Alors que le Premier ministre congolais est resté plusieurs jours en France, le président Kabila pourrait rencontrer Emmanuel Macron (1). Plongé en pleine crise politique, le pouvoir congolais, espère avoir l’oreille attentive du jeune président français.
L’arrivée d’un nouveau président à l’Elysée en mai dernier, offre une fenêtre de tire intéressante aux autorités congolaises en mal de soutien international. C’est du moins ce que semble penser Kinshasa qui cherche à se rapprocher de Paris alors que plusieurs caciques congolais sont visés par des sanctions internationales ciblées. L’ONU, les Etats-unis et l’Union européenne accusent le pouvoir de réprimer l’opposition aveuglement et de torpiller le processus électoral. En effet, le président Joseph Kabila, arrivé fin mandat depuis décembre 2016, ne paraît pas disposé à laisser son fauteuil et à organiser des élections… sans cesse repoussées.
Kinshasa avait déjà saisi une première occasion de s’attirer les bonnes grâces de Paris en juin dernier après la libération d’un ressortissant français enlevé dans une mine de la province du Maniema. La France avait alors dépêché au Katanga, Franck Paris, le responsable de la cellule afrique de l’Elysée et Rémi Maréchaux, le directeur Afrique et Océan indien du Quai d’Orsay. Les deux hauts fonctionnaires avaient alors pu rencontrer en toute discrétion Joseph Kabila en personne. Un signal positif pour Kinshasa qui tente actuellement de capitaliser l’opération séduction.
Kabila pourrait rattraper la visite ratée de Tshibala
Depuis le 3 septembre, le Premier ministre, issu de l’accord politique de la Saint-Sylvestre, Bruno Tshibala est à Paris. Une visite que la Primature tarde pourtant à médiatiser (visite privée ou officielle ?). Le 8 septembre, le site du Premier ministre communique enfin sur une visite « qui n’est pas de tout repos (sic) » pour le chef de l’exécutif congolais. Pourtant, renseignements pris, Bruno Tshibala n’a visiblement pas pu rencontrer de responsables de hauts rangs à Paris. Même si sur la Télévision nationale (RTNC), on expliquait que le Premier ministre avait été reçu par le président du Sénat. Mais sur les photos, c’est avec le sénateur Ladislas Poniatowski que l’on voit Bruno Tshibala et non le président de chambre haute Gérard Larcher. Rendez-vous manqué. Bruno Tshibala n’aura finalement pas réussi à porter haut et fort la voix de Kinshasa qui cherche à justifier un nouveau report de l’élection présidentielle au-delà de décembre 2017.
Il faut dire que le nouveau Premier ministre congolais est fortement contesté par le Rassemblement de l’opposition qui l’accuse d’avoir été débauché par le pouvoir afin de maintenir Joseph Kabila à son poste… et faire glisser une nouvelle fois le calendrier électoral. Kinshasa a pourtant réussi à convaincre l’Union africaine qu’un nouveau délai serait nécessaire pour organiser la présidentielle, prévue initialement en décembre prochain. Les autorités congolaises avaient expliqué que le manque de moyens et la crise sécuritaire dans les Kasaï avaient fortement retardé l’enregistrement des électeurs. Reste maintenant à convaincre les occidentaux. Pour persuader Paris de la bonne volonté congolaise à organiser les élections, à défaut de Bruno Tshibala, Kinshasa pourrait décider de jouer sa carte maîtresse : Joseph Kabila. Le président congolais doit se rendre prochainement à New-York et pourrait s’arrêter en France afin d’y rencontrer Emmanuel Macron le 12 septembre prochain (1). Du moins c’est ce que souhaiterait l’entourage de Joseph Kabila. A Paris, aucune confirmation n’a été annoncée.
Le mirage des contrats économiques
Si les autorités françaises sont bien conscientes qu’une rencontre Macron-Kabila pourrait déchaîner les critiques de l’opposition congolaise et provoquer des actions radicales des « combattants » de la diaspora, le nouveau président français semble pour l’instant disposé à dialoguer avec l’ensemble des dirigeants africains, sans s’embarrasser de leur « légitimité » démocratique. Emmanuel Macron a récemment rencontré sans sourciller Idriss Déby (pièce militaire indispensable au Sahel) ou Ismaël Omar Guelleh (dispositif central de la France dans la Corne de l’Afrique)… Deux présidents dont le mode de gouvernance bien peu démocratique n’a visiblement pas effrayé le locataire de l’Elysée.
Le président français pourrait donc être disposé à recevoir Joseph Kabila, mais à condition d’en faire le moins de publicité possible. Ce qui ne sera visiblement pas le cas de Kinshasa, trop content de prouver à la communauté internationale que le pouvoir congolais est toujours fréqnetable. Une posture qui pourrait servir Joseph Kabila, bien décidé à rester en place… avec ou sans élection. Emmanuel Macron tombera-t-il dans le piège ? L’approche africaine du nouveau président reste encore floue et l’Afrique centrale demeure un sujet marginal pour Paris. Mais Emmanuel Macron pourrait être tenté (comme Nicolas Sarkozy en son temps) de céder aux sirènes du business et par le formidable potentiel économique du pays. Des contrats dans les mines et surtout le pétrole sont actuellement sur le tapis comme le révèle Afrik.com. Mais attention, comme pour Nicolas Sarkozy en 2009, Emmanuel Macron pourrait être très déçu. Les projets de contrats de l’époque se sont vite évaporés. Joseph Kabila en a tiré un profit diplomatique… la France, elle, n’aura finalement rien obtenu.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
(1) Mise à jour du 11 septembre 2017 : Finalement, l’ouragan Irma aura eu raison de la possible rencontre Macron-Kabila. Le président français a décidé de se rendre à Saint-Martin le 12 septembre.
Il n’y a pas d’ami. Il n’y a que des intérêts. La France a toujours été l’amie des dictateurs. A la recherche des richesses pour son pays, Macron va cracher sur les martyrs de la démocratie en RDC. Les cris, les bruits, les larmes des congolais ne vont pas bousculer Macron.
J aimerais voir la demonstration de force des combattants congolais à l’arrivée de kanambe par rapport à l’artiste Heritier watta. Prouvez nous que le combattants ne font pas le combat de la haine envers les artistes.
Pingback: Kabila sort ces dernières cartes : la balkanisation par l’Est, le referendum par Denis Sassou, l’aliénation de la RD Congo par Emmanuel Macron.
Malgré l’annulation de fait ‘de dernière minute de ce possible rdv (ou qui sait reporté ou relégué dans les coulisses) de Macron obligé de se rendre aux Antilles, il n’en demeure pas moins que la problématique reste sûrement d’actualité…
La question est alors de savoir si le nouveau maître de l’Elysée tout à sa volonté (son obsession légitime) de marquer son entrée en politique internationale et pourquoi pas en innovant en matière de politique africaine, ne va-t-il pas en faire trop (en se trouvant de nouveaux obligés) en même temps qu’il veuille donner à son pays de nouveaux leviers économiques en provenance de l’Afrique…
Elle se résumerait ainsi : son intérêt personnel (de politique intérieure et de géopolitique internationale) couplé aux indispensables intérêts économiques de la France que celui-ci veut promouvoir particulièrement en son pré-carré qu’est une bonne partie du continent africain, vont-ils devenir ou pas solubles dans sa cause logique à défendre la démocratie au Congo et en Afrique (où des potentats trônent impunément au dépens de leur population) ?
Ces intérêts (personnel et nationaux) ne vont -ils pas ainsi l’’obliger’ à « coopérer » avec ‘JK’ quoi qu’il représente pour sa population, comme quelque blanc-seing à ses ambitions ouvertement anti-démocratiques ou vont-ils malgré tout ne pas l’empêcher de prêcher la bonne cause (démocratique) auprès de ‘JK’ et pourquoi pas lui conseiller d’abandonner en douce le pouvoir conformément à la loi de son pays ?
Pour avoir des réponses claires, attendons peut-être la suite qui nous en dira plus !
Kabila doit savoir que les occidentaux ne veulent plus de lui, c.à.d; ne l’aiment plus. Qu’il ferme ses bagages pour quitter calmement la présidence. A bon entendeur salut ! faute de se faire, il sera chassé comme un chient. Que celui qui a des oreilles, attende. Merci.
Le peuple congolais n’a pas besoin de Macron ou qui que ce soit pour chasser Kabila, chasser la kabilie avec des congolais eux-mêmes serait mieux, aulieu d’espérer des soutiens des blancs qui veulent protèger leurs intérêts
si il faut qu’un chef de l’Etat soit aimé par les occidentaux, là alors nous sommes dans la merde.les occidentaux n’aiment et n’aimeront jamais le peuple congolais, (africain), ni leurs chefs d’Etat. ils aiment ce qu’ils y gagnent.
l’auteur du présent article le signifie bien, je cite « Des contrats dans les mines et surtout le pétrole sont actuellement sur le tapis. Mais attention, comme pour Nicolas Sarkozy en 2009, Emmanuel Macron pourrait être très déçu. Les projets de contrats de l’époque se sont vite évaporés. Joseph Kabila en a tiré un profit diplomatique… la France, elle, n’aura finalement rien obtenu. » Preuve que tout se joue autour de ceci. Si Macron a des garanties quant à ce, ce que vous appelez « amour »est d’office consolidé.
Notre bien aimé Kadhaffi a perdu sa vie, non pas pour la démocratie ou pour les fameux droits de l’Homme, moins encore pour l’amour du peuple libyen, mais c’était pour le business
Les courriers électroniques récemment publiés d’Hillary Clinton confirment que c’était moins pour protéger les gens d’un dictateur que pour des raisons économiques et financières, pour le secteur bancaire, le pétrole et surtout pour empêcher la souveraineté économique africaine.
Un des e-mail d’Hillary Clinton, datant du 2 avril 2011, révèle que
« Le gouvernement de Kadhafi détient 143 tonnes d’or et une quantité semblable d’argent…. Cet or a été accumulé avant la rébellion actuelle et était destiné à être utilisé pour établir une monnaie panafricaine basée sur le dinar or libyen. Ce plan a été conçu pour proposer aux pays d’Afrique francophone une alternative au Franc CFA. »
Des officiers du renseignement français ont découvert que ceci a été l’un des facteurs qui a influencé la décision de Nicolas Sarkozy d’engager la France dans une attaque contre la Libye…
Et les congolais croient encore que les occidentaux vont donner du pouvoir à kabila, à mukwege, katumbi, lumbi ou à kamitatu pour leur bien être.