La dernière enquête du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) jette un éclairage cru sur les massacres de masse commis au Nord-Kivu depuis 4 ans et pointe les responsabilités de l’armée régulière congolaise.
Qui sont les mystérieux tueurs de Beni ? Ce territoire de l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) est le théâtre d’attaques à répétition contre des civils depuis 2013. A partir de l’année suivante, les massacres s’intensifient, portant à 800 morts et 180.000 déplacés le bilan de ces tueries. Derrière ces attaques, les autorités congolaises accusent les miliciens des ADF, une rébellion islamiste ougandaise, présente en RDC depuis les années 1990. Mais un récent rapport du GEC, le groupe d’étude sur le Congo, rattaché à l’université de New-York, apporte un tout autre regard sur la complexité de ce conflit, que ni Kinshasa, ni les Nations unies n’ont réussi à juguler.
Un puzzle complexe de groupes armés
Après plusieurs mois d’enquête et 249 témoins entendus, les experts du GEC pointent la responsabilité de l’armée congolaise, et principalement celle du général Muhindo Akili Mundos, comme complice et co-auteur de certains massacres de masse. Car si certaines tueries ont bien été perpétrées par des membres des ADF, l’enquête démontre que ce sont en fait 4 acteurs qui sont impliqués dans ces violences. Il y a bien sûr les ADF, mais également les ex-APC, une milice de l’Est du pays, une myriade des groupes armés locaux comme les Maï-Maï Mayangose et la milice Vuba, mais aussi… l’armée régulière congolaise. Toutes les pièces de ce puzzle complexe ce sont faites et défaites au fil du temps, au gré des intérêts et des renversements d’alliances.
Mais la principale caractéristique de ce conflit larvé est bien entendu l’implication de l’armée congolaise et de certains de ces officiers dans les massacres. Tout comme les experts de l’ONU lors de leur dernier rapport, le GEC remarque que l’arrivée du général Mundos à la tête de l’opération Sukola 1 à l’été 2014 correspondant au démarrage de la principale vague de tueries dans la région de Beni. Pour expliquer cette recrudescence de la violence, le GEC décrypte la nouvelle stratégie mise en place par le général Mundos dès son arrivée. L’armée décide d’infiltrer les ex-APC et les ADF, via des milices locales, quitte à participer ou protéger certains massacres. En utilisant un groupe armé contre un autre afin de l’affaiblir, Mundos couvrait ainsi les différentes tueries de masse perpétrés autour de Beni. Au lieu de combattre les milices, l’armée devenait co-auteur des crimes.
« Les hommes de Mundos ont commencé à tuer »
Et les témoignages sur le rôle du général Mundos recueillis par le GEC sont édifiants. Selon l’enquête « Mundos a été personnellement impliqué dans l’organisation et l’exécution de meurtres ». Et les témoins sont nombreux : « Après le massacre d’Oicha le 9 octobre 2014, mon chef direct, le colonel X, s’est exclamé : Voilà, les hommes de Mundos ont commencé à tuer des civils ». Un autre témoin direct : « Mundos ou son assistant, le colonel Muhima sont venus vérifier le meurtre ». Le rapport donne également des explications sur l’étrange inaction de l’armée pendant les massacres. Un militaire témoigne : « lorsque nous alerterons Muhima de la présence d’un groupe suspect dans un village ou un autre, il a donné des informations contraires aux éléments [des FARDC] en patrouille. Et le lendemain, nous avons appris qu’il y avait eu un massacre dans la localité indiquée ».
Après un premier rapport du groupe d’experts de l’ONU qui pointait déjà les responsabilités de l’armée congolaise, l’enquête du GEC documente de manière précise et exhaustive certains des massacres imputés aux « présumés ADF », selon la formule consacrée par les autorités. Ces témoignages devraient apporter des éléments de preuve que ni la justice congolaise, ni la mission parlementaire, et bien sûr, ni l’armée congolaise n’ont été en mesure de fournir jusqu’à présent. L’une des principales recommandations du GEC consiste justement à ce que le bureau du procureur militaire élargisse ses investigations « pour examiner l’implication d’officiers haut-gradés des FARDC, y compris le Général Muhindo Akili Mundos et son équipe ». Quand aux casques bleus de la Monusco, présents sur zone mais inefficaces, ils devraient « suspendre la coopération militaire avec les FARDC dans la région de Beni en attendant leurs propres enquêtes internes sur les massacres », selon le GEC. Le général Mundos qui nie toute implication dans les tueries de Beni, a pourtant été muté en Ituri il y a 2 ans, mais certains militaires congolais continuent de jouer trouble jeu dans la région.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
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QUESTIONS SUR LES CADAVRES EXPOSÉS DEVANT LA MAIRIE DE BENI PAR LES FARDC LE VENDREDI 25 MAI 2018
Qui sont réellement les 14 personnes dont les corps ont été exposés devant la mairie de Beni par les FARDC, vendredi 25 mai 2018 ? L’armée les présente comme des ADF tués au combat la veille sur l’axe Mbau – Kamango. Pourtant, en zoomant sur les photos et en questionnant la version officielle, on relève plusieurs détails troublants :
1. Aucun des 14 corps ne porte une blessure par balle ou par éclat d’obus. Si combat il y a eu, quelles armes ont pu être utilisées pour tuer ces hommes, sans laisser de blessure ouverte ?
2. Les corps semblent en début de décomposition. Si ces personnes ont été tuées la veille, leurs corps ne peuvent pas être dans un tel état déjà.
3. On remarque assez facilement que certains ont été ligotés. Comment ont-ils pu se battre contre les FARDC en ayant les bras ou les pieds liés ?
4. Pourquoi une armée qui a gagné du terrain sur l’ennemi se donnerait-elle la peine de se trimbaler avec les cadavres des ennemis jusque dans la ville ? En général, une armée ne ramène du front que les corps de ses propres soldats. Pour prouver qu’elle a gagné du terrain, elle amène les journalistes sur terrain, à eux de filmer les cadavres des ennemis abandonnés par terre.
5. Depuis le début des massacres de Beni, les témoins sont formels : les tueurs sont toujours habillés en uniformes FARDC. Même lors de l’attaque du 7 décembre 2017 contre les casques bleus tanzaniens, les assaillants étaient tous habillés en uniformes FARDC et lourdement armés. Mais sur ces images, on voit des gens essentiellement habillés en civil.
Cette affaire est d’une gravité telle qu’elle nécessite une enquête rapide de l’ONU et des organisations de défense des droits de l’Homme.
Très vrai mon frère EMERY
pourquoi jusqu’à present les commenditeur sont toujour dans la nature libre et en fonction alors qu’ils devraient répondre à leurs actes ?
Quand l’armé est incapable de traquer l’énemi, ce que l’enemi est dans l’armé.
Nous sommes temoins que l’ADF travail avec certains officiers et militaires FARDC. Et si l’état congolais n’acceptera pas faire une enquette serieuse dans l’armé et dénicher ces infiltrés dans l’armé, nous, population de Beni, on continuera à souffrire de leurs mauvaises politique.
Dépuis Beni, Commune d’oïcha
contact: +243827639375
Justice doit être faite. Trop c’est trop. Nous en appelons à la conscience de ceux qui ont l’habileté d’amorcer l’action en justice. Face à toutes ces évidences, se taire n’est rien d’autre que la complicité. Que la CPI, l a CIJ, la Cour Militaire Opérationnelle du Nord-Kivu et d’autres organismes des droits de l’homme agissent de toute urgence. L’humanité est déshumanisée dans la région orientale du Congo-Kinshasa!