A Luanda, un « cessez-le-feu » a été annoncé entre la RDC et le Rwanda après une rencontre tripartite entre les présidents congolais, rwandais et angolais. Mais les marges de manoeuvre militaires et politiques de Félix Tshisekedi restent limitées et largement dominées par les pays de la région.
Un cessez-le-feu, une feuille de route, des déclarations de bonnes intentions… mais aucun détail n’a été donné sur les modalités de la désescalade actée par les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame ce mercredi à Luanda. Aucun communiqué final n’a été publié, et la seule vertu de cette rencontre semble avoir été de remettre autour de la table les présidents congolais et rwandais alors que la rébellion du M23 et l’armée congolaise continuent de s’affronter au Nord-Kivu. Il faut dire que depuis quelques jours, la tension entre la RDC et le Rwanda avait atteint un nouveau palier avec les dernières déclarations guerrières de Félix Tshisekedi au Financial Times. « Si la provocation du Rwanda continue, nous ne resterons pas assis sans rien faire » avait lancé le président congolais au journal anglais. Depuis le retour du M23 fin 2021, Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir et d’armer la rébellion. Des allégations que Kigali réfutent, dénonçant de son côté la collusion entre l’armée congolaise et les rebelles FDLR, composés d’ex-génocidaires opposés au régime de Paul Kagame.
La Commission mixte ressuscitée
Après quatre mois d’offensive du M23, qui occupe plusieurs localités du Nord-Kivu, ainsi que la ville frontière de Bunagana, les combats ont jeté sur les routes plus de 170.000 déplacés et créé un chaos humanitaire inquiétant dans les camps de réfugiés. Quatre mois d’affrontements, et quatre mois d’escalades verbales ont poussé l’Union africaine à désigner un médiateur pour trouver une porte de sortie. Le président angolais João Lourenço a décidé de jouer les bons offices pour accueillir ce mercredi les présidents congolais et rwandais. Si une « cessation immédiate des hostilités » a bien été actée, une feuille de route a également été mise en place pour faire baisser la tension. Cette feuille de route va essentiellement s’appuyer sur « la relance de la Commission mixte RDC-Rwanda qui ne s’était plus réunie depuis plusieurs années ». Une première Commission est fixée pour le 12 juillet.
Tshisekedi invité à négocier avec le M23
Sur les actions concrètes misent en oeuvre par la feuille de route, les informations entre Kinshasa et Kigali divergent. Les deux capitales ont en effet décidé de présenter uniquement les résolutions qui leur sont favorables. Selon la présidence congolaise, la feuille de route annonce « le retrait immédiat et sans condition du M23 de ses positions en RDC ». Un point crucial pour Kinshasa, dont l’armée ne parvient pas à déloger les rebelles de nombreuses localités. Côté rwandais, on affirme que la question du M23 « serait traitée au niveau national dans le cadre du processus de Nairobi », et renvoie ainsi le problème à Félix Tshisekedi, invité à négocier avec les rebelles. Paul Kagame avait dernièrement déclaré que le M23 était « un problème interne » au Congo.
Négocier avec des « terroristes » ?
Après le sommet de Luanda, le destin de Félix Tshisekedi se retrouve une nouvelle fois entre les mains de ses voisins. Une force militaire régionale est en gestation, probablement pour le mois d’août, et constitue sans doute le dernier recours pour Félix Tshisekedi de mettre fin au M23 par les armes. Mais le pari est hasardeux, et de nombreux observateurs estiment que la seule solution est politique et doit passer par la négociation. Le hic, c’est que Kinshasa a décidé, pour le moment, d’exclure le M23 de ce processus après la reprise des offensives de la rébellion. Le groupe pourrait facilement être réintégré au processus de Nairobi si le M23 venait à respecter le cessez-le-feu, mais une autre difficulté attend Félix Tshisekedi. Fin mai, le président congolais avait qualifié le M23 de « groupe terroriste », espérant ainsi faire bouger la communauté internationale, et particulièrement les Etats-unis. Personne n’a bougé, et en cas d’ouverture de nouveau round de négociations avec le M23, il va maintenant falloir expliquer à l’opinion publique congolaise pourquoi on accepte de négocier avec des « terroristes ». Un difficile changement de pied qu’il faudra justifier.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Au niveau national, nous n’avons pas besoin de l’avis des USA, du Royaume Uni et de la France pour comprendre que le M23 est un groupe armé rwandais
Pingback: Rwanda-RDC. La rencontre de Félix Tshisekedi et Paul Kagame à Luanda du 06 juillet 2022 : un jeu de dupes ou une opération de Com pour chacune des parties? – Echos d'Afrique
Pourquoi manifestez-vous que vous êtes là pour la cause des prédateurs de la richesse de la RDC. Car vos analyses ont tendance à soutenir le Rwanda qui visiblement soutient le m23 et que Paul Kagame a prouvé à la face du monde que c’est bien lui le parrain de ces terroristes. Bien sûr vous n’aimez pas Félix mais sachez Dieu combat pour lui et son peuple.
Curieux sommet qui n’a pas été sanctionné par un communiqué conjoint final et d’où les différentes parties retiennent des versions divergentes : la RDC crie quasiment victoire d’avoir obtenu un cessez-le-feu visible nulle part, le Rwanda acquiesce sans aquiescer, le M23 se dit non concerné et au bout une feuille de route plus theorique que faisable ainsi qu’une reprise d’une commission mixte dont on ne voit pas comment elle pourra fonctionner.
Dans le fond c’est encore un dialogue impossible avec un Kagame qui continue à manipuler son monde et à mentir comme il respire et un camp Congolais qui semble jouer de la simple com. Pour avancer il faudra une parole vigoureuse du coté Congolais qui impose â Kagame de reconnaître et de cesser son soutien au M23 mais pour le moment les intérêts et les objectifs des uns et des autres sont si opposés qu’on assiste â un marché de dupes.
Y’aura-t-il demain un évènement ou une force qui convainquent Kagame que son statut d’ancienne victime du génocide ne lui donne pas tous les droits et que son souci de sécurité en raison de Fdlr et sa défense de Tutsi Congolais qui seraient en danger sont davantage des prétextes que de la réalité.
Curieux sommet qui n’a pas été sanctionné par un communiqué conjoint final et d’où les différentes parties ont retenu des versions différentes : la RDC crie quasiment victoire d’avoir obtenu un cessez-le feu visible nulle part, le Rwanda acquiesce sans acquiescer, le M23 se dit non concerné et au bout une feuille de route plus théorique que faisable ainsi qu’une reprise de commission mixte dont on ne voit pas comment elle pourra fonctionner…
Dans le fond c’est encore un dialogue impossible avec un Kagame qui continue à manipuler son monde et à mentir comme il respire en face un camp Congolais qui semble jouer de la simple ‘Com’. Pour avancer il faudra une parole et des actions vigoureuses du côté Congolais qui imposent à Kagame de reconnaître et de cesser son soutien au M23 mais pour le moment les intérêts et les objectifs des uns et des autres sont si opposés qu’on assiste à un marché de dupes, quasiment à un dialogue de sourds…
Y’aura-t-il demain un évènement ou une force qui convainquent Kagame que son statut d’ancienne victime de génocide ne lui donne pas tous les droits et que son souci sécuritaire face à des Fdlr encore au Congo comme sa défense des Tutsi Congolais qui y seraient en danger sont en vérité des prétextes comme le voient aisément les observateurs avisés plutôt que la réalité des faits.