« Nous n’avons plus de temps à perdre pour nous mettre d’accord sur un calendrier électoral consensuel » affirme à Afrikarabia le député d’opposition, Emery Okundji. « Une réunion tripartite entre majorité, opposition et Commission électorale doit être organisée au plus vite ».
En moins de 16 mois, la République démocratique du Congo (RDC) doit organiser sept scrutins électoraux allant des élections locales, communales, provinciales, aux élections des bourgmestres, ou des gouverneurs, sans oublier les élections législatives et présidentielle, fixées fin 2016. Mais les inquiétudes sont grandes sur la réelle tenue de ces scrutins au vue des retards pris et du manque d’argent pour les financer. Un atermoiement que l’opposition congolaise voit comme une stratégie savamment orchestrée par la majorité présidentielle pour faire « glisser le calendrier » et maintenir au pouvoir le président Joseph Kabila au-delà des délais constitutionnels. Il faut dire que le texte fondamental empêche le président congolais de se représenter pour un troisième mandat.
« Tous autour d’une table »
Plusieurs signaux inquiètent l’opposition, comme un possible (et très probable) report des élections locales, fixées en octobre 2015, « trop complexes et coûteuses » à organiser, selon Kinshasa. Pour Emery Okundji Ndjovu, député national d’opposition du FONUS, « la priorité des priorités, c’est de pouvoir organiser les élections législatives et présidentielle dans les temps. Nous sommes prêts à accepter un report des élections locales pour 2017 et de concentrer tous les moyens sur la présidentielle ». Mais pour cela, les différents acteurs politiques doivent se retrouver autour d’une table pour négocier un nouveau calendrier électoral « qui convient à tout le monde, majorité et opposition ». Selon le député Okundji, l’idée d’une réunion tripartite (majorité, opposition et Commission électorale) avait même été avancée par l’Abbé Malu-Malu, le président de la Commission électorale (CENI) lors d’une vidéoconférence.
« Kabila veut substituer le dialogue à la tripartite »
Pour débloquer la crise électorale qui couve en RDC, Emery Okundji demande la tenue « urgente » de la réunion tripartite pour se mettre d’accord sur les futurs élections. « Il n’y a plus de temps à perdre. Nous devons trouver un consensus sur le calendrier, l’enrôlement des nouveaux majeurs, le financement… c’est indispensable pour éviter de prolonger la crise de légitimité sans précédent qui règne à Kinshasa ». Seul souci : la CENI semble traîner les pieds à mettre en place la fameuse tripartite. Pour Emery Okundji « la maladie de Malu-Malu, absent de la CENI depuis plusieurs mois devient un vrai handicap. Surtout que le vice-président de la Commission, André Pungwe, est membre du PPRD, le parti présidentiel, ce qui enlève toute indépendance aux décisions de l’institution ». Le député du FONUS affirme également que l’idée de la tripartite de Malu-Malu a été récupérée par Joseph Kabila qui a voulu entre-temps initier son propre dialogue avec les partis politiques congolais. « Le problème c’est que la CENI est censée être indépendante et je vois pas pourquoi nous discuterions avec Joseph Kabila de l’organisation des élections » souligne Okundji.
« Les moyens financiers ne manquent pas »
L’un des principaux arguments avancés par le gouvernement est le manque de moyens financiers pour organiser les élections. La CENI avance un chiffre de 1,2 milliards de dollars. Un coût élevé en rapport au budget microscopique de la RDC : un peu plus de 7 milliards de dollars. De l’argent, « il y en a » affirme pourtant Emery Okundji, « mais pas pour les élections ». « Sous Mobutu, il y avait la caisse unique de l’Etat. Sous Joseph Kabila, cette caisse a été remplacée par des sous-comptes, des comptes parallèles. Il faut savoir que le ministre des Finances n’a de pouvoir que sur un seul de ces comptes. Sur ces comptes sont effectués des dépenses non autorisés au budget de l’Etat. C’est notamment le cas de la construction du parc agro-industriel de Bukanga-lonzo et du nouvel hôtel du gouvernement. » Preuves selon Emery Okundji,, « que ce ne sont pas les moyens qui manquent pour aller aux élections ».
« Plus de temps à perdre »
Il y a donc urgence pour le député du FONUS à ce que la CENI mette en place rapidement la fameuses réunion tripartite. « Nous sommes encore dans les délais pour la présidentielle. Selon les experts, faire un audit du fichier électorale et des toutes ses composantes est encore possible et il faut 3 mois pour enrôler les électeurs. Nous n’avons plus de temps à perdre ». Mais Emery Okundji craint que la majorité présidentielle cherche encore à « multiplier les obstacles pour organiser les élections en dehors des délais constitutionnels, comme elle le fait depuis maintenant 2 ans ». La balle est désormais dans le camp de la CENI.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Je me ralie aux avis de Okunji.