La République démocratique du Congo (RDC) dénonce des incursions rwandaises sur son territoire. Des incidents frontaliers qui viennent rappeler à Kinshasa que deux dossiers chauds sont encore en souffrance : la lutte contre les FDLR et le rapatriement des ex-M23.
L’armée rwandaises est-elle entrée en territoire congolais la semaine dernière ? C’est ce qu’affirment les autorités de Kinshasa, ainsi que le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku. Selon les forces armées congolaises (FARDC), un de leur soldat a été blessé mercredi 22 avril à Chanzu, dans le territoire de Rutshuru, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale provinciale, Goma. L’incident se serait produit lors d’un échange de tirs avec l’armée rwandaise, en territoire congolaise « à 900 mètres de la frontière ». Julien Paluku a également dénoncé « l’infiltration d’une centaine de militaires rwandais dans la zone de de Kibumba, en territoire de Nyiragongo », à 30 kilomètres au nord de Goma. Une information confirmée par la société civile de la région, qui fait même remonter à dimanche 19 avril la présence de soldats rwandais sur le sol congolais.
Incidents fréquents, frontière floue
Alors pourquoi ces incidents ? Le Nord-Kivu constitue une zone de friction entre la RDC et le Rwanda depuis maintenant 25 ans et la fin du génocide rwandais. Les troupes rwandaises ont envahi par deux fois le Congo voisin au cours des guerres de 1996-1997 et de 1998-2003. Deux rébellions au Congo ont ensuite été accusées d’être soutenues par le Rwanda : le CNDP et le dernier en date, le M23, vaincu fin 2013, justement dans la zone de Chanzu. Les incidents frontaliers sont donc fréquents entre les deux frères ennemis rwandais et congolais. Une frontière floue, datant de 1910 et mal délimitée sur le terrain, ne facilite pas les relations rwando-congolaise. Mais deux dossiers chauds font craindre un retour des tensions au Nord-Kivu.
Opération anti-FDLR « poudre aux yeux » ?
Le premier sujet qui empoisonne les relations entre la RDC et le Rwanda s’appelle les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Le territoire de Rutshuru abrite justement des rebelles hutu rwandais des FDLR, un groupe armé accusé d’avoir participé au génocide et opposé au président rwandais Paul Kagame. Le Rwanda demande régulièrement leur éradication depuis une vingtaine d’années… sans résultat. Kigali accuse Kinshasa d’entretenir des relations troubles avec les rebelles hutu dont certains membres collaboreraient avec des officiers congolais. Fin février, la RDC annonce une opération contre les FDLR, mais sans l’aide des casques bleus de la Mission de l’ONU au Congo, la Monusco. Au Rwanda, on craint que cette énième opération anti-FDLR ne soit que de la « poudre aux yeux ». Dans Jeune Afrique, le président Kagame estimait que l’absence des casques bleus ne faisait que « renforcer notre détermination à ne compter que sur nos propres forces ». Un demi-aveu validant des opérations militaires rwandaises contre les FDLR. Reste à savoir si ces dernières se déroulent en territoire congolais ? Pour le moment, ni Kigali, ni le fameux Mécanisme étendu de vérification conjointe (EJVM), organisme international chargé de surveiller la frontière, n’ont encore confirmé ces incursions. Un enquête est en cours.
Amnistie et rapatriement des ex-M23 au point mort
Deuxième sujet qui fâche et qui peut également expliquer le regain de tension à la frontière rwandaise : le rapatriement des ex-rebelles du M23. Les centaines d’anciens combattants de la rébellion congolaise, cantonnés en Ouganda et au Rwanda attendent toujours de pouvoir rentrer en RDC, comme cela était prévu dans les déclarations de paix de Nairobi. Plus d’un an après la signature de ces accords, l’ex-M23 accuse le gouvernement de ne pas respecter ses engagements. « Des millions de Congolais forcés à l’exil vont en être délibérément exclus par la seule volonté de Kinshasa » explique Bertrand Bisimwa, le président du mouvement et menace « de mettre en cause la légitimité des autorités qui seront issues de ces élections ». Une réunion technique du ministère de la Défense congolais, qui s’est rendue au Rwanda le 21 avril pour rencontrer les ex-rebelles, a tourné court. Les anciens M23 veulent plus d’amnisties de la part des autorités congolaises (« il n’y en a que 122 » dénoncent-ils), des garanties de sécurité et la transformation de leur mouvement militaire en parti politique. Pour le moment, les avancées sont minimes et les discussions au point mort.
Jouer avec le temps
Certains à Kinshasa, voient dans les récentes tensions frontalières et les possibles incursions rwandaises, la main de l’ex-M23 que l’on a toujours accusé d’être soutenu par Kigali. Toujours côté congolais, on accuse même le M23 de se reconstituer sous un autre nom, Mouvement chrétien pour la reconstruction du Congo, et serait composé d’ex-combattants du M23 et du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), un groupe armé dirigé par l’ex-général Laurent Nkunda. Bertrand Bisimwa, le patron du M23 réfute ces accusations et pense que « si aujourd’hui une rébellion naissait au pays, ce serait une rébellion qui pourrait permettre au gouvernement de se défaire de ses obligations, et le M23 ne peut pas commettre cette erreur ». Les opposants politiques au régime de Kinshasa dénoncent également ce possible « double-jeu » du président Joseph Kabila qui combat d’un côté les groupes armés, mais en soutient d’autres en sous-main. Pourtant, une chose est sûre : les deux dossiers phares du conflit congolais (FDLR et M23) ne sont toujours pas réglés. Dans les deux cas Kinshasa joue la montre et repousse les décisions importantes. Les derniers incidents frontaliers viennent peut-être rappeler aux autorités congolaises que l’on ne peut jouer indéfiniment avec le temps.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Une chose est sûre, la RDC va se relever et les nouvelles autorités ne laisseront pas impunies ces genres d incursions. Le Rwanda a eu plus de 5 ans d’ occupation de la RDC et il n’ est jamais arrivé à anéantir les FDLR. Le silence de la Communauté Internationale est inquiétant face à cette agression rwandaise. Un jour, le peuple congolais se fera justice en se défendant.
Mes frères et soeurs congolais de la RDC,
Finalement, à quand a fin de ces gueurres ? Que les congolais de la RDC se réunissent et chassent tous les étrangers, comme cela se fait en Afrique du Sud.
Mes Frères unissons nous pour notre pays Congo. Merci
Autant le Rwanda est condamnable pour sa volonté manifeste de créer du désordre au Congo par plus d’une fois, autant la RDC est blâmable pour son incapacité à sécuriser son pays et à défendre le pays contre les agresseurs. Comment l’après M23 a-t-il été géré? La communauté internationale ne pourra jamais se substituer aux forces loyalistes d’un pays, à la sécurité d’un pays. Aide-toi RDC et le ciel t’aidera. L’Amérique, l’Europe et l’Asie ont besoin d’écouler leurs armes et cela n »est possible que s’il y a la guerre quelque part, comment voulez-vous qu’elles renvoient au chômage les industries d’armement? Tout le monde a aperçu le maillon faible de la RDC c’est pourquoi le Rwanda peut se permettre tout chez-nous. Nous voulons la paix, les morts nous en avons assez, ça ne peut plus continuer