Deux semaines après la prise de Goma par le M23 et l’armée rwandaise, les Églises catholique et protestante congolaises ont appelé à un dialogue national qui inclurait la rébellion. Une initiative à long terme dont pourrait se servir Félix Tshisekedi en interne pour recomposer son pouvoir.

L’idée d’un vaste dialogue entre le gouvernement, les forces politiques, la société civile, incluant les rebelles du M23 et l’AFC de Corneille Nangaa, fait son chemin. L’initiative émane des églises protestante et catholique, et tombe à point nommé. Après le choc de la prise de Goma et l’avancée des rebelles dans le Sud-Kivu, la ligne de rouge de Félix Tshisekedi, qui refuse jusque-là toute négociation avec le M23, commence à se craqueler. Sans solution militaire immédiate, Kinshasa se voit dans l’obligation de saisir toutes les opportunités pour stopper l’expansion territoriale du M23 et de son parrain rwandais. Acculée militairement, la RDC a dû se contenter d’un cessez-le-feu négocié ce week-end au Sommet de Dar es Salam. Sans garantie de succès, cet énième cessez-le-feu permettrait de marquer une pause salutaire pour Kinshasa, en attendant la suite.
Deux processus de paix sur les rails
Aujourd’hui, il apparaît de plus en plus évident que la porte de sortie du conflit va obligatoirement passer par la case « négociation ». A Luanda, Kinshasa espère pouvoir relancer le processus enclenché fin 2024, qui prévoit le retrait des troupes rwandaises du sol congolais en échange de la neutralisation des FDLR, un groupe armé créé par d’anciens génocidaires hostiles à Kigali. La médiation angolaise est perçue comme plutôt favorable à la RDC, ce qui est beaucoup moins le cas du processus de Nairobi, piloté par l’East Africa Community (EAC), jugée bienveillante envers Kigali et le M23. Ce processus, qui doit rassembler les groupes armés congolais, M23 compris, est regardé avec une extrême méfiance par Kinshasa, qui n’a plus confiance dans l’EAC, dont le Rwanda est un membre influent.
« Négocier, mais pas vendre le Congo »
La petite fenêtre de dialogue ouverte par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et l’Église du Christ au Congo (ECC), offre une alternative intérressante au processus de Nairobi, que Félix Tshisekedi ne peut pas négliger. Les porte-paroles des deux églises ont présenté leur « forum pour le consensus national » au chef de l’Etat début février, avant de rencontrer le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, et les opposants Martin Fayulu et Matata Ponyo. Preuve qu’il y a de la concertation dans l’air, le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe a lancé il y a quelques jours depuis son perchoir : « Le président veut négocier, mais pas vendre le Congo. » Une sortie remarquée, où dans une même phrase, Vital Kamerhe ouvre la porte à un éventuel dialogue, tout en fixant les limites de l’exercice.
« Une porte de sortie honorable pour le chef de l’Etat »
L’initiative des Églises chrétiennes est « intéressante et pertinente » pour Yvon Muya, enseignant à l’université Saint-Paul d’Ottawa, au Canada. « C’est dans la tradition de l’Église catholique d’apporter sa contribution pour sortir des crises par la voie pacifique au Congo, depuis Mobutu jusqu’à Kabila et Tshisekedi ». Même si aujourd’hui le chercheur y voit un bémol de taille. « Cette fois-ci, nous ne sommes pas une crise politique, mais dans un conflit armé violent, de haute intensité ». Cette contribution doit venir « en appui des autres initiatives diplomatiques en cours après le Sommet de Dar es-Salam », estime Yvon Muya. « C’est une porte de sortie honorable qui s’offre au chef de l’Etat. L’Église agit sur deux leviers. Elle est à la fois un contre-pouvoir, mais aussi un trait d’union entre le chef de l’Etat et son opposition, et peut servir de facilitateur dans ce conflit. L’Église peut parler à tout le monde, y compris au M23 ».
« Recoller les morceaux en interne »
Pour Félix Tshisekedi, le principal avantage du dialogue proposé par les confessions religieuses serait de diluer la présence du M23 dans un large forum national ouvert à l’ensemble de la classe politique et de la société civile et d’en faire un vaste outil de recomposition nationale. Le président congolais pourrait ainsi sortir par le haut en ne trahissant pas sa promesse de ne jamais négocier directement avec le M23. « Le chef de l’Etat peut se servir de cette opportunité pour sortir de ce conflit, mais aussi pour asseoir sa position, analyse Yvon Muya. C’est une initiative sur le long terme qui peut aider le président à recoller les morceaux en interne, qu’il a lui-même contribué à éclater ». Avec, peut-être à la clé, la composition d’un gouvernement d’union nationale. Mais nous en sommes encore bien loin. Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a rapidement douché l’initiative de la Cenco et de l’ECC en indiquant que le président Tshisekedi n’avait donné aucun mandat aux pères spirituels pour mener des consultations afin d’aboutir à un dialogue.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Le dialogue proposé par des differentes églises est une bonne chose mais ne peut pas remplacé le processus proposé par le sommet conjoint EAC-SADC. C’est facile à comprendre que le AFC/M23 ne peut se faire sortir dans un cadre où les deux communautés de pays se portent garants pour se jetter dans quelque chose du genre « médiation informelle » dans laquelle les acteurs ne seront soumis à aucune pression ni punition.
Tshesekedi, après avoir transformé, par une loi, les autres groupes armés en réservistes (beacoup d’entre eux ont déjà integré AFC/M23, d’autres sont retournés dans leur vie civile et beaucoup ont servi de chair à cannaux), doit faire chemin inverse pour les retrouver!
Tout cela montre à quel point le Président congolais a peur d’assumer ses responsabilités: Il a peur du backlash de la population s’il accepte de franchir la ligne rouge en négociant avec des « terroristes » mais de l’autre coté, il n’a pas d’autre option – militaire – les alliés se rarafient au fur et à mesure que le monde découvre que le régime es plutot ethnique. Vouloir tuer tous ceux et celles que ne vous ressemblent pas est une hérésie.
Les Congolais d’expréssion rwandaise se trouvent sur la terre de leurs ancêtres avant que la Belgique et l’Allemagne ne décident que cette terre devient congolaise. Pourquoi? Parce qu’ils considéraient que des Tutsis ne se laissent pas faire et qu’il fallait les séparer!
Le caractère des descendants des Tutsis n’a pas changé.
Les resolutions du sommet conjoint SADC-EAC sont nulles et non avenues: elles ne seront pas appliqués car elles ne répondent à aucun des problèmes profonds.
Dans le passé plusieurs dialogues et débats se sont tenus et n’ont rien résolus. Le soit disant problème des communautés rwandophones au Congo est une illusion créée par l’actuel dirigeant du rwanda. Ce problème disparaîtra avec lui ou au pire va générer un autre genocide au rwanda.
Bien sûr que le Rwanda affiche une certaine puissance actuellement mais comme le prouve l’histoire, tout est temporaire d’autant plus qu’il ne fabrique aucun des armes qu’il possède aujourd’hui…
C’est une question de temps avant que l’équilibre soit rétabli (la majorité dirigera ce pays)!
Ces dialogues ainsi que tous ces dirigeants actuels tomberont dans les poubelles de l’histoire…