L’ancien Premier ministre de Joseph Kabila a annoncé sa candidature à la prochaine présidentielle. Un candidat singulier sur l’échiquier politique congolais, en dehors des partis, et alors que planent toujours sur lui de possibles ennuis judiciaires.

Augustin Matata Ponyo n’a jamais douté de ses compétences, de ses capacités… et de son destin. Alors pourquoi attendre ? L’ancien Premier ministre de Joseph Kabila à la cravate rouge n’a pas hésité. A 18 mois des prochaines élections générales, Matata Ponyo a décidé de se jeter dans la course présidentielle en se faisant porter candidat par son propre parti, fraîchement créé pour l’occasion, le LDG, Leadership pour le développement et la gouvernance. Sur les traces de Lumumba, Mobutu, Kabila, ou même Nelson Mandela, Augustin Matata Ponyo se prend à rêver d’un Congo fort « au centre du continent, une puissance économique au service des Congolais, des Africains et du monde ».
Ennuis judiciaires
Mais le destin national dont il rêve s’est heurté, pour l’instant, à deux imbroglios judiciaires qui lui collent toujours à la peau. Il y a d’abord l’incroyable fiasco lié à la construction du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, où plus de 280 millions de dollars ont été détournés. Il y a aussi l’affaire de l’indemnisation des 300 victimes de la « zaïrianisation », où l’ancien Premier ministre est également accusé de détournements de fonds publics. Mais jusque-là, Matata a réussi à passer entre les mailles du filet, même s’il a été assigné à résidence et qu’il ne peut pas sortir du territoire. Car, au final, après la levée de son immunité parlementaire, la Cour constitutionnelle s’est déclarée incompétente pour juger l’ancien locataire de la Primature.
Le refus de l’Union sacrée
Avec une épée de Damoclès judiciaire suspendue au dessus de la tête, et estimant que la meilleure défense étant souvent l’attaque, Matata Ponyo a décidé le 3 mai dernier de présenter sa candidature à la magistrature suprême. Le nouveau candidat a bien compris qu’il valait mieux dégainer le premier. Dans son entourage, on accuse en effet le camp présidentiel de vouloir réactiver la machine judiciaire pour le mettre politiquement hors-jeu. Devant ses partisans de fraîche date, Matata a dénoncé un acharnement du pouvoir. « Vous avez compris que toutes les tracasseries judiciaires dont je suis l’objet pendant près d’une année ne sont pas fondées. Ce sont des poursuites plutôt politiques engagées pour me contraindre d’entrer dans l’Union sacrée et limiter mes droits électoraux ».
Ni FCC, ni Union sacrée
Matata Ponyo est la deuxième personnalité politique à se déclarer officiellement candidat pour la présidentielle de 2023. Le président Tshisekedi avait annoncé vouloir briguer un second mandat en juin 2021. Si on peut supposer que Martin Fayulu ou Moïse Katumbi seront bientôt sur les rangs, la candidature de Matata Ponyo est singulière sur l’échiquier politique congolais. L’ancien Premier ministre n’est plus au PPRD, ni au FCC de Joseph Kabila, même s’il maintient toujours le contact avec l’ancien président, et il refuse également d’entrer dans l’Union sacrée de Félix Tshisekedi. Entre deux eaux, Matata espère plutôt fédérer les déçus du kabilisme après les élections ratées de 2018 et le fiasco Ramazani Shadary, dont il aurait bien voulu prendre la place. Le maigre bilan de Félix Tshisekedi, qui peine à tenir ses promesses, pourrait également laisser la place à une « troisième voie » que pourrait incarner l’ancien Premier ministre au profil d’économiste « techno ».
Retour aux années Kabila
Seulement voilà, le « sérieux techno » de Matata Ponyo lors de sa nomination à la Primature en 2012 a rapidement cédé la place à celui que certains de ses détracteurs ont fini par appeler « Matata Pognon ». Avant la Primature, le futur Premier ministre avait dirigé pendant une décennie le fameux Bureau central de coordination (BCCO), un organisme controversé qui gérait les financements extérieurs consentis au gouvernement, « une sorte de caisse noire » selon les opposants de Joseph Kabila à l’époque. Augustin Matata Ponyo a toujours récusé les soupçons de détournements et a vanté ses actions à la tête de l’exécutif : stabilité macro-économique, maîtrise de l’inflation. Mais les années Kabila-Matata n’ont pas laissé que des bons souvenirs : éducation, santé, infrastructures, insécurité, répression, corruption… Le Congo n’a pas vraiment décollé. Mais dans le camp Kabila, il n’y a, pour l’instant, toujours pas de successeur pour prendre la relève. Matata Ponyo voudrait visiblement bien être celui-là. En tout cas, il est le premier à se déclarer.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Plus que nouveau dauphin du kabilisme, Matata représente des atouts évidents pour 2023. Bien sûr en créant son parti et en annonçant dans la foulée sa candidature, malgré ou à cause des ennuis judiciaires qui lui pendent aux fesses, Matata a été malin pour surprendre son monde, le pouvoir en place et les autres prétendants qui attendent. Il les a tous pris de court et les a obligés à compter avec sa candidature. On ne peut encore mesurer l’impact de sa candidature sur la scène politique et nationale mais elle ne manquera pas de bousculer agendas et calendriers des uns et des autres selon leurs positionnements.
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Coté pouvoir : continuera–t-on à lui jeter des peaux de bananes – pour moi,même s’il n’est pas le seul parmi nos hommes politiques à être comptable des magouilles financières, je reste d’avis que Matata devrait, aurait du répondre de la débâcle de Bukanga Lonzo – mais le pouvoir aura-t-il la main plus ferme que par le passé pour l’inculper et l’écarter du jeu présidentiel ?
Côté ‘JK’/FCC même s’il en est officiellement séparé et davantage avec la création de son parti, il n’est pas impossible qu’eux aient besoin de lui comme lui ait besoin d’eux pour cheminer ensemble vers 2023, Matata deviendra ainsi un dauphin et un allié à ‘JK’/FCC…
Face aux autres prétendants lesquels soient-ils, et face à tous, Matata possède un autre atout essentiel, ses capacités intellectuelles et son passé politique et technocratique au haut niveau qui vont inquiéter surtout si des éventuels problèmes de financement sont résolus et s’il y rentre aussi un parti-pris régionaliste.
Bref, ça risque de tanguer avec la présence inattendue de Matata à ce niveau. Le kabilisme de ses premières années a déçu et le bilan de l’actuel PR est plutôt maigre, la population attend autre chose. S’il n’ya pas d’autres magouilles, Matata avec les très probables candidatures de Fayulu et de Katumbi,, sera dans le lot des attentes populaires. Attendons voir…
Le pire est à venir; le centrisme de Mata ne fonctionnera pas pour le moment. Pour la population congolaise où l’on est pour Félix ou l’on est contre lui et le parti qui représente le rejet total du fatshisme est le groupement politique FCC de Joseph Kabila, il faut donc s’attendre à un choc frontal entre les partisans de Félix et les partisans de Joseph Kabila. Félix n’a pas bien géré sa victoire face à Joseph Kabila lors du basculement de la majorité parlementaire coup des billets vert. Le bilan désastreux de Félix à la tête du pays est son pire ennemi : scandales de corruption tous les jours, tribalisme à outrance, le système social populaire tombe dans l’oubli et surtout l’insécurité dans l’est du pays d’où la peur de la balkanisation de la population qui voit Félix signer des contrats à l’avantage de nos ennemis et au détriment de notre pays fait chuter sa popularité. Un autre élément qui a contribué à la chute de popularité de Félix et cet élément s’appelle le phénomène Taliban. ; les Talibans comme on les surnomme au congo sont les partisans de Félix Tshisekedi ce sont des fanatiques aveugles, idolâtres, violents et insultants quiconque tente de critiquer le régime ; ils sont actuellement les personnes les plus détestées du congo. Le centrisme de Mata ponyo et d’autres comme Katumbi risque d’être interprété par la population comme une faiblesse ou des gens sans position. Le choc frontal aura lieu entre le groupement politique qui rejettera sèchement et clairement Félix et ceux qui le soutiendront ; chaque camp a ses forces et ses faiblesses. Le paysage politique congolais a toujours été comme ca ,cette bipolarisation à outrance, c’est toujours la raison du plus fort qui l’emporte