Instauré en mai 2021, l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri est un échec. Les attaques des groupes armés n’ont jamais diminué et le nombre des victimes civiles et des déplacés est en constante augmentation. Selon Amnesty International, cette mesure d’exception a uniquement « servi de prétexte pour réprimer les droits humains ».
C’était l’une des mesures phares du président Félix Tshisekedi pour ramener la paix à l’Est du Congo. Deux ans plus tard, l’état de siège instauré en Ituri et au Nord-Kivu, deux provinces en proie aux groupes armés, n’a eu aucun effet sur l’insécurité endémique qui règne dans ces régions depuis bientôt 30 ans. Censé intensifier les opérations militaires pour éradiquer la centaine de groupes armés qui pullulent dans la zone, cette mesure d’exception a même réussi l’exploit d’obtenir le résultat inverse. Le nombre de morts a augmenté : plus de 4.000 civils ont été tués depuis l’instauration de l’état de siège. Les groupes armés, comme les ADF affiliées à l’Etat islamique, ont élargi leur zone d’influence devant les offensives de l’armée congolaise. Pire, la rébellion du M23, en sommeil depuis 10 ans, s’est subitement réveillée en plein état de siège et s’est emparée de nombreuses localités du Nord-Kivu sans que l’armée congolaise ne réussisse à prendre le dessus. Résultat, la situation humanitaire s’est fortement dégradée. Plus de 2 millions de personnes ont été déplacées de force depuis 2021, selon les chiffres de l’ONU.
Les pleins pouvoirs aux militaires
Depuis 2 ans, la situation sécuritaire s’est donc constamment détériorée, alors que l’état de siège était activé. Devant ces faibles résultats, le gouvernement a pourtant demandé au parlement de proroger plus de 50 fois cette mesure qui devait être « exceptionnelle » et « provisoire ». Sans résultat sur le terrain militaire, l’état de siège a, par contre, fortement augmenté les restrictions de liberté en Ituri et au Nord-Kivu. Les autorités civiles politiques et judiciaires ont cédé la place aux militaires, déjà en échec dans leur propre domaine de compétence. Le gouverneur est aujourd’hui un général des Forces armées de République démocratique du Congo (FARDC) dans les deux provinces et la justice est désormais rendue par les tribunaux militaires.
« Harceler les journalistes et les militants des droits humains »
Selon Amnesty International, « les autorités militaires de la RDC, nommées par le président Félix Tshisekedi, ont utilisé les pouvoirs conférés par l’état de siège pour restreindre systématiquement les droits humains ». Critiquer l’état de siège ou manifester, deviennent maintenant répréhensibles. Les nouvelles autorités ont « harcelé et incarcéré des journalistes, et tué des défenseurs des droits et des militants politiques. Elles ont également recouru à la détention provisoire massive des personnes considérées comme une menace, dans des centres où les conditions sont bien souvent épouvantables » a récemment dénoncé Amnesty. D’autant que la police et l’armée sont souvent responsables « de violations graves des droits humains à l’encontre des civils ».
Pour une levée de l’état de siège
Deux ans après son instauration, l’état de siège reste toujours en vigueur, alors que la RDC s’apprête à rentrer en campagne électorale, avec un scrutin présidentiel théoriquement prévu pour décembre prochain. Aujourd’hui, l’état de siège semble ne plus avoir de raison d’être après les échecs à répétition de l’armée congolaise, et surtout depuis l’arrivée des troupes de l’East African Community (EAC) au Nord-Kivu. Après un énième accord de cessez-le-feu, les soldats est-africains sont venus s’interposer entre l’armée congolaise et le M23, prenant le contrôle des zones libérées par les rebelles. De nombreuses organisations des droits de l’homme congolaises et internationales, demandent la levée de l’état de siège. Pour Tigere Chagutah, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International, « Si le président Félix Tshisekedi ne lève pas l’état de siège aujourd’hui, après deux ans de restrictions illégales et injustifiées imposées aux droits humains, les membres du parlement doivent rejeter toute nouvelle demande de prorogation faite par le gouvernement ».
Christophe Rigaud – Afrikarabia
L’ÉTAT DE SIÈGE A NOUVEAU SUR LA SELETTE, IMPRODUCTIF, KINSHASA VA-T-IL ENFIN LECREMMETRE EN QUESTION OU DU MOINS A L’EXAMEN ???
Notre malheur au Congo est hélas d’avoir un Chef d’Etat amateur, empêtré dans le bordel permanent d’essais et erreurs, non préparé à exercer ses fonctions et l’etat de siege est l’une de ces incongruités improvisées dont lui-même a d’ailleurs dit que ce n’est pas lui qui en avait pris l’initiative mais la population de l’Est. Allez-y comprendre quelque chose ; de quel leadership disposons-nous ?
Comme dans le cas de notre adhésion à l’EAC, Tshisekedi n’a jamais été capable de bien étudier ses projets, il les met en oeuvre quand ils lui passent par la tête ou quand ils lui sont soufflés. Aujourd’hui Amnesty international documente deux ans d’inefficacité de l’etat de siège : les attaques des groupes armés n’ont jamais diminué, le nombre de victimes civiles et des déplacés est en constante augmentation, l’état de siège n’aurait servi que de prétexte pour réprimer les droits humains.
Politiques, ONG, population… exigent sa levée ou au moins la réévaluation de son efficacité réelle en place de le proroger automatiquement. Ceux qui revendiquent son maintien ont-ils cherché à savoir combien il nous coûte et ce que nous gagnerions à l’abolir ? Le pouvoir a-t-il cherché à dénicher les nouveaux impetrants qui en tirent les ficelles financières car chez-nous chaque projet ameute ses profiteurs.
La vérité est comme Tshisekedi lui-même avait promis son retrait, il est temps de se débarrasser de ce nouveau machin qui ne nous sert à rien et qui depuis deux ans coûte de l’argent, de l’énergie qui auraient pu servir à de nombreuses autres priorités comme le financement et la reconstruction d’une armée républicaine dissuasive, comme l’amélioration en général de notre gouvernance défaillante. Et maintenant que les élections approchent d’autres chantiers comme l’assainissement du processus electoral devraient nous occuper. Il faut lever l’etat de siège, ce sera une épine en moins aux pieds de la Republique…
Ce journal ne donne que de mauvaises nouvelles sur la RDC. Tous n’est pas que sombre là bas! On dirait que vous êtes payer pour ça!
@ Laurrick
Une rapide et humble précision peut-être même inutile, cher ami, si vous permettez.
Hélas, souvent les trains qui arrivent à temps n’intéressent personne, seuls ceux qui arrivent en retard attirent les regards. Il en est de même pour la presse ou des analyses des sociétés ; Afrikarabia ne fait pas exception mais complote-t-il pour autant pour ne livrer que des mauvaises nouvelles sur notre pays ? Je n’en suis pas aussi sûr. Le plus fructueux c’est de lui faire part plus précisément de ce qu’il vous arrive de lui reprocher.