Le procès du chef de guerre Bosco Ntaganda doit s’ouvrir le 2 septembre 2015 devant la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes de guerre commis en République démocratique du Congo (RDC). Un procès très attendu pour la lutte contre l’impunité, alors que d’autres criminels courent toujours.
Les attentes sont fortes avant l’ouverture du procès de Bosco Ntaganda à La Haye mardi 2 septembre. D’abord pour les victimes qui demandent la reconnaissance des crimes et ensuite pour la justice internationale qui joue sa légitimité en mettant fin à 7 ans d’impunité du chef de guerre Bosco Ntaganda. L’ex-rebelle comparaît devant la CPI pour 13 chefs d’accusation de crimes de guerre et 5 de crimes contre l’humanité sur des allégations de meurtre, viol et esclavage sexuel, recrutement et utilisation d’enfants soldats, et pillage, commis en Ituri, en RDC entre 2002 et 2003.
Espoir de justice pour les victimes.
Le procès de Bosco Ntaganda à La Haye est emblématique des 20 années de conflits qui ont secoué et secouent encore la République démocratique du Congo (RDC). Surnommé « Terminator », Ntaganda a été commandant au sein de divers groupes armés. Combattant Rwandais de l’APR au milieu des années 1990, il a participé à toutes les rébellions sous influence rwandaises qui ont sévit au Congo : RCD, CNDP, M23 et a même été intégré au sein de l’armée congolaise avec le grade de général entre 2009 et 2012. Un peu plus de 1.000 victimes participeront au procès. Pour André Kito Masimango, le coordinateur de la Coalition nationale en RDC pour la CPI, « ce procès est attendu depuis longtemps par les victimes et fournit non seulement de l’espoir pour la justice, mais une opportunité pour passer à autre chose ».
Fin de l’impunité ?
Mais le plus grand défi à relever pour la CPI est celui de sa crédibilité. « Bosco Ntaganda a échappé à un mandat d’arrêt de la CPI pendant sept ans, tandis que ses forces armées continuaient de perpétrer des exactions épouvantables », selon Géraldine Mattioli-Zeltner, directrice de plaidoyer à Human Rights Watch (HRW). « Le procès de Ntaganda montre que la justice finira par rattraper les individus recherchés pour les crimes les plus graves. »
Un signal pour les autres groupes armés
L’importance de ce procès réside donc dans « le signal fort adressé aux commandants coupables de violations et toujours en activité en RDC » selon HRW. Voir Bosco Ntaganda derrière les barreaux « devrait rappeler aux autres dirigeants de groupes armés auteurs de violations qu’ils pourraient eux aussi faire l’objet de poursuites ». Pour l’ONG, ce procès est également important pour l’avenir de la CPI : « L’affaire Ntaganda pourrait par ailleurs montrer un aperçu des réformes en cours au sein du Bureau du Procureur de la CPI afin d’améliorer la qualité de ses enquêtes et poursuites ».
Une longue liste…
Mais la route est encore longue sur la voie de la justice dans le conflit en RDC. Bosco Ntaganda est la quatrième personne à être poursuivi devant la CPI pour des crimes de guerre. Un cinquième mandat d’arrêt de la CPI n’a toujours pas été exécuté, dénonce HRW. Il s’agit du général Sylvestre Mudacumura, le chef militaire des FDLR, un groupe armé rwandais majoritairement Hutu actif en RDC depuis la fin du génocide rwandais de 1994. Human Rights Watch demande aux autorités congolaises et aux forces de maintien de la paix des Nations Unies (MONUSCO), « d’arrêter de toute urgence Mudacumura et le remettre à la CPI »… et la liste est encore longue.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia