L’opposition congolaise a décidé d’organiser une journée ville morte pour exiger la tenue des élections fin 2016. Opération ville morte plutôt que manifestations de rue, l’opposition continue de mettre la majorité sous pression sans jouer l’affrontement.
Les principaux partis d’opposition congolaise et de la société civile ont appelé à une journée ville morte pour « dire non au troisième mandat » du président Joseph Kabila qui expire en décembre 2016. L’opposition accuse le chef de l’Etat de tout faire pour retarder le processus électoral afin de se maintenir au pouvoir au-delà du délai constitutionnel. Le 16 février sera donc décrétée ville morte à Kinshasa, mais aussi dans tout le pays. Le Front citoyen 2016 appelle à dire « non à la violation de la constitution et oui à l’organisation de l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels ». Selon Charles Mwando, porte-parole du Front, « chacun de nous est appelé à se mobiliser pour lancer un sérieux avertissement à monsieur Joseph Kabila et à tous ceux qui sont tentés par la violation de notre constitution pour rester au pouvoir à vie ».
L’église sous pression
Depuis le 16 février 1992 et la manifestation des chrétiens violemment réprimée par le régime de Mobutu, cette journée est devenue le symbole de l’opposition congolaise. Mais cette année, la marche des chrétiens devait prendre une toute signification. Devant le blocage du processus électoral, l’opposition comptait faire entendre sa voix dans la rue pour exiger la tenue de l’élection présidentielle avant la fin 2016. Mais sous pression, l’église catholique a décidé d’annuler l’organisation de la marche « par peur de récupération politique ». L’opposition soupçonne la majorité présidentielle d’avoir ordonné à l’église d’annuler la manifestation qui se serait transformée en marche anti-Kabila.
Moins dangereux que des manifestations
Devant le retrait de l’église catholique, l’opposition n’avait pas d’autre choix que de trouver une alternative à une manifestation qui aurait sans doute été interdite par les autorités congolaises. L’opération ville morte permet à l’opposition de continuer à faire pression sur la majorité en évitant d’aller à l’affrontement avec les forces de sécurité. Les dernières manifestations se sont toujours soldées par des dérapages de la police. En janvier 2015, les manifestations contre la loi électorale avaient fait une quarantaine de morts selon les ONG internationales. Le 16 février, l’opposition appelle les Congolais « à rester à la maison, à ne pas aller au travail et à ne pas envoyer les enfants à l’école ». L’opération sera sans doute moins spectaculaire que les manifestations de rue… reste à savoir si sera efficace ? Pas si sûr. Mais il s’agit pour l’instant que d’un premier round. D’autres actions doivent suivre.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia