Plusieurs militants de mouvements citoyens ont été arrêtés après l’opération ville morte organisée ce mardi par l’opposition. Neuf membres de la Lucha ont été interpellés mardi et vingt étudiants mercredi à Goma. Au Sud-Kivu, cinq arrestations ont été signalées à Bukavu, dont le président de la Nouvelle Dynamique de la Société Civile (NDSCI), Jean-Chrysostome Kijana.
La répression s’intensifie en République démocratique du Congo (RDC) après la journée ville morte du mardi 16 février. L’opposition avait appelé les Congolais à rester chez eux pour protester contre le bloquage du processus électoral qui pourrait maintenir le président Joseph Kabila au pouvoir au-delà du délai constitutionnel. Dans ce contexte, la tension est vive entre majorité et opposition et la pression policière s’accentue sur les membres de la société civile. Après la brève arrestation du député d’opposition, Martin Fayulu, deux jours avant la journée ville morte, la répression se porte désormais sur les militants des mouvements citoyens. Mardi, jour de l’opération ville morte, 9 militants de La Lucha ont été arrêtés : 6 à Goma, la capitale du Nord-Kivu et 3 à Kinshasa. Parmi les personnes interpellés, on retrouve Bienvenu Matumo, le jeune énarque déjà détenu plusieurs jours au secret en août 2015 – voir notre article. Avec Héritier Kapitene, ils ont été interpellés dans « un petit hôtel de Bandalungwa où ils se cachaient ensemble après avoir su qu’ils étaient traqués » explique La Lucha. « Bienvenu a clairement indiqué qu’il venait d’être arrêté. Depuis, leurs familles, leurs amis et nous-mêmes n’avons aucune nouvelle d’eux ».
Arrestations en série au Nord et Sud-Kivu
Ce mercredi, une vingtaine d’étudiants de Goma qui réclamaient la libération de leurs camarades, en organisant un sit-in, ont été également interpellés. « Une provocation de plus ! » pour La Lucha. Les étudiants ont finalement été relâchés dans la journée, mais leurs affaires personnelles ont été conservées par la Police. Les autorités leur reprochaient la publication de slogans contre le pouvoir (voir photo). On apprenait également ce mercredi que les six militants de La Lucha arrêtés à Goma mardi ont été transférés devant le parquet à la mi-journée. A Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, 5 arrestations ont été signalées dont celle de Jean-Chrysostome Kijana, le président de la Nouvelle Dynamique de la Société Civile (NDSCI). Ce militant des droits de l’homme est aussi membre de l’organisation Tournons la page et avait participé à un Séminaire du Secours catholique à Ouagadougou fin janvier. Une participation que lui reproche visiblement l’Agence nationale de renseignements (ANR). Le parti d’opposition UNC de Vital Kamerhe signale enfin, toujours au Sud-Kivu que son porte-parole a été interpellé à Uvira avant d’être libéré ce mercredi. La Lucha s’inquiète pour ses 9 membres arrêtés mardi à Goma et Kinshasa et exige leur libération immédiate. Tout comme celle d’Yves Makwambala du mouvement Filimbi et Fred Bauma de La Lucha qui sont emprisonnés depuis mars 2015… sans jugement.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Mise à jour à 17h40 : Jean-Chrysostome Kijana a finalement été libéré après 8 heures d’interrogatoire.