La signature d’un nouvel accord politique était annoncée ce vendredi pour mettre fin à la crise congolaise. Mais jusque tard dans la soirée, les nombreux points de blocage ont empêché tout compromis.
Il faudra encore un peu de patiente pour que soit signé le protocole d’accord entre le pouvoir et l’opposition congolaise pour organiser la délicate transition politique en République démocratique du Congo (RDC). Si les évêques congolais avaient pressé les délégués de se mettre d’accord « avant Noël », l’accord final ne sera sans doute pas ratifié avant plusieurs heures, voire plusieurs jours. Certains sources parlent d’une finalisation de l’accord entre Noël et le Jour de l’An. Pourtant, jeudi soir, l’optimisme était de mise après l’annonce d’un compromis. Dans le document de travail présenté par l’Eglise catholique, à l’origine de cette médiation de la dernière chance, le président Kabila était maintenu en poste pendant toute la période de transition jusqu’à l’organisation des élections. En contre-partie, La date de la présidentielle fixée à avril 2018 lors du précédent accord politique d’octobre, doit être avancée à la fin 2017. Un comité de suivi de la transition sera mis en place pour assurer la bonne marche du calendrier électoral. Et Joseph Kabila s’engage enfin à ne pas se représenter pour un nouveau mandat, et à ne pas modifier la Constitution ni à organiser de référendum pour se maintenir au pouvoir.
Badibanga, Tshisekedi, CENI… ça bloque toujours
Mais vendredi, à la reprise de la plénière, les négociations achoppent encore sur plusieurs points : la composition de la commission d’organisation des élections et le partage des rôles dans le futur gouvernement. Le Rassemblement s’accommode mal du nouveau Premier ministre Samy Badibanga, issu des premières négociations d’octobre, et verrait bien l’un des siens piloter l’exécutif congolais. Un poste qui pourrait être occupé par Félix Tshisekedi. La restructuration de la Commission électorale (CENI), jugée trop proche du camp présidentiel, constitue également un point de blocage. L’opposition souhaite une représentation plus équilibrée et exige le départ de son président Corneille Naanga, dont les atermoiements sur la publication du calendrier électoral ont fini par lasser. Enfin, la présidence du comité de suivi de l’accord pose problème. Le Rassemblement veut imposer l’opposant historique Etienne Tshisekedi, un choix contesté par la majorité.
Accalmie à Kinshasa et Lubumbashi
En attendant un possible accord, Joseph Kabila peut savourer une accalmie sur le front sécuritaire. Mais à quel prix ? 40 personnes ont été tuées cette semaine en RDC lors des différentes manifestations contre le maintien au pouvoir du président congolais après l’expiration de son dernier mandat le 19 décembre. Un bilan communiqué par l’ONU qui fait aussi état de 107 blessés et d’au moins… 460 arrestations. Mais après quatre jours d’affrontements et de paralysie de l’économique, Kinshasa et Lubumbashi, les deux plus grandes villes du pays, ont retrouvé une activité quasi-normale. Une bonne nouvelle pour le pouvoir qui pense avoir ainsi jugulé la contestation… jusqu’à quand ? Pour l’heure, tout le monde est suspendu aux signaux venant du centre inter-diocésain de Kinshasa. Car en cas d’échec, la rue pourrait de nouveau être tentée de se manifester.
Christophe RIGAUD
C’est simplement malheureux que le gain des interets personnels et/ou familiaux obtenus au dialogue soit considéré comme réussite du dialogue.