Près de 70 % des agents de l’État de Lusambo, dans la province du Kasaï-Oriental, n’ont pas été payés depuis le départ de Mobutu.
On les appelle “nouvelles unités”. Une litote pour dire que comme fonctionnaires d’Etat, ils n’existent pas. Le pire cas : ces “nouvelles unités” représentent les trois quarts de la de la fonction publique de l’État de Lusambo. Mais on les trouve à peu près dans toutes les administrations du pays. C’est le constat dressé à l’occasion du Forum international sur la réforme de l’administration publique, qui s’est tenu début octobre à Kinshasa en présence du Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo. Il souhaitait voir les représentants des pays participants échanger leur savoir-faire pour parvenir à asseoir une administration publique efficace et efficiente. De fait, beaucoup d’entre eux ont été horrifiés par l’état de délabrement ce la fonction publique en RDC.
Les représentants du Maroc ont préconisé le renforcement de la coopération Sud-Sud dans la mise en place de réformes et le partage des expériences réussies avec les autres pays d’Afrique. Une question urgente : il faut gérer le départ à la retraite de 20 000 fonctionnaires entre 2015 et 2016. Création d’une caisse de retraite et d’une mutuelle de fonctionnaires, nouveau statut des fonctionnaires, règles de recrutement… tout est à faire ou à refaire. Il faudrait aussi faciliter la reconversion professionnelle de ceux amenés à quitter la fonction publique. Last but not least, la qualité du service rendu aux administrés : renforcer la transparence et l’efficience des services publics, simplifier les procédures administratives. En interne, promouvoir le dialogue social avec les partenaires sociaux, et d’abord les syndicats. La question de la corruption a été à peine évoquée.
«Nous sommes conscients aujourd’hui qu’un Etat fondé sur une administration efficace, intègre, transparente et proche des citoyens, est indispensable à un développement humain durable», a souligné le ministre marocain Mohamed Moubdi devant ses interlocuteurs.
“Le gouvernement de la RDC est déterminé à poursuivre les réformes administratives, grâce à sa volonté d’aller de l’avant en vue d’asseoir une structure performante de nature à accompagner les changements en cours dans le pays« , a assuré Augustin Matata Ponyo, le chef de l’Exécutif congolais. Jean-Claude Kibala, ministre congolais de la Fonction publique, a mis en cause les guerres qui ont ensanglanté la RDC, se félicitant de l’amélioration récente des services administratifs qui représentent une part importante du budget de l’Etat. De fait, 30 % des dépenses publiques sont destinés à couvrir les traitements des fonctionnaires.
Radio Okapi, la radio des Nations unies en RD Congo, ne manque pas de souligner le s problèmes récurrents de la fonction publique. Radio Okapi a interrogé le ministre de la Fonction publique, Jean-Claude Kibala. Ce dernier reconnaît : “Nous avons des défis énormes à relever pour conduire notre pays vers l’émergence. Nous avons besoin d’une administration efficace, qualifiée, de proximité et qui doit permettre à l’État d’avoir les moyens de sa politique et de son développement. C’est pour cette raison que nous avons décidé d’organiser ce rendez-vous pour savoir si notre administration est sur les bons rails de l’émergence et tirer les leçons des réformes mises en œuvre dans d’autres pays”.
Alors que le ministre marocain délégué auprès du chef du gouvernement chargé de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration, Mohamed Moubdi, se dépensait sans compter pour faire avancer les débats, vingt-trois propositions ont été adoptées. Comme lui, de nombreux participants ont réclamé l’instauration de mécanisme d’audit, de contrôle et d’évaluation du fonctionnement et de la performance des services administratifs et des institutions de l’État. en particulier la mise en place d’un système de contrôle qualité et de contrats de performances au sein de l’administration publique, ainsi que la création d’inspections au sein des ministères. Un programme ambitieux. Il faudra commencer par le plus simple : rémunérer les fonctionnaires… L’École nationale d’administration (ENA) de Kinshasa a été relancée et délivrera prochainement sa première promotion. Ses lauréats ne manqueront pas de travail.
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