Après la signature ce dimanche d’un accord régional pour tenter de ramener la paix à l’Est de la République démocratique du Congo, un collectif d’ONG espère que ce document recevra les garanties et « l’appui politique nécessaire ». Ces ONG souhaitent également voir nommer « des Envoyés spéciaux et accroître l’implication régionale » dans le conflit congolais.
Ce dimanche à Addis-Abeba, plusieurs chefs africains ont signé un accord, sous l’égide de l’ONU, pour mettre fin au conflit meurtrier dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Ce accord régional prévoit « une révision stratégique » du mandat des casques bleus de la Monusco, mais aussi l’envoi d’une brigade d’intervention, dont la forme reste à préciser. L’accord appelle également les pays signataires « à ne pas tolérer ni porter assistance ou soutien à aucune forme de groupes armés« . Le Rwanda et l’Ouganda sont particulièrement visés par cette disposition, ces deux pays étant accusés par plusieurs rapports de l’ONU de soutenir les rebelles du M23.
Pour un Envoyé spécial des Nations unies
A la suite de cette signature, 46 ONG congolaises et internationales (voir la liste) ont appelé les pays de la région, ainsi que leurs partenaires internationaux, « à garantir que l’accord-cadre pour la paix, recevra l’appui politique nécessaire pour mettre un terme à la guerre dans l’est de la RDC« . Si le collectif salue ce document d’orientation, il suggère également que « l’accord sera vain sans des mesures spécifiques supplémentaires« . Ces ONG souhaitent notamment « la nomination d’un ancien chef d’État en qualité d’Envoyé spécial des Nations Unies habilité à servir de médiateur au niveau national et régional ; l’intégration de la société civile congolaise et des principaux partenaires donateurs bilatéraux et multilatéraux de Kinshasa dans le mécanisme de surveillance national ; l’introduction d’une politique de conditionnalité basée sur des critères clairs et convenus et sur une collaboration véritable entre le gouvernement, les donateurs et la société civile« .
« S’attaquer aux problèmes profond du Congo«
Le collectif met également l’accent sur les besoins de justice en RDC. « Les accords de paix précédents ont souvent fermé les yeux sur l’impunité, permettant aux criminels de guerre d’être intégrés dans les services de l’armée, la police et la sécurité« , souligne le texte. Selon Federico Borello, directeur pour la région des Grands Lacs chez Humanity United, « il est impératif de s’attaquer une bonne fois pour toutes aux problèmes profonds du Congo que sont l’impunité, l’interférence régionale et la faiblesse de l’État. Sans cela, nous passerons à côté de notre meilleure chance de paix. »
« Un espoir… mais«
Les 46 ONG souhaitent également que l’Union africaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) continuent « d’apporter leur soutien au processus« . Une conférence de donateurs pour engager les ressources nécessaires doit être aussi organisé « afin de promouvoir la collaboration économique transfrontalière et la réforme en profondeur des institutions congolaises« . Selon Jason Stearns, directeur du projet Usalama pour le Rift Valley Institute, « l’accord-cadre apporte de l’espoir, mais il exige un capital politique et financier considérable pour surmonter les intérêts bien enracinés« .
Christophe RIGAUD – Afrikarabia