En portant plainte pour corruption contre des figures de sa majorité, le président Joseph Kabila semble vouloir faire le ménage dans son propre camp avant la bataille présidentielle de 2016.

Le retour à Lubumbashi en décembre 2014 du gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, a été perçu comme « l’ouverture des hostilités » par Joseph Kabila © DR
Joseph Kabila a déposé plainte à l’encontre de caciques de son propre camp, alors que l’incertitude plane toujours sur la candidature du président congolais à sa propre succession, que lui interdit pourtant la Constitution. Un « nettoyage préventif » alors que Joseph Kabila ne s’est toujours pas exprimé sur ses intentions pour 2016. La plainte porte sur des accusations graves de « blanchiment d’argent, transfert frauduleux de fonds, fraude douanière ou encore détournement de deniers publics et corruption ».
La cible Katumbi
Dans le viseur de Joseph Kabila et de la justice congolaise : le gouverneur du Sud-Kivu et ancien conseiller à la présidence, Marcellin Cishambo, un ancien dircab du président lui-même, Gustave Beya Siku ou encore l’actuel gouverneur du Kasaï occidental, Alex Kande. Mais le plus gros poisson de cette « chasse aux sorcières » s’appelle Moïse Katumbi, le très populaire gouverneur de la riche province du Katanga. Le tonitruant président du célèbre club de foot, le Tout Puissant Mazembe, et membre du parti présidentiel (PPRD), s’est en effet récemment glissé dans le costume de « l’opposant le plus sérieux à Joseph Kabila », avec des ambitions présidentielles de plus en plus affirmées. Jusque là, le gouverneur du Katanga était plutôt à classer dans le camp pro-Kabila, même si Katumbi avait déjà fait entendre son désaccord au sujet d’une possible modification de la Constitution pour permettre à Joseph Kabila de se représenter en 2016.
Katumbi déjà blanchi en 2010
Fin décembre 2014, sur la place centrale de Lubumbashi, Moïse Katumbi est allé beaucoup plus loin… et peut-être trop loin. Dans une métaphore footballistique très claire pour les Katangais qui l’écoutaient, il avait déclaré publiquement son hostilité à un troisième mandat du président Kabila. Un discours qui sonnait comme une déclaration guerre au camp présidentiel – voir notre article. Si le dialogue avait semblé se renouer ses dernières semaines entre Kabila et Katumbi, la réponse du président congolais est cinglante : le président congolais porte plainte contre le gouverneur du Katanga pour « fraude douanière ». Mais ce n’est pas la première fois que Katumbi est malmené par le pouvoir de Kinshasa. En 2010, il avait déjà été accusé de « blanchiment et d’achat d’arme », mais Katumbi s’en était sorti avec un non-lieu.
Drôle de timing
Pour le moment la plainte du président Kabila n’est pas encore arrivée à leurs destinataires. Moïse Katumbi et Marcellin Cishambo affirment ne pas être en possession du fameux document. La plainte ira-t-elle à son terme ? Certains prédisent un simple « coup de pression » du président à l’encontre de possibles concurrents à la présidentielle ou contre des alliés un peu trop « indépendants ». Mais la ficelle est un peu grosse pour un bon nombre d’ONG des droits de l’homme congolaises. Pour L’Institut de Recherche en Droits Humains (IRDH), le timing de la plainte présidentielle est étrange. Pourquoi maintenant ? Et pourquoi seulement ces personnes ? L’ONG craint que cette plainte « ne soit perçue comme une stratégie tendant à utiliser le pouvoir judiciaire, afin d’éliminer les adversaires politiques ». Si la corruption est bien un fléau « endémique », « systémique », « institutionnalisé » et « généralisé », selon l’IRDH, la date de la plainte, à quelques jours du découpage des provinces (dont le Katanga de Katumbi) et en pleine tension politique pré-électorale, est sujette à interrogations.
Eliminer les « gêneurs » pour 2016
Car, que semble nous dire cette offensive judiciaire du chef de l’Etat ? Non pas que la RDC lutte efficacement contre la corruption, le pays est toujours en queue de peloton (154e) dans la triste liste des Etats les plus corrompus. Mais que Joseph Kabila : soit à encore l’intention de se présenter en 2016, soit cherche à imposer sont propre candidat à sa succession, en éliminant quelques « gêneurs », au premier rang duquel figure Moïse Katumbi.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Qu’il fasse ce que bon lui semble. A chaque chose, il ya toujours un début et une fin.
On gère mieux lorsque vous êtes choisi et que la majorité de gens ont porté leur choix sur vous et non le contraire. Faites du bien et cela vous sera rendu Messieurs les Dirigeants
Merci
Ceux qui ont gene le monde depuis le debut ont ete deja morts, les grandes tetes de ce monde. Tout est vanite. Regner, tuer, torturer, voler, detourner, etc a un debut et une fin. Si on vous laisse gerer ce pays eternellement, un jour vous partirai
Monsieur Kabila, sujet ruandais, dirige notre RDC par défit. Quant bien même celà, nous lui demandons de laisser le pouvoir en 2016.
Nous pensons que Kabila cherche a se credibiliser aupres de l’opinion qui ne l’aime pas.Une chose qui est vraie que en voulant faire le prces de son Regime, c’est lui-meme qui perdra et c’est le peuple qui gagnera dans cette affaire.Comment tous ces Messieurs on trouve beaucoup d’argent , n’est-ce pas sur le dos du peuple congolais. L’UDPS encourage cette initiative et demande a la justice d’aller jusqu’au bout et elle se portera partie civile dans cette affaire.Merci