La nouvelle équipe gouvernementale dévoilée ce lundi laisse apparaître un exécutif largement renouvelé et à l’équilibre politique millimétré. Mais pour réussir sa mission, le Premier ministre devra manœuvrer une majorité à géométrie variable avec des caisses de l’Etat désespérément vides.
Deux mois auront été nécessaires au nouveau Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde pour dévoiler son équipe gouvernementale. Il faut dire que les tractations ont été laborieuses pour établir la liste des 56 nouveaux ministres tant les contraintes étaient grandes. Il fallait d’abord répartir les postes en fonction du poids politique des membres de l’Union sacrée, la nouvelle majorité présidentielle. Une coalition pléthorique composée de 24 groupements politiques. Pari d’autant plus difficile que le président souhaitait une équipe resserrée. Il fallait ensuite trouver les noms qui fassent consensus avec une proportion non-négligeable de femmes. Et enfin, Félix Tshisekedi souhaitait un exécutif renouvelé, avec de nouvelles figures, à l’image de son jeune Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde.
80% de nouvelles têtes
Finalement, pour le gouvernement resserré il faudra repasser. Le nouvel exécutif congolais compte 57 membres, Premier ministre compris. C’est un peu moins que celui de son prédécesseur, Sylvestre Ilunga, qui comptait 66 ministres, mais beaucoup plus que les gouvernements Matata (36 membres) ou Muzito (53 membres). Les femmes occupent bien une place plus importantes avec 14 portefeuilles et les nouvelles têtes sont bien présentes. 80% des ministres sont des nouveaux venus pour une moyenne d’âge raccord avec leur Premier ministre : 47 ans. Pourtant, 10 ministres de l’ancien équipe garde leur maroquin comme Jean-Lucien Bussa, Pius Muabilu, Julien Paluku, Irène Esambo ou José Mpanda.
L’UDPS s’impose et l’UNC résiste
Le grand gagnant de la répartition des postes est sans conteste l’UDPS de Félix Tshisekedi qui se voit attribuer le poste de vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, confié à Daniel Aselo, ainsi que celui de la Défense avec Gilbert Kabanda et celui des Finances, occupé par Nicolas Kazadi. Malgré son faible poids à l’Assemblée, l’UNC de Vital Kamerhe, et partenaire de Félix Tshisekedi, garde 4 ministères. Une façon de conserver ce parti, dont le président reste toujours en prison, dans le giron présidentiel… 2023 oblige. L’UNC se voit attribuer les ministères du Budget, des Affaires foncières ou des Petites et Moyennes entreprises. Les ex-FCC pro-Kabila qui ont rejoint l’Union sacrée se voient également confier 4 maroquins, malgré un poids politique plus important au sein de l’Assemblée nationale. Enfin, l’AFDC de Modeste Bahati, président du Sénat, se voit attribuer le ministère du Portefeuille.
Quatre postes pour Katumbi
Le MLC de Jean-Pierre Bemba et Ensemble de Moïse Katumbi, deux nouveaux partenaires entrés dans l’Union sacrée, occupent des postes stratégiques. La secrétaire générale du MLC, Eve Bazaïba, a été nommée ministre de l’Environnement avec rang de vice-Premier ministre et Jean-Jacques Mbungani prend la tête du ministère de la Santé. Un poste important dans un pays bouleversé par les épidémies de Covid-19, de rougeole ou d’Ebola. Du côté de Moïse Katumbi, on espérait se voir octroyer davantage de postes au regard du nombre de députés à l’Assemblée nationale. Son parti Ensemble rafle tout de même les Affaires étrangères occupées par Christophe Lutundula, le Plan avec Christian Mwando ou les Transports avec Chérubin Okende.
Une majorité à géométrie variable
Si les principaux membres de l’Union sacrée ont tous été servis, les déçus ne manqueront pas de se faire entendre à l’Assemblée lors des votes des projets de loi. La loyauté de certains députés pourrait vite s’effriter. D’autant que le bloc majoritaire au sein de l’Union reste composé par les dissidents FCC qui pourraient décider de tourner casaque. Dans le camp Kabila, on espère même pouvoir récupérer quelques brebis égarées. Alors pour éviter d’avoir à gérer une majorité à géométrie variable, le Premier ministre a bien pris soin de rassurer les futurs frondeurs que certains pourraient servir à d’autres postes et dans « d’autres secteurs ». Un partage du gâteau à l’infini qui risque une nouvelle fois de grever les budgets de l’Etat.
Des caisses vides
Les défis qui attendent le nouvel exécutif sont titanesques. Les conditions de vie des Congolais sont loin de s’améliorer. L’insécurité flambe à l’Est du pays dans un conflit sans fin, 1 Congolais sur 3 a faim, alors que 72 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. Que peut donc faire le gouvernement Sama Lukonde ? A y regarder d’un peu plus près, pas grand chose. Les caisses de l’Etat sont désespérément vides et les marges de manoeuvre de l’exécutif se trouvent réduites à peau de chagrin.
3 petits milliards de recettes fiscales
L’Observatoire de la dépense publique (Odep) avait sorti sa calculatrice pour mesurer l’étendu du désastre budgétaire actuel. Pour 80 millions d’habitants, la RDC peine à mobiliser 7,1 milliards de dollars, son budget officiel affiché pour 2021. Mais en réalité, selon l’Oded, « la RDC ne peut pas prétendre mobiliser plus de 3,5 milliards de dollars (de recettes fiscales) cette année ». Et sur cette somme, 2,5 milliards seront utilisés pour payer les salaires des fonctionnaires. Autant dire qu’il ne reste rien, ou presque, pour améliorer le quotidien des Congolais. La lutte contre la corruption s’avère donc une impérieuse priorité pour faire (enfin) rentrer l’argent dans les caisses de l’Etat. Mais ce défi semble très délicat à relever pour une majorité aux intérêts divergents et dont toutes les têtes se tournent déjà vers la présidentielle de 2023.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Analyse très réaliste et pertinant
D’abord c’est très difficile Actuellement pour qu’un seul parti politique gagne les élections lui seul donc…
On doit tjrs composer avec les autres et au congo RD il y a plus de 500 partis Politiques et Actuellement 24 provinces mosaïques linguistiques..
Donc s’il y a la volonté et la détermination ils peuvent apporter une solution a la population congolaise
Que Dieu bénisse la RDC
Ce qui importe c’est le changement du systeme
Tout à fait en phase avec les commentaires précédents, sinon, d’ajouter que le Président Fatshi aime son pays, il a vraiment la volonté de faire bouger les choses mais il reste la pesanteur de cette classe politique corrompue et pourrie. Un gouvernement elephantesque, budgetivore avec des ministres qui ont eu ou gardé leurs postes non pas grâce à leurs compétences mais surtout leurs positionnements, stratagèmes et poids politiques.Toutefois, il faut féciliter le Préident Fatshi et le Premier ministre Sama Lukonde pour le choix des hommes et des femmes de qualité comme Eve Bazaiba, Lutundula, Mwando, Okende, Mbungani, .. Un gouvernement diversifié et inclusif avec des femmes 27%, des jeunes, la société civile, multi-ethnique avec deux Tutsis Alexis Gizaro aux infrastructures et Désiré Birihanze « Nzinga » à l’agriculture
Si tout tourne autour du budget insuffisant, peut-on définir la rétribution de l’exécutif, des élus, des chefs d entreprises publiques, des fonctionnaires de l’Etat etc.?
Je salue Eve Bazaiba, une femme digne du Nom, qui a fait entendre sa voix avec fermeté et courage, sans se lasser de défendre le Droit sur RFI, France 24 et autres. Elle mérite encore mieux que ce poste, tel le Portefeuille de l’Intérieur, la Défense, la Justice que nous lui souhaitons au prochain remaniement.
Je vous aime Eve Bazaiba, que Dieu vous élève davantage et combatte tout obstacle sur votre chemin. Succès et réussite dans vos nouvelles attributions, et sachez que vous avez une très très grande audience auprès des congolais qui vous aiment autant que moi.
Depuis l’arrivee au pouvoir de Felix au pouvoir en RDC Congo les choses vont du mal en pis sur tous les plans. Ajourd’hui le nombre de personnes touchées par l’insécurité alimentaire aiguë élevée en République Démocratique du Congo (RDC) est estimé à 27,3 millions, soit une personne sur trois. L’insecurite a augmente a 100% meme dans la province du Kasai ou le president est originaire les gens en ont marre de cette insecurite et de la pauvrete accrue.Le president destabilise les instituions par la corruption pour se debarasser des adversaires politiques . Meme en sport depuis l’arrive de felix toutes nos equipes de football sont elimines en competions africaines. Pendant que la population souffre, les detournements, le depassement budgetaire a la presidence sont sans gene. En bref ce gouvernement ne fera rien . Le president Felix est au point d’entrer dans l’histoire par la petite porte.