Classée 154ème sur 180 pays par Reporters Sans Frontière, la République démocratique du Congo (RDC) recule de deux places en 2017 au classement mondial de la liberté de la presse. Un « musèlement » des médias dénoncé par Amnesty.
Internet coupé, signaux radios brouillés ou interrompus, chaînes de télévision fermées, journalistes arrêtés arbitrairement et brutalisés… la liste des entraves à la liberté de la presse en RDC est longue comme le bras. Et elle s’aggrave ! Le Congo perd deux places en 2017 au classement de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontière. « Son plus mauvais score depuis 2002 » note Amnesty International, alors que le pays s’enfonce dans une crise politique et sécuritaire des plus inquiétantes. L’ONG dénonce « ce musèlement de la presse et la tendance à garder la population dans l’ignorance.» Entre 2015 et 2016, les autorités congolaises « ont multiplié la fermeture des médias et mis en place des mesures administratives restrictives pour la presse dont la Radio-Télévision Jua de l’opposant Jean-Claude Muyambo ainsi que Radio-Television Nyota et Télévision Mapendo appartenant à l’ancien gouverneur Moïse Katumbi qui a rejoint l’opposition en 2015. »
RFI coupée depuis 6 mois à Kinshasa
Plus étonnant, le signal de Radio France Internationale (RFI) à Kinshasa est coupé depuis… le 4 novembre 2016 ! Amnesty relève que « la plupart du temps, les mesures de fermeture ne sont ni écrites ni notifiées formellement. Les médias concernés se trouvent souvent dans l’impossibilité de se pourvoir en justice. » Le gouvernement s’était pourtant engagé à rouvrir les médias fermés, notamment après les mesures de « décrispation politique » fixées par l’accord politique du 31 décembre 2016. Mais force est de constater que la plupart de ces médias sont toujours fermés à ce jour. Pour Evie Francq, chercheur à Amnesty, « les médias jouent un rôle primordial pour informer la population et permettre un débat démocratique. Les attaques contre eux et les journalistes doivent cesser. Les autorités devraient comprendre qu’il est dans leur intérêt d’encourager et protéger une presse libre et indépendante qui rapporte les faits. »
Crise politique et sécuritaire
La dégradation de la liberté de la presse en RDC intervient dans un contexte politique des plus tendues, suite à la non-tenue de l’élection présidentielle fin 2016. L’opposition accuse Joseph Kabila d’avoir volontairement retardé le processus électoral afin de se maintenir au pouvoir au-delà de son deuxième et dernier mandat. La situation sécuritaire devient également très préoccupante dans les provinces des Kasaï, où 400 personnes ont été tuées depuis août dernier à la suite des affrontements entre une milice locale et les forces de sécurité congolaises. 1,7 millions de congolais ont déjà fui ces provinces du centre du pays. Face à ces inquiétudes, Amnesty exige que les autorités congolaises « arrêtent d’asphyxier la liberté de la presse dans le contexte de la crise politique et sécuritaire qui sévit actuellement en RDC. »
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
kabila croit qu’il peut dissimuler son péché en ferment les les médias.