Un rapport des Nations-Unies a enregistré 3.635 cas de viols au Congo depuis 2010. Une pratique qui persiste et reste encore largement impunie.
Dans un rapport publié ce mercredi, les Nations-Unies révèlent que 3.635 personnes ont été victimes de viols en République démocratique du Congo (RDC), entre janvier 2010 et décembre 2013. Les violences sexuelles continuent donc d’être un réel fléau, notamment à l’Est du pays, toujours en proie aux groupes armés. Pour les experts de l’ONU, le viol est toujours utilisé comme « une arme de guerre pour intimider les communautés locales et punir les civils pour leur collaboration réelle ou supposée avec des groupes armés ou l’armée nationale congolaise« .
Coupables : les groupes armés… et l’armée régulière
Selon le rapport, les victimes des violences sexuelles en RDC sont essentiellement des femmes (73%), mais aussi des enfants (25%). Les victimes enregistrées par l’ONU sont âgées de 2 à 80 ans. Au cours de 4 dernières années, les groupes armés ont été les « présumés responsables » d’actes de violence sexuelle qui ont touché un peu plus de la moitié des victimes documentées. Les soldats de l’armée régulière (FARDC) sont responsables d’environ un tiers des viols. Le reste des cas étant commis par d’autres « agents de l’État« .
« Une diminution significative en 2013 »
Comment ont évolué les violences sexuelles depuis 2010 ? De janvier à décembre 2010, l’ONU a enregistré 933 victimes de violence sexuelle. « Le nombre élevé de victimes enregistrées en 2010 est en partie lié à un incident majeur qui a eu lieu entre juillet et août 2010, quand une coalition de groupes armés, pour l’essentiel des FDLR et Maï Maï Sheka, aurait violé au moins 387 personnes dans le territoire de Walikale dans la province du Nord-Kivu« , note le rapport. En 2012, l’ONU note une nouvelle augmentation des violences avec 1.017 victimes. Cette augmentation peut être expliquée, selon le rapport, par le nombre élevé de viols pendant l’occupation de Goma par les rebelles du M23 en novembre 2012. Depuis l’arrêt des combats en 2013 et la fin du M23, l’ONU a relevé une « diminution significative du nombre de victimes de violence sexuelle« .
Dans ce tableau noir de la situation en RDC, l’ONU voit tout de même quelques signaux encourageants : 187 condamnations ont été prononcées par des juridictions militaires entre juillet 2011 et décembre 2013 pour des cas de violences sexuelles, avec des peines comprises entre 10 mois et 20 ans d’emprisonnement. Même si de maigres progrès ont été réalisés dans la lutte contre l’impunité, il est évident qu’au regard du nombre de victimes, celui des condamnations apparaît fort faible. Autre bémol : les groupes armés semblent le plus souvent échapper à la justice. Seuls quatre condamnés proviennent de groupes armés. Dernière inquiétude : les provinces de l’Ouest et du Sud de la RDC, qui se situent en dehors des zones de guerre, sont elles aussi touchées par les violences sexuelles. Certains spécialistes de la région, craignent « l’exportation » du viol comme arme de guerre et de domination dans des provinces plutôt calmes. Dans ces zones, les violences sont surtout commises par l’armée ou la police congolaise. Pour Navi Pillay Haut-Commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme, il reste donc « un long chemin à parcourir dans la lutte contre l’impunité« .
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Les juristes congolais devraient se mettre debout et dénoncer les parodies de procès qui baillonnent l’opposition congolaise: cas de #Diomi