Depuis samedi, les rebelles du M23 se sont retirés de la ville de Goma, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). La rébellion exige des négociations avec le président Joseph Kabila sous 24 heures et menacent de s’emparer à nouveau de Goma.
11 jours après la chute de Goma, les rebelles du M23 ont accepté de quitter la capitale provinciale du Nord-Kivu, après une forte pression internationale. L’ONU, les Etats-Unis et tous les chefs d’Etats de la région des Grands Lacs n’auront pas été de trop pour forcer la rébellion à reculer. Il faut dire que depuis 8 mois, l’avantage militaire du M23 sur l’armée régulière ne s’est jamais démenti. Même les casques bleus de la Monusco se sont effacés devant l’offensive rebelle.
En acceptant de se retirer de Goma, le M23 réalise une bonne opération politique en décidant de satisfaire les exigences de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (CIRGL). La balle est désormais dans le camp du président Joseph Kabila. Le M23 accentue même la pression, ce dimanche, en demandant des négociations sous 24 heures et en menaçant de reprendre la ville « si des attaques survenaient contre les civils« .
La situation militaire ayant toujours été dans les mains des rebelles, on ne voit pas comment Joseph Kabila peut échapper à l’humiliante séance de négociation avec le M23. Le président congolais avait toujours promis de ne jamais se retrouver autour d’une table avec des « terroristes« . Il sera donc dans l’obligation d’amorcer le processus, quitte à l’interrompre aux premiers désaccords (et ils sont nombreux). Preuve du peu d’enthousiasme du gouvernement congolais à négocier, la sortie du ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, qui affirmait que les autorités congolaises « avaient respecté tous ses engagements » dans les fameux accords du 23 mars que souhaitent voir appliquer pleinement les rebelles. L’arrivée d’un nouveau chef d’Etat-major de l’armée de terre, François Olenga, pourrait également laisser croire que le président Kabila n’a pas tout à fait tiré un trait sur l’option militaire pour se sortir du bourbier des Kivus. Là encore, ce choix paraîtrait hasardeux, tant l’avantage militaire du M23 est patent.
Dans ce climat de méfiance mutuelle, le repli des rebelles de Goma est donc stratégique : il permet de prouver une certaine bonne volonté. Mais sur le terrain militaire, le M23 est prêt à réinvestir la ville à tout moment. Certains hommes de la rébellion seraient restés à Goma, selon des sources locales. Et ce ne sont pas les 300 à 450 nouveaux policiers congolais, fraîchement débarqués de Bukavu, qui pourraient stopper une nouvelle offensive rebelle. Le M23 a d’ailleurs prévenu : si lundi à 14h00, les négociations ne sont pas lancées, ils reprendront la route de Goma… et pourquoi pas plus loin, de Bukavu… ou même Kinshasa.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia