de sécurité. Pourtant, depuis de nombreux mois, Paris est aligné sur les condamnations onusiennes.
Tensions dans la capitale
Enfin, il y a aussi une aide de l’Union européenne de 20 millions d’euros à l’armée rwandaise pour sa mission onusienne au Mozambique qui ne passe pas à Kinshasa. La question qui se pose est de savoir pourquoi l’Europe accorde une telle somme à une armée qui viole l’intégrité territoriale de son voisin ? Le gouvernement congolais a présenté « ses regrets suite aux actes de vandalisme commis par les manifestants », mais l’atmosphère s’est brutalement tendue dans la capitale congolaise. L’ambassade belge a conseillé à ses ressortissants « de rester à l’intérieur pour le moment et de suivre l’actualité et les directives de l’ambassade ». « À aucun moment, il n’y a eu de danger immédiat pour le personnel et les visiteurs de l’ambassade » a précisé Bernard Quintin, ministre des Affaires étrangères belge. L’ambassade américaine conseille à ses citoyens « de s’abriter sur place et de partir ensuite en toute sécurité tant que des options commerciales sont disponibles. L’aéroport de N’Djili à Kinshasa reste ouvert aux vols commerciaux ». La marche pacifique organisée par l’UDPS, le parti présidentiel, a été annulée ce mercredi à Kinshasa, à la suite des « dérapages » de ce mardi.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
L’Union europeenne donne au Rwanda $20M pour la securite du Mozambique et la RdC se met en Cole why? Is it their money?
Ce n’est pas la premiere fois les ambassades sont pilles. C’est la facon congolaise de se battre!
Parfois, Il fait avoir le courage d’avoir honte.
Mais pourquoi la RDC ne prenne pas des sanctions contre le Rwanda qui le frappe?