Dans une interview fleuve au magazine allemand Der Spiegel, le président congolais sème le trouble sur la tenue de l’élection présidentielle avant la fin de l’année.
Pour ceux qui avaient encore un vague espoir que 2017 soit une année électorale en République démocratique du Congo (RDC), l’interview du chef de l’Etat publiée ce week-end ne laisse guère de doute sur un nouveau report du scrutin. Dans un long entretien au Spiegel, Joseph Kabila s’explique tout d’abord sur la non tenue de la présidentielle en décembre 2016. Le chef de l’Etat affirme que l’arrivée d’une dizaine de millions de nouveaux électeurs à enrôler depuis le dernier scrutin de 2011et la guerre contre le M23, qui a mobilisé d’importants moyens financiers, sont les deux principales raisons qui ont poussé les autorités à repousser les élections. « Nous n’étions pas bien préparés » avoue Joseph Kabila. Des explications un peu courtes lorsque l’on sait que le président congolais est en pouvoir depuis plus de 16 ans.
Kabila renvoie la responsabilité à la CENI
Concernant la tenue de l’élection présidentielle fin 2017, comme le prévoit l’accord politique de la Saint-Sylvestre négocié entre majorité et opposition sous l’égide de l’Eglise catholique, le président semble vouloir commencer à préparer l’opinion à nouveau retard : « Je n’’ai rien promis du tout ! J’aimerais que les élections se déroulent le plus tôt possible. Mais nous voulons des élections parfaites ». Reste à savoir ce que sont des élections parfaites et surtout à donner une date pour la tenue du scrutin. Et sur ce point le chef de l’Etat botte en touche, ou plutôt renvoie la balle entre les mains de la Commission électorale (CENI) : « C’est la commission électorale qui organise les élections dans ce pays, ce que la plupart des gens oublient. Cette commission travaille déjà et les résultats sont positifs. Nous nous dirigeons vers 24 millions d’électeurs déjà inscrits. Nous avançons. » tente de rassurer Joseph Kabila, qui oublie qu’il y a environ 40 à 45 millions d’électeurs à enrôler et que le scrutin est censé se tenir… dans moins de 6 mois ! On sait également que la CENI est largement téléguidée par la majorité présidentielle, qui souffle le chaud et le froid sur l’avancement du processus électoral, et se plaint régulièrement du manque de moyens financiers octroyés par le gouvernement.
« Changer la Constitution est constitutionnel »
L’opposition accuse depuis 2014 le président Kabila de vouloir retarder volontairement la tenue des élections pour se maintenir au pouvoir au-delà de son deuxième et dernier mandat. La Constitution lui interdit en effet de se représenter à sa propre succession. Après l’annulation du scrutin de 2016, certains redoutent que le président cherche à vouloir modifier la Constitution pour être autorisé à briguer un troisième mandat, comme les présidents du Rwanda, du Burundi, de l’Ouganda ou du Congo-Brazzaville. Au Spiegel, Joseph Kabila louvoie : « Changer la constitution est constitutionnel. Vous pouvez modifier la constitution par référendum. Mais nous n’avons pas encore demandé un référendum. ».
La majorité n’est toujours pas en campagne
« Il n’y aura pas de troisième mandat ? » demande le journaliste allemand. « Cela dépend de ce qu’on entend vraiment par 3ème mandat. Nous n’avons en tout cas pas l’intention de porter atteinte à la Constitution. Et comment pourrais-je avoir un 3ème mandat sans porter atteinte à la Constitution ? » Dans cette longue interview, Joseph Kabila maintenant le flou et le doute sur la tenue des prochaines élections. Une chose est sûre, cet entretien est semblé conçu pour préparer les esprits et la communauté internationale à un nouveau report. D’ailleurs, le meilleur signal que les élections ne sont pas encore à l’ordre du jour en RDC est à chercher du côté de la majorité présidentielle qui n’est ni en campagne, ni même à la recherche d’un autre candidat pour succéder à Joseph Kabila.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Les sceptiques l’avaient prédit, les naïfs n’auront que leurs yeux à frotter. Les évêques ont transmis au peuple congolais des promesses d’un homme qui n’a jamais respecté sa parole. Je me demande ce que va dire la CENCO maintenant, elle qui avait convaincu le feu Etienne Tshisekedi de la volonté de Kabila d’aller aux élections en fin 2017.
Je pense que Kabila a jeté les dés; aux congolais de jouer le jeu en leur faveur. Le monstre ne partira jamais démocratiquement mais il partira dès qu’il aura été attaqué de façon frontale et qu’il sera affaibli.
Ceux qui nous demandaient d’attendre n’auront plus rien à nous dire. La guerre est déclarée aux congolais soucieux d’une alternance démocratique. La communauté internationale est prise au piège de Kabila.
Que celui qui n’a pas compris lève le doigt. Tout le monde sait maintenant qu’il n’y aura pas d’élections en 2017. Le dernier mot revient au peuple congolais, mais pas en référendum.
L’histoire ne nous donnera certes raison, je vous assure qu’il il n’aura pas de référendum dans ce pays et sans élection en 2017, sa raison d’être président n’a plus de sens.
Le PEUPLE va s’organiser et vous démontreront que nous ne sommes pas dupe.
Qui vivra verra.
Ne soyons pas des combattants que sur internet. L’unique langage que kabila pourra comprendre c’est là résistance physique. En rdc il n’y aura pas de changement sans bain de sang. Mais hellas, le congolais paraît trop littéraire, trop philosophe, trop mathématicien, trop physicien et tout cela en dehors du champ de bataille. Pour nous délivrer, nous devons tous, à un signale donné, descendre sur là rue, homme, femme, enfant, bébé, tout celui qui voit ses droits bafoués. Chers compatriotes, levons-nous comme un seul homme et nous allons pousser dehors ce système qui nous étouffe. Kabila n’est pas fort mais il est fortifié. Il suffit de déstabiliser ses béquilles et il tombe si facilement. Le problème est de chercher là où se trouve la base de son support.
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