Les forces de sécurité congolaises ont raccompagné « manu militari » Etienne Tshisekedi à son domicile, de retour d’Afrique du Sud. La police a violemment empêché ses partisans de manifester. L’UDPS dénonce les arrestations de certains de ces membres et le placement en « résidence surveillée » de son président.
Le scénario est désormais connu à Kinshasa. Chaque atterrissage de l’opposant congolais Etienne Tshisekedi à l’aéroport international de N’Djili se transforme en grande manifestation populaire. Mais comme en 2011, lors de l’élection présidentielle, la police congolaise a empêché dans la violence tout rassemblement en bouclant les abords de l’aéroport. De retour d’Afrique du Sud pour sa première sortie à l’étranger depuis sa défaite à l’élection présidentielle, Etienne Tshisekedi rentrait ce dimanche à Kinshasa. Un comité d’accueil avait été prévu par son parti, l’UDPS, le long du boulevard Lumumba et un meeting avait également été annoncé place du Cinquantenaire dans la capitale.
Interdiction de manifester
Plusieurs heures avant l’arrivée d’Etienne Tshisekedi à N’Djili, la police congolaise, assistée par la Garde présidentielle, ont bloqué tous les accès à la zone. La foule, importante, venue accueillir l’opposant congolais a été violemment dispersée au moyen de gaz lacrymogène, notamment au niveau du pont de Matete. Des partisans d’Etienne Tshisekedi, présents sur les lieux, ont signalé des actes de violences policières sur des journalistes et des membres de l’UDPS. La délégation de la MPP (Majorité présidentielle populaire), qui rassemble les partis alliés à Etienne Tshisekedi, n’a pas pu accéder à l’aéroport. Son président, Diomi Ndongala, un proche de l’opposant congolais est resté bloqué par la Garde présidentielle sur le parking de N’Djili.
« Protéger » Tshisekedi ?
A sa sortie de l’aéroport, Etienne Tshisekedi a été immédiatement « pris en charge » par la police. Un photographe de l’AFP affirme qu’un policier « a pris d’autorité le volant de la voiture de Tshisekedi » pour le raccompagner, sous bonne escorte, à son domicile dans le quartier de Limete. Pour l’UDPS, ces événements sont « symptomatiques » du traitement réservé aux opposants politiques en RDC. Selon ce parti, son leader n’est plus libre de ses mouvements depuis les élections de novembre 2011 et affirme qu’il se trouve en « résidence surveillée« . Les autorités congolaises disent vouloir « protéger » Etienne Tshisekedi. L’opposition s’est toujours étonnée de cet argument : « de quelle menace ?« .
Arrestations arbitraires
Selon l’UDPS, le retour de leur président à Kinshasa s’est soldé par « des arrestations arbitraires et des violences policières inacceptables« . Des cadres de l’UDPS auraient été arrêtés, comme Freddy Pindi, le président de la ligue des jeunes du parti et membre de la MPP. Un autre membre de la MPP, M. Onedikonda, aurait également été arrêté. Les autorité congolaises ont affirmé que les personnes arrêtées avaient été « interpellée pour avoir obstrué la chaussée » et qu’elles seront libérées.
Dans la soirée, les responsables politiques de l’UDPS, de la DC (Démocratie chrétienne) et de la MPP s’estimaient « séquestrés » dans la résidence d’Etienne Tshisekedi, en « état de siège », « encerclée par les forces de sécurité » avenue Pétunias. Vers 21h ce dimanche, le site internet de la DC, le parti politique de Diomi Ndongala, affirmait qu’au moins deux congolais auraient été tués par la police, qui aurait tiré « à balles réelles sur la population au niveau de la 12ème rue Limete ». L’information n’a pas été confirmée par Kinshasa.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
MISE A JOUR : Freddy Pindi et M. Onedikonda ont été libérés lundi 11 mars 2013, ainsi que 17 autres membres de la MPP.
Photo : La police empêchant les manifestants d’approcher l’aéroport de Kinshasa – Dimanche 10 mars 2013 © DR