Le patron de la diplomatie belge, Didier Reynders, effectue une visite très polémique de 48 heures en République démocratique du Congo (RDC). Didier Reynders sera en effet le premier responsable politique occidental à se rendre à Kinshasa depuis les élections très contestées de novembre 2011. L’UDPS, le principale parti d’opposition, dénonce une visite qui viendrait normaliser la réélection « illégitime« , à leurs yeux, du président Joseph Kabila.
La visite de Didier Reynders à Kinshasa suscite l’émotion de l’opposition congolaise. Si le patron de la diplomatie belge vient en RDC « pour mieux s’informer de la situation politique » et rencontrer majorité et opposition, de nombreuses voix s’élèvent pour regretter un tel déplacement.
Cette visite intervient trois mois après un cycle d’élections (présidentielle et législatives) marqué par de nombreuses irrégularités et de forts soupçons de fraudes massives. La réélection de Joseph Kabila est toujours fortement contestée par l’opposition et notamment par Etienne Tshisekedi, le leader de l’UDPS, qui se considère comme le « vrai président » élu. Dans ce contexte de crise politique aiguë, le ministre belge des affaires étrangères (ainsi que tous ses collègues occidentaux) avait « boudé » l’investiture de Joseph Kabila en raison des irrégularités, des violences et de la répression qui avaient entaché le scrutin.
En acceptant l’invitation de son homologue congolais, Didier Reynders souhaite renouer un dialogue « ouvert et constructif » entre Bruxelles et Kinshasa… et s’attire les foudres de l’opposition qui voit dans cette visite la légitimation du second mandat de Joseph Kabila. L’UDPS dénonce le fait que le gouvernement belge et son chef de la diplomatie « ont été les seuls au monde à accorder du crédit aux résultats des élections tels que publiés par la CENI (la Commission électorale congolaise)« . L’UDPS rappelle les nombreux rapports du Centre Carter, de l’Union européenne ou de l’Eglise catholique congolaise qui fustigeaient le « manque de crédibilité du scrutin« .
Didier Reynders devrait rencontrer dans membres de la majorité et de l’opposition dont le président du Sénat, le premier ministrable Léon Kengo. Il rencontrera également des ONG congolaises des droits de l’homme, le patron des casques bleus en RDC et devrait enfin s’entretenir avec le président Kabila mercredi. Le chef de l’Etat congolais, affaibli par un scrutin contesté et en quête de légitimité internationale, voit d’un très bon oeil ce rapprochement avec Bruxelles. La République démocratique du Congo reste en effet le partenaire le plus important de la coopération belge.
Christophe RIGAUD