La visite officielle de Félix Tshisekedi en Belgique s’est poursuivie ce mercredi soir par une rencontre avec la diaspora pour la persuader de revenir au Congo, et de l’aider à accomplir son programme de changement.
Séduire et convaincre, telle était la mission de Félix Tshisekedi devant la diaspora congolaise ce mercredi soir. 4.000 Congolais s’étaient pressés au palais 12 du Heysel de Bruxelles pour entendre le nouveau président. Un public bienveillant et déjà acquis, venu soutenir le programme de changement de Félix Tshisekedi. Une ferveur qui contrastait avec les manifestations des « Combattants » de la diaspora, qui, dans la journée, ont affiché leur hostilité au nouveau pouvoir. Des Congolais qui regrettaient que la Belgique « déroule le tapis rouge pour un usurpateur », en référence aux élections contestées de décembre 2018 et à l’accord de partage du pouvoir passé entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila. Une alliance contre-nature dénoncée par les anti-Tshisekedi, qui accusent toujours Joseph Kabila d’être « un criminel ».
Combattre « les anti-valeurs »
Au Heysel, Félix Tshisekedi n’a pas ménagé ses efforts pour rassurer les convaincus, dans la salle, et tenter de convaincre les autres de sa volonté de tourner la page Kabila et de ramener la bonne gouvernance en République démocratique du Congo (RDC). Le président Tshisekedi a déroulé son programme de changement « pour l’épanouissement du Congolais ». A la façon de Joseph Kabila et de ses fameux « 5 chantiers », Tshisekedi veut mettre l’accent sur le retour à la paix, à l’Etat de droit et annonce vouloir combattre les « anti-valeurs », entendre lutter contre la corruption. L’accès à l’eau, l’électricité, à la santé et à l’éducation font parties des priorités du président congolais. « Avant la fin de mon mandat, je veux voir les premiers boursiers, titulaires d’une bourse de l’Etat congolais ».
« N’oubliez pas de rentrer dans votre pays »
Félix Tshisekedi a déclaré vouloir remettre de l’ordre dans le secteur des mines, principale ressource financière de l’Etat, et compte sortir le pays du « tout minier » et de cette économie de rente, notamment en valorisant l’agriculture. Sur le mode de gouvernance, le nouveau président ne veut pas d’une justice « faite par le président de la République ou la présidence », en référence à l’affaire de la disparition des 15 millions de dollars. « Je ne suis pas un dictateur et je ne veux pas qu’on fasse de moi un dictateur » a martelé Félix Tshisekedi. Mais le principal message adressé à la diaspora congolaise, toujours très puissante en Belgique et en Europe, est celui du retour au pays.
Le président a besoin des compétences et de l’aide financière des Congolais de l’étranger pour investir en RDC. « Peu importe le temps (…), il y aura toujours une place pour vous » a scandé Félix Tshisekedi sous les cris de la foule. « Prenez votre temps, mais n’oubliez pas de rentrer dans votre pays ». Et comme pour convaincre une dernière fois la diaspora, il a prévenu ne pas être « un homme à promettre en vain. Je vais le réaliser. Je vais remettre aux congolais leur droit de vivre dans un pays unifié et pacifié »… avant lancer le célèbre slogan d’Etienne Tshisekedi, « le peuple d’abord ». « Félix sait qu’il a besoin de nous pour réussir et déboulonner le système Kabila », nous confie un Congolais qui a assisté au meeting du président à Bruxelles. « Ce sont des bonnes paroles … maintenant, on attend les actes ».
Christophe RIGAUD – Afrikarabia