L’opposition n’a pas pu manifester dans les rues ce lundi pour protester contre le non-respect de l’accord politique du 31 décembre. La marche avait été interdite par les autorités congolaises et une forte présence policière a empêché tout rassemblement.
Ce devait être une marche de protestation contre le président Joseph Kabila qui devait se terminer en face du palais de la Nation… mais la grande mobilisation populaire tant espérée par l’opposition n’a pas eu lieu. La bouillonnante capitale congolaise s’est tout de même transformée en ville morte ce lundi : rues désertes, magasins fermés, transports au ralenti… les Kinois sont massivement restés à la maison. Et pour cause. Les autorités congolaises avaient interdit la manifestation et le dispositif policier installé aux quatre coins de la capitale a, semble-t-il, été dissuasif. Sur son compte Facebook, la police congolaise avait en effet décelé dans cette marche « les germes de l’insurrection » (sans doute à cause de la destination finale de la manifestation : la présidence de la République), et tout rassemblement de plus de 10 personnes était prohibé à Kinshasa.
Des arrestations… « mais pas de victime »
Le Rassemblement de l’opposition a dénoncé pourtant plusieurs centaines d’interpellations dans la capitale congolaise, tout comme en province. A Goma, Bukavu, Lubumbashi ou Kananga au Kasaï, toute les tentatives de regroupement de cadres ou de sympathisants de l’opposition a été étouffée par la police congolaise. Ces arrestations sont simplement « administratives » se targuent les autorités qui se félicitent de l’absence de victime. Il faut dire que les dernières manifestations contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila fin 2016 avaient fait « au moins 50 morts » selon les Nations unies.
L’accord du 31 décembre toujours pas appliqué
Dans les revendications des opposants au président congolais, il y a d’abord la non-application de l’accord politique du 31 décembre, toujours au point mort trois mois après sa signature, mais surtout il y a la récente nomination du Premier ministre, Bruno Tshibala. Issu d’une aile dissidente de l’opposition, le nouveau chef de l’exécutif apparaît comme illégitime aux yeux du Rassemblement, la principale plateforme d’opposants, qui avait proposé Félix Tshisekedi au même poste. En nommant un opposant très affaibli en interne (Bruno Tshibala a été exclu et de l’UDPS et du Rassemblement) Joseph Kabila a réussi une nouvelle fois a semer le trouble au sein de l’opposition sans pour autant résoudre la crise politique. Le nouveau gouvernement n’est toujours pas nommé, le président du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) n’est pas désigné, et surtout, personne n’a aucune idée précise de la date et du financement des prochaines élections censées se tenir avant la fin 2017.
Où est Félix ?
La mobilisation avortée de lundi réjouie avant tout la majorité présidentielle (MP), qui qualifie « d’échec cuisant » la manifestation ratée, qui s’est de facto transformée en opération ville morte. Pour l’opposition, on tente de minimiser l’annulation de la marche par la volonté de ne pas faire prendre de risque aux manifestants. Selon l’opposant Martin Fayulu, ce « changement de stratégie » a été opéré « pour ne pas permettre aux « carnassiers » de tuer les Congolais ». Mais le feuilleton de la journée sur les réseaux sociaux a été de savoir si Félix Tshisekedi, à l’origine de l’appel à manifester, était ou non à Kinshasa ce lundi. Car dès dimanche soir, de nombreuses rumeurs étayées par des déclarations d’Augustin Kabuya, le porte-parole de l’UDPS, affirmaient que Félix Tshisekedi serait à l’Union africaine ce lundi et non dans les rangs des manifestants. Lundi matin, sur Twitter, une photo montrait Félix Tshisekedi « au départ de la marche ». Mais il s’agissait d’une photo de décembre 2016 lors des manifestations contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila. Au final, Félix Tshisekedi était bien à Addis-Abeba ce lundi et Augustin Kabuya, qui a visiblement parlé un peu trop vite, a été suspendu de ses fonctions.
Quelle nouvelle stratégie de mobilisation ?
L’absence de Félix Tshisekedi dans la capitale congolaise est pourtant mal passée chez certains opposants. D’autant que la deuxième tête du Rassemblement de l’opposition, Moïse Katumbi, en exil judiciaire hors du Congo, avait appelé lui aussi les Congolais à descendre dans la rue. Ce qui faisaient dire à certains Congolais sur Twitter que les deux hommes politiques qui appelaient la population à manifester n’étaient pas en mesure d’être avec eux dans la rue. En dehors de cette polémique, l’opposition devra pourtant réfléchir à de nouveaux modes d’actions et de mobilisation pour continuer à faire pression sur le pouvoir. Les manifestations sont, ou trop dangereuses à cause de la répression, ou annulées par une trop forte présence policière. Quant aux opérations villes mortes, elles ne peuvent guère durer dans le temps en raison de la crise économique et de l’extrême niveau de pauvreté des Congolais qui peuvent difficilement s’arrêter de travailler plus d’une journée. « On y réfléchit » nous dit l’opposition. Car pour l’instant, le pouvoir tient bon, notamment grâce à l’efficacité de ses services de sécurité qui ont réussi depuis plusieurs mois à empêcher toutes les manifestations d’ampleur de se tenir dans la capitale congolaise. La question est… jusqu’à quand ?
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
La population se désolidarise des politiques.
La marche du 10/04/17: un fiasco.
Le politique, toute tendance devra compter sur elle-même pour manifester. Les pertes en vie humaine sont trop nombreuses et souvent des jeunes innocents qui n’avaient rien à voir.
Jésus avait un traître et on nous dit qu’en politique, il faut trouver le traître parmi les siens. Puis le ……
A la ruée sur l’or (les postes à pourvoir), les populations ne voient que du feu.
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