Un accord a été trouvé entre majorité et opposition sur la tenue le même jour des élections présidentielle, législatives et provinciales. Un couplage possible si la Commission électorale (CENI) trouve les moyens nécessaires à son organisation.
Après avoir claqué la porte du dialogue national, l’opposition est revenue autour de la table après avoir conclu un accord avec la majorité sur le séquençage des élections à venir. La majorité avait en effet proposé, en plus du report de plusieurs mois de l’élection présidentielle pour cause de refonte du fichier électoral, de démarrer les scrutins par les élections locales, repoussant un peu plus la présidentielle. Un stratagème dénoncé par l’opposition qui accuse le pouvoir de retarder volontairement la présidentielle pour permettre au président Joseph Kabila de se maintenir au-delà de la fin de son dernier mandat, fixé le 19 décembre 2016.
Un couplage des élections bien virtuel
Finalement, les deux parties sont tombées d’accord pour que les trois élections, présidentielle, législatives et provinciales soient couplées le même jour. Une option qui permettrait de ne pas renvoyer la présidentielle aux calendes grecques, puisque la révision complète du fichier électorale devrait déjà reporter d’au moins 16 mois l’élection du futur président de la République, pourtant prévue avant fin 2016. Mais attention, le couplage des élections à venir est pour le moment des plus virtuels. Tenir les trois scrutins le même jour nécessite des moyens financiers adaptés et une logistique particulière. La Commission électorale (CENI) sera donc chargée d’étudier la question et de délivrer son propre calendrier. Lorsque l’on sait que la CENI n’a pu organiser aucun des sept scrutins prévus entre 2015 et 2016 et peine à trouver les moyens financiers pour boucler la refonte du fichier électoral, on peut se poser des questions sur la réalité du futur calendrier qu’elle pourra proposer.
Joseph Kabila toujours aux commandes ?
Si le glissement du calendrier fait désormais l’objet d’un consensus parmi les participants au dialogue, plusieurs questions restent en suspens. A commencer par l’avenir politique de Joseph Kabila au lendemain du 19 décembre prochain, dernier jour officiel de son mandat. Rien n’est tranché, même pour la majorité, il va de soi que l’actuel chef de l’Etat restera en poste jusqu’à la tenue des élections. Une option discutée âprement avec l’opposition qui souhaite voir Joseph Kabila quitter ses fonctions à la fin de son mandat. Si le camp présidentiel a accepté de lâcher du lest sur la priorité aux élections locales, pas sûr qu’elle en fasse de même sur le maintien au pouvoir du président congolais après le 19 décembre.
Retour à la case CENI
Dernier point noir, le financement des élections. Le ministre de la Justice et co-modérateur de la majorité au dialogue, a affirmé que la RDC, financerait seule l’ensemble du processus électoral. Une déclaration peu rassurante sachant que le coût des scrutins est estimé à 1,2 milliards de dollar, soit 20% du budget national. L’argument financier risque d’être un nouveau prétexte pour reculer une nouvelle fois la présidentielle craint l’opposition. Mais c’est au final la CENI qui tranchera : sur le calendrier et sur les moyens techniques et financiers des prochaines élections. Alors que le dialogue rentre dans sa dernière ligne droite, avec une clôture des travaux fixée pour ce samedi, reste à savoir si la Commission électorale sera en mesure de délivrer des éléments tangibles sur la tenue des élections dès samedi. Une chose est sûre. En l’absence d’éléments clairs sur l’organisation des prochains scrutins (le plus probable), le dialogue se conclura par la création d’un nouveau gouvernement d’union nationale co-géré par la majorité, l’opposition et la société civile. Un bien maigre bilan, qui se rapproche des Concertations nationales de 2013, qui n’avaient déjà pas permis de résoudre la crise politique de l’époque. Pendant ce temps, le Rassemblement de l’opposition, réunissant l’UDPS d’Etienne Tshisekedi et le G7 de Moïse Katumbi, qui boycottent le dialogue, prévoient un grand sit-in lundi 19 septembre devant la CENI pour protester contre le glissement du calendrier électoral et non respect de la Constitution.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia