La Commission électorale congolaise vient de valider la liste définitive des candidats retenus pour la présidentielle de décembre. L’opposition devra se passer de deux poids lourds : Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba… déjà dans le coup d’après.
21 candidats ont été validés pour participer aux prochaines élections générales fixées le 23 décembre 2018 en République démocratique du Congo (RDC). Si la candidature d’Emmanuel Ramazani Shadary, soutenue par la camp présidentiel pour succéder à Joseph Kabila, figure sans surprise sur la liste définitive de la Commission électorale (CENI), l’opposition a vu ses rangs se réduire comme peau de chagrin aux fil des semaines. Deux absences vont pourtant peser lourdement sur le scrutin.
Faiseurs et « défaiseurs » de roi
Tout d’abord celle de Moïse Katumbi. Présenté comme favori depuis plusieurs mois, l’homme d’affaires n’a pas été autorisé à rentrer en RDC pour déposer sa candidature. Harcelé par la justice congolaise, l’opposant devra se contenter de manoeuvrer en coulisse, notamment pour imposer ses candidats aux législatives. Autre opposant de poids, Jean-Pierre Bemba, sera aussi condamné à jouer les faiseurs ou « défaiseurs » de roi. L’ancien vice-président congolais a été déclaré inéligible par la Cour constitutionnelle après sa condamnation pour subornation de témoins par la Cour pénale internationale (CPI).
Candidat unique ou boycott
Les regards se tournent désormais vers les deux derniers opposants de poids encore en lice dans la course à la présidentielle : Félix Tshisekedi (UDPS) et Vital Kamerhe (UNC). Deux stratégies s’opposent au sein de l’opposition pour contrer un scrutin qui semble joué d’avance pour faire gagner le camp présidentiel : la candidature unique ou le boycott du scrutin. Si le boycott ne suscite guère d’enthousiasme pour l’instant, l’option du candidat commun, soutenu par l’ensemble de l’opposition, semble tenir la corde . Et dans cette séquence, les deux grands absents du scrutin, Katumbi et Bemba, joueront un rôle essentiel. De par leur poids politique et leur soutien financier, les deux recalés de la présidentielle, sont les seuls en mesure d’accompagner l’un des opposants dans le fauteuil présidentiel.
Une opposition divisée
Seul bémol, les quatre principaux opposants sont rarement sur la même longueur d’onde. Bemba serait plus enclin à soutenir Kamerhe, alors que Katumbi s’est allié depuis plusieurs mois à Tshisekedi, père et fils. Quant aux deux opposants encore en course, tout les oppose… ou presque, et les rancoeurs des scrutins passés sont encore tenaces – voir notre article. La dernière rencontre des ténors de l’opposition à Bruxelles n’a d’ailleurs pas permis d’avancer d’un iota sur le délicat dossier de la candidature unique. Et la réunion des partis d’opposition en Afrique du Sud s’est tenue sans Kamerhe, Bemba ou Tshisekedi.
2023 en ligne de mire
Devant les fortes dissensions qui pèsent au sein de l’opposition, les recalés de la présidentielle pourraient être tentés de botter en touche, et de laisser passer le scrutin de 2018, pour mieux rafler la mise aux élections… de 2023. Ecartés de la présidentielle de cette année, Katumbi et Bemba, n’ont apparemment aucun intérêt à ce qu’un autre opposant soit élu à leur place à la tête de la RDC. Pour jouer le coup d’après, les deux recalés pourraient décider de ne soutenir personne et de tout miser sur les législatives pour asseoir leur parti et préparer la présidentielle suivante. Jean-Pierre Bemba a d’ailleurs confirmé dans une interview à Jeune Afrique qu’il envisageait de soutenir un autre candidat à condition que la transparence du vote soit assurée. Une condition qui a peu de chance de se réaliser et permettait à Bemba de ne soutenir… personne. En laissant Kamerhe et Tshisekedi s’affronter à la présidentielle de décembre, et perdre fatalement les élections, Bemba et Katumbi se donnent une chance de concourir en 2023… et peut-être de remporter la présidentielle.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
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Il est certes plus logique pour Katumbi et Bemba de tirer un trait pour les prochains scrutins et pourquoi pas de lorgner pour ceux d’après, le premier n’aura que 59 ans et le second 61 ans en 2023. Cela dit si les jeux sont faits pour eux, il n’en est peut-être pas tout à fait le cas pour les élections elles-mêmes, du moins qu’elles soient apaisées et sans accrocs. Je ne crois pas à un chaos général soudain après des élections contestées, le régime a encore la capacité de contenir les révoltes souvent ‘épidermiques’ mais il est possible qu’elles n’en déstabilisent pas moins plus progressivement et plus profondément la scène politique au point de créer une alternance structurellement plus chahutée à laquelle le régime lui-même sera obligé de répondre quelque part par des mesures extraordinaires autrement plus conflictuelles.
La « machine à tricher », le « fichier pollué d’électeurs fictifs », la « non-décrispation du climat politique », l’opacité du financement et pour finir l’exclusion de Bemba, Katumbi, Muzito comme l’absence vraisemblable d’une candidature commune de l’opposition passeront assurément mais laisseront des traces au sein du système, au sein de l’opposition et dans le pays en général. Qu’en sera-t-il demain, déjà les élections auront-elles vraiment lieu à la date prévue ? Peut-être pas comme le planifie le pouvoir ?
En attendant, il y’a par exemple l’appel de Bemba de sa condamnation, pas seulement sur la peine, il demande, semble-t-il l’annulation de la condamnation. Cet appel s’il est accepté par la CPI démontre déjà que l’irrévocabilité sur laquelle s’est entre autres appuyée la CC pour l’invalider est contestable. Qu’en sera-t-il s’’il obtenait gain de cause auprès d’une juridiction internationale supérieure ?
Ainsi donc que celui-ci et son compère recalé décident de passer d’une façon ou d’une autre leur tour pour 2023 ne sera peut-être pas la fin de la controverse 2018, passé les embûches les plus visibles plantées par le pouvoir. Un chaos plus structurel qui court tout le long du mandat prochain ? J’ose espérer que l’opposition à ‘JK’ fructifiera utilement d’un tel état de choses.
Attendons la suite…
Pk vs ne précisez pas les raisons de la potentielle invalidation de la candidature de Felix Tshisekedi. Est ce que dans ce pays, seul kabila doit respecter la constitution et les lois du pays? Bien que Jpb ait été condamné en appel en mars par une décision irrévocable contrairement à ce qui est dit souvent pour subornation de témoin et non pour corruption, il fait aussi analyser le sens, la portée et le but rechercher par les dispositions législatives contenues dans la loi électorale. Il est primordial qu un citoyen congolais qui souhaite accéder au plus haute responsabilité dans ce pays ait une moral, un parcours et une probité irréprochable. Vs ne pouvez décemment soutenir un Bemba, un shadari ou un Tshisekedi ou autre du meme acabit dans la mesure où vs ne le tolérerez dans aucun autre pays en occident. C est très grave ce qu ils ont fait. Et nous exigeons un minimum de décence pour notre pays. Bemba le 17 septembre, la cour statuera uniquement sur la hauteur de la peine. Sa culpabilité à déjà été établit. Le bureau du procureur a recueilli toutes les preuves quant à ce, il suffit de lire l acte d accusation. Écoute téléphonique, bordereau d envoi de fond. J invite chacun à penser au pays. https://www.vetbizresourcecenter.com/