« Réussite » pour l’opposition, « échec« pour la majorité, l’opération ville morte a été diversement commentée sur les réseaux sociaux, alors que l’opposition vient de découvrir un moyen pacifique et efficace de mobilisation.
Drôle d’ambiance dans les rues de Kinshasa ce mardi matin. L’atmosphère trépidante de cette mégapole de 10 millions d’habitants a laissé place à des rues désertes, des boulevards vides, des magasins et des marchés fermés. Les transports publics tournaient au ralenti et les bus de la Transco circulaient à moitié vide dans la capitale congolaise. L’opposition avait appelé ce mardi à une opération ville morte dans tout le pays. Les principaux partis opposés à un troisième mandat du président Joseph Kabila exigeaient le respect de la Constitution et la tenue des élections générales fin 2016. Le chef de l’Etat est soupçonné de vouloir retarder le processus électoral afin de maintenir au pouvoir au-delà du délai constitutionnel.
Guerre des images
Dès le milieu de la matinée, la guerre des mots et des photos faisait rage sur la toile. Pour l’opposition, images à l’appui, la journée ville morte était un succès. Pour la majorité, la lecture était tout autre. Ce mardi les réseaux sociaux ressemblaient à un immense concours photo, chacun cherchant le meilleur angle pour montrer aux yeux du monde la réussite ou l’échec de la mobilisation. Les opposants montraient « une ville pleinement vide« . A Kinshasa, l’avenue du 30 juin, la gare centrale, le grand marché étaient inhabituellement vides. Les écoles et l’Université de Kinshasa aussi. Même l’ambassade de France avait recommandé à ses ressortissants de rester chez eux et aux établissements scolaires de fermer les portes. A Bukavu, Bunia, Butembo, le mouvement a également été suivi. L’opération ville morte a été moins forte à Lubumbashi, où la circulation était quasi normale dans la matinée. Seules quelques écoles et le marché Kenya sont restés déserts. A Goma, des magasins étaient fermés, mais la visite très opportune des Léopards de l’équipe nationale de football dans la ville, a ravivé la capitale du Nord-Kivu.
Sur les réseaux sociaux s’engage alors un dialogue surréaliste entre le compte Twitter du PPRD, le parti présidentiel, celui du ministre Tryphon Kin Kiey, pour qui « tout est normal à Kinshasa » et des Kinois qui continuent de photographier leur capitale déserte.
L’opposition (enfin) rassemblée
Pour l’opposition, cette journée est incontestablement une réussite. Contacté par Afrikarabia, Emery Okundji, député des Fonus et membre de la Dynamique de l’opposition, confirme « les boulevards et les avenues vides de la capitale » et estime que « cette journée vient d’envoyer un message fort et clair à la majorité pour dire non au viol de la Constitution, non au troisième mandat de Kabila et oui aux élections et à l’alternance« . Même son de cloche pour Vital Kamerhe, le leader de l’UNC, qui salue « la maturité du peuple congolais qui a désormais son destin entre ses mains« . Et de noter que (pour une fois) « le rassemblement de l’opposition a fait la force et la réussite de cette journée« . Il faut dire que l’ensemble de l’opposition avait appelé à cette journée ville morte, UDPS compris.
« Echec cinglant »
La lecture de cette journée par la majorité présidentielle est très différente. « Un pétard mouillé » pour le porte-parole de la majorité présidentielle, André Atundu. Réfutant tout succès de la journée ville morte, Atundu parle « d’échec cinglant » et de « preuve de l’adhésion de toute la population congolaise à la politique de modernité et de dialogue du président Kabila« . Il faut dire que depuis plusieurs mois le président Joseph Kabila tente de convoquer une dialogue politique avec l’ensemble des acteurs politiques afin de régler la crise électorale. Un dialogue refusé par les principaux partis d’opposition, qui redoutent une tentative du président congolais de vouloir négocier une transition politique.
Intimidations et arrestations
L’assurance de la majorité présidentielle sur l’échec de la journée ville morte tranche avec les mesures de sécurité prises et les tentatives d’intimidations. Des circulaires du ministère de la fonction publique et du ministre du travail ont appelé les fonctionnaires à se rendre sur leur lieu de travail sous peine de sanctions. Le signal de RFI, la radio la plus écoutée à Kinshasa, a été coupé une partie de la journée « par mesures conservatoires ». Onze opposants ont également été arrêtés selon l’ONU. La Lucha, un mouvement citoyen, dénonce l’arrestation de six de ses membres à Goma et trois à Kinshasa. Preuve d’une certaine crispation du pouvoir. Car ce que redoute les autorités congolaises, c’est le spectre de janvier 2015 et les quatre jours de manifestation contre le projet de loi électorale. Une mobilisation qui avait fait reculer le gouvernement après une violente répression policière et « au moins quarante morts » selon les ONG.
Quelles leçons tirées cette mobilisation ?
La stratégie de la ville morte est plutôt gagnante pour l’opposition. Craignant les violences, les débordements de janvier dernier et une possible interdiction de manifester le 16 février, l’opposition à contourner la difficulté en optant pour l’opération ville morte, une mobilisation totalement pacifique. Sur le plan médiatique, les rues désertes, les magasins et les écoles fermées sont tout aussi efficaces qu’un cortège de manifestants… et surtout beaucoup moins dangereux. Autre leçon : l’opposition vient de découvrir une nouvelle arme contre le pouvoir : la paralysie du pays. Si elle a été toute relative ce mardi, l’opposition pense pouvoir bloquer le pays au cours de prochaines actions. Pourtant, l’opération ville morte sera-t-elle suffisante pour faire plier le pouvoir ? Pas si sûr. Ce type d’actions sera suivi par d’autres. « Aujourd’hui, la journée ville morte est le point de départ d’autres mobilisations » nous confiait le député Emery Okundji. Le 18 février prochain sera commémoré l’anniversaire de la Constitution de 2006. Une Constitution aujourd’hui menacée pour les opposants à Joseph Kabila. L’opposition prépare déjà la riposte.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Les myopes ont vu certes beaucoup de gens sur la route et les artères. Mascarade de ce pouvoir en place. L’arrivée des léopards a Goma…mail il faut entendre le message véhiculé par les chansons.
Chancelant ce pouvoir doit partir. Atundu fait la honte de la crème intellectuelle de ce pays en particulier et de la nouvelle province de la Mongala réputée avoir beaucoup . Quand il revenais fraichement de la Belgique le premier poste qu’il a occupé était aux renseignements a Uvira en face de Usumbura Bujumbura actuel. Avec le temps Mobutu l’a façonne pour qu’il devienne un politique de premier ordre. Parmi ceux qui ont très mal conseillé JD Mobutu il y a bien ce monsieur, MENDE a qui Mobutu a donne sa première voiture de sa vie quand il revenais d’Europe et Kin Key MULUMBA. Peut-on avoir bien conseiller un dictateur qui est tombe des lors que celui que l’on veut asseoir. L’histoire nous dira mieux.