A quelques jours de la fin du mandat du président Joseph Kabila, Kinshasa retient son souffle et redoute une flambée de violence alors que les négociations entre la majorité et l’opposition sont au point mort. Thierry Vircoulon, chercheur à l’IFRI, nous livre les différentes hypothèses d’une transition à haut risque qui se profile.
– Afrikarabia : Que peut-on attendre des ultimes tractations en cours entre l’opposition et la majorité présidentielle avant la date fatidique du 19 décembre ?
– Thierry Vircoulon : Ces négociations piétinent. Elles achoppent sur deux points principaux : le fait que Joseph Kabila se prononce publiquement pour dire qu’il ne briguera pas de nouveau mandat et sur le calendrier électoral. Cette médiation de la dernière chance a été tentée par l’Eglise catholique congolaise et aucun des deux camps ne voulaient être perçus comme celui qui refuserait cette ultime négociation. Leurs positions semblent encore très divergentes sachant qu’après le 19 décembre, Etienne Tshisekedi considère que le président Kabila n’a plus aucune légitimité légale. A moins d’une surprise de dernière minute, les probabilités sont très minces pour que cette médiation aboutisse.
– Afrikarabia : Craignez-vous de violents affrontements dans la rue après la date du 19 décembre ?
– Thierry Vircoulon : Plusieurs scénarios sont possibles. Le premier est un soulèvement populaire à Kinshasa seulement. Le second est un verrouillage sécuritaire qui empêche toute manifestation à Kinshasa mais avec une forte mobilisation en province et notamment dans les Kasaï comme on l’a vu récemment à Tshikapa ou Kananga. La troisième hypothèse est que les deux se passent en même temps, avec à la fois des mouvements de révolte plus ou moins coordonnées à Kinshasa et en province. Quatrième scénario qu’il ne faut pas négliger, c’est que finalement il ne se passe rien, compte tenu de l’emprise du contrôle sécuritaire.
– Afrikarabia : L’appareil sécuritaire congolais est-il toujours fidèle au président Kabila ?
– Thierry Vircoulon : On a vu que pendant les différentes confrontations du mois de septembre, il y avait des unités qui avaient été sanctuarisées par le pouvoir. Ce sont ces mêmes unités qui seront utilisées pour la répression parce qu’elles sont composées de personnes dont la loyauté au pouvoir ne fait aucun doute. Mais attention, la majorité de la police, mais aussi de l’armée, n’est pas dans une stratégie de loyauté aveugle. Une des questions qui se posera sur la gestion sécuritaire de l’après 19 décembre sera le paiement des hommes de ces services pour qu’il reste loyaux. Il ne faut pas oublier que cette crise électorale se déroule sur fond de grave crise économique et budgétaire en RDC.
– Afrikarabia : Si Joseph Kabila peut compter sur son système sécuritaire, peut-il également compter sur ses pays voisins ?
– Thierry Vircoulon : Comme cela a déjà été le cas dans le passé, Joseph Kabila pourrait obtenir un coup de main de l’Angola, notamment s’il y a un soulèvement à Kinshasa, parce que les troupes angolaises ne sont pas très loin. Il semble qu’à Luanda, comme à Brazzaville, on est assez inquiets de la situation en RDC. Ces deux pays fermeront sans doute leurs frontières préventivement avant le 20 décembre. Est-ce que ces régimes iront jusqu’à soutenir militairement Joseph Kabila en cas de soulèvement ? La question reste posée. En tout cas, il est clair que ces deux voisins préfèreraient trouver un arrangement pour prolonger le président Kabila au pouvoir.
– Afrikarabia : Après le 19 décembre, la RDC va obligatoirement entrer dans une phase de transition. Que doit-on attendre de cette période transitoire ?
– Thierry Vircoulon : Il y a deux hypothèses. Soit il y a un accord avec le Rassemblement d’Etienne Tshisekedi et dans ce cas nous aurons affaire à une transition classique avec un partage du pouvoir entre le président Kabila et l’opposition. Soit il n’y a pas d’accord et on rentre dans une période de tension et d’incertitude très importante avec une année 2017 qui sera l’année de tous les dangers. Sans accord avec le Rassemblement, le nouveau gouvernement de Samy Badibanga va se retrouver dans une situation très inconfortable. D’une part, la population ne reconnaitra pas la légitimité de cette transition, et d’autre part les occidentaux garderont leurs distances vis à vis de ce gouvernement. Cela fera une grande différence avec la transition congolaise précédente où il y avait un soutien international extrêmement fort. Après le 19 décembre, on rentrera dans une transition complètement différente. Cette transition ne sera validée que par l’Union africaine mais pas par les occidentaux. Ce qui créer une division claire au sein de la communauté internationale.
– Afrikarabia : Dans votre dernière étude publiée à l’Institut français des relations internationales (IFRI) avec Mathilde Tarif, vous comparez les transitions politiques au Mali, en Centrafrique et en Somalie. Quelle serait une transition réussie en RDC ?
Thierry Vircoulon : Ce serait une transition qui naîtrait d’un accord politique entre le pouvoir et le Rassemblement d’Etienne Tshisekedi et qui serait donc légitimée par l’opposition et dont l’objectif serait d’organiser les élections le plus tôt possible. C’est cela une transition réussie : un consensus de la classe politique congolaise autour de l’organisation rapide des élections.
Propos recueillis par Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Assez simpliste comme analyse Description des scénarios primaires possibles englobant beaucoup de probalites contradictoires permettant à l analyste de ne pas s être tromper . Cependant il en oublie beaucoup comme par exemple La possibilité de voir naître après le 20 décembre, En janvier mars ou autre un ou des mouvements insurrectionnels en province etc….( ce que nous ne souhaitons vraiment plus pour ce pays mais qui reste malheureusement une hypothèse à prendre sérieusement en compte)
Deplus contrairement à l’analyse je ne pense pas qu’en cas de soulèvement populaire que l’Angola ou le Congo brazza fassent intervenir leurs troupes pour « mater »le peuple RD congolais Cela serait totalement improductif pour eux qui se trouvent également à la croisée des chemins chez eux politiquement parlant ET ne voudront surement pas devenir des ennemis jurés du peuple congolais
D autant que l intervention angolaise que ce soit En 96 Ou En 98 n était pas motivée par UN quelconque soutient à une Personne ( rebelle en 96 , President En 98) mais a été motivée par le fait de l implication d autres pays Dans La guerre AU Congo
En 96 Mobutu étant l allié de Savimbi ET ne voulant pas laisser le champ opératoire aux seuls Rwandais ET Ougandais , l Angola s’est impliqué pour y garder une main ET En 98 ayant été mis à l écart par les Rwandais ET Ougandais l Angola s’est également ré impliqué au près du pouvoir RD congolais toujours pour garder une main AU CONGO
L Angola ne s’est jamais impliqué contre le PEUPLE Congolais !!!!
Essayons de faire des analyses constructives et de ne pas mettre de l huile sur le feu en imaginant des scénarios fous qui compliquerons encore plus le problème en créant sans raisons aucune des inimités entre les peuples frères D Angola ET du Congo brazza avec le peuple rd congolais
Les inimités avec les peuples frères du Rwanda et de l’Ouganda avec le peuple rd congolais sont deja si profond (malheureusement) qu ils ne sert à rien d’en ajouter d’autres
Je limite à ceci mon commentaire car l’analyse de la situation ainsi que les scénarios sont bien plus multiples que ne l est l analyse de Mr Vircoulon
ET n oublions pas que La RD Congo de 2016 n est plus celle de 91 Ou 97 ET que la RD Congo appartient non pas à 2 Ou 3 individus mais a tout UN peuple de plus de 80 million D âmes qui en 20 ans s’est beaucoup émancipé avec une jeunesse très dynamique .
la constitution a réglé le sort du Président.Incapable d’organiser les élections ,les autres congolais de bonne foui vont se mettre en p^lace pour conduire le pays par la voix de salut pour faire ce que KABILA n’a pas fait en 15 ans .Après le 19 dsecembre on ne doit p^lus parler de KABILA il appartient au passé sauf si iol veut la guerre au CONGO mais pour quelle raison?Iol a fini son mandat et basta .
La radicalisation est réelle de part et d’autre; la confrontation n’est plus à éviter. Le monde civilisé doit pro agir en faveur de l’opinion publique.
l’hypothèse la plus sur et crédible c’est qu’ il y « aura un accord avec le Rassemblement d’Etienne Tshisekedi et nous aurons affaire à une transition classique avec un partage du pouvoir entre le président Kabila et l’opposition.
Jusqu’à cet instant les 2 camps n’arrivent pas à faire des concession !
D’une part la majorité présidentielle qui persiste et signe que « KABILA doit rester au pouvoir jusqu’au prochain scrutin (2018) et d’autre part le rassemblement qui s’appuie sur la constitution empêchant au président sortant d’imaginer un quelconque scénario (glissement, …) qui lui donnerait la possibilité de briguer un 3ème mandat »
C’est cette dernière thèse va dans le sens de la volonté populaire. Dans le tête des congolais, il faut qu’il y ait alternance, qui sera l’élément déclencheur de beaucoup de facteurs dans l’amélioration de la vie des R.D.Congolais ! Un groupe d’individus qui se croient tout permis et au dessus de tout ON N’EN VEUT PLUS ! Plus jamais. Le pouvoir en place l’a compris c’est pourquoi l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunication (ARPTC) a intimé l’ordre aux opérateurs œuvrant dans le secteur des TELECOMS de suspendre à partir du 18 décembre 2016 à 23h00′ l’accès à tous les réseaux (échange d’images, vidéos, la voix) jusqu’à nouvel ordre. Il est claire que cette paralysie n’augure rien de bon dans les jour avenirs.
Dans le fond, selon moi il n’existe que deux scenarii principaux possibles : d’un côté, un accord consensuel entre la Majorité au pouvoir et l’Opposition autour du Rassemblement et des autres qui ont désapprouvé le dialogue de la Cité de l’Oua pour gérer une transition relativement pacifique et de l’autre côté un non-accord amenant un « passage en force » du pouvoir, lourd de tous les risques !
Notons en passant que le plus inquiétant est ici ce « mal Congolais » d’un blocage souvent plus artificiel que réel autour du (non)respect de la Constitution que représentent le sort de ‘JK’ en fin de mandat et la nature de la transition après le 19 décembre rendue nécessaire par l’impéritie du pouvoir : sa solution est pourtant relativement facile si les uns et les autres se montrent assez réalistes en faisant chacun des concessions à l’aune de l’intérêt général du pays, d’un avenir démocratique et pacifique profitable à tous !
L’éventualité d’un accord consensuel en fait voulu par une majorité dedans et dehors est à mon avis plausible non pas tant parce que la Cenco y travaille par sa médiation mais surtout parce que les forces aujourd’hui divergentes ont chacune intérêt (prosaïque) à cette issue…
Notre malheur, selon moi, est que malgré cela, les « politiciens » Congolais ne vont jamais assez vite à l’essentiel, les palabres risquent de traînailler dangereusement jusqu’au-delà du 19 décembre !
La potentialité d’instabilité violente persistera si l’accord n’a pas lieu et aura comme supports autant les forces politiques et sociales de l’opposition et la population qui réagira ou pas, de façon décisive ou pas, que le degré et la nature de la réaction du pouvoir…
Dans ce sens les éventuels gains des uns et des autres avec ce scénario ne seront que provisoires et tôt ou tard, ces uns et ces autres seront obligés de revenir à la table de négociations malheureusement peut-être après des victimes et des dégâts…
Dans tout cela notre problème de fond reste la « légalité et la légitimité » des gouvernants, qu’il s’agisse du pouvoir en place, ceux passés et peut-être à venir : cet écueil majeur est la source de près et de loin de nos conflits violents passés et risque de faire le lit des instabilités à venir tant aucune des mesures passées ne semble l’avoir résolu ! Comment le régler demain ?
On peut se poser ici la question de savoir si les Congolais laissés seuls sans ingérence de la CI occidentale et des voisins (selon moi le Rwanda, l’Ouganda, l’Afrique du Sud et l’Angola ambivalent plus tôt que le Congo/Brazza) et les « frères continentaux » aussi toxiques ne résoudraient pas mieux leurs problèmes internes ? Hélas la mondialisation et la régionalisation du « problème Congolais » semblent un mal incontournable, alors devrions-nous ou arriverions-nous à apprivoiser cet environnement mondialisé dans le sens de l’intérêt bien compté du peuple Congolais ? Le moins qu’on puisse dire est qu’on est encore loin de ces bonnes solutions et le Congo risque d’être encore longtemps le grand malade de l’Afrique subsaharienne à côté de la Somalie et du Sud-Soudan…
Pauvre cher pays !