Dans son dernier documentaire, Thierry Michel raconte 25 ans de guerres congolaises, et dénonce des crimes toujours impunis. Mais «L’Empire du silence», sur les écrans le 16 mars, relaye surtout la campagne «Justice For Congo» du prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, qui demande aux institutions congolaises et internationales d’organiser des procès. En France, 17 députés portent une proposition de résolution visant à demander aux Nations unies de mener des enquêtes sur les crimes au Congo depuis 1993.
Le film coup de poing de Thierry Michel, « L’Empire du silence », n’est pas un simple documentaire sur les 25 ans de tragédie qu’a vécu et que vit encore la République démocratique du Congo (RDC). Avec ce film, le cinéaste veut mettre fin à plus de deux décennies de silence de la justice internationale et congolaise sur les massacres sans fin qui ont secoué le Congo de la fin des années 1990 jusqu’à aujourd’hui. Une impunité que les Congolais paient encore cash, puisqu’une centaine de groupes armés pullulent encore dans l’Est du pays. Une guerre sans fin, dans laquelle les auteurs des crimes sont nombreux : groupes rebelles, politiciens, militaires congolais, mais aussi armées des pays voisins.
Un rapport dans le tiroir
Thierry Michel retrace l’histoire des guerres du Congo dans un long périple à travers « sept provinces martyres » – relire notre article. Le cinéaste s’appuie notamment sur le Rapport Mapping des experts de l’ONU qui ont répertorié plus de 600 cas de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité entre 1993 et 2003. Thierry Michel a retrouvé les témoins, et leurs paroles sont glaçantes. « Les corbeaux ne savaient plus voler tellement ils avaient mangé de chair humaine » raconte le journaliste Deogratia Namujimbo. Mais ce rapport, contesté notamment par le Rwanda, a été rangé dans les tiroirs de l’ONU, sans que la justice internationale ou congolaise n’y donne suite. Le film ne s’arrête pas au Rapport Mapping et documente également les crimes de masse les plus récents, comme la répression sauvage des miliciens Kamuina Nsapu par le pouvoir dans les Kasaï. 5.000 morts ont été recensés par l’Eglise catholique et deux experts de l’ONU y même été décapités en 2017.
« Pas de paix durable sans justice »
Le film « L’Empire du silence » entend aller plus loin que la simple séance de cinéma. Le documentaire va en effet servir de support à la campagne « Justice For Justice », soutenue par le prix Nobel de la paix congolais, Denis Mukwege, pour qui, « Il n’y a pas de paix durable sans justice. Or, la justice ne se négocie pas ». Le film entend sensibiliser le grand public avec le soutien de nombreuses organisations des droits de l’homme, comme la FIDH, l’ACAT, Human Rights Watch, ou Amnesty. « L’Empire du silence espère surtout faire bouger les lignes pour instaurer un véritable mécanisme de justice transitionnelle au Congo, ou que la justice internationale se saisissent enfin du dossier congolais.
Une proposition de résolution française
A Paris, les appels du docteur Denis Mukwege ont récemment été entendus par un groupe de 17 députés, emmené par Frédérique Dumas. Ces députés viennent en effet de soumettre une proposition de résolution réclamant la mise en place des recommandations du Rapport Mapping. La proposition portée par la députée des Hauts-de-Seine invite le gouvernement français à demander officiellement au Haut‑Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme de mener des enquêtes en République démocratique du Congo sur les crimes commis depuis 1993 jusqu’à aujourd’hui. Le texte demande également la mise en place d’un tribunal pénal international « qui ferait progresser les cas avérés de violations des droits humains remontant à avant 2002 ou la création d’une juridiction internationale ad hoc de composition mixte ». Le film « L’Empire du silence » sera visible sur les écrans en France à partir du 16 mars 2022.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Auriez-vous la bonté de bien vouloir expliquer à vos lecteurs pour quelles raisons faut-il commencer les enquêtes sur les crimes commis en RDC seulement en 1993. Que s’est-il passé avant 1993 qui impose un tel black-out ? Une partie de l’Histoire congolaise que l’on veut occulter pour donner un sens bien précis, mais tronqué et forcément tendancieux, aux conclusions que l’on soumet ouvertement ou insidieusement aux téléspectateurs ? Se borner à un espace temps, bien trop restreint, pour conclure à une vérité judiciaire risque de se retrouver à mille lieues de la vérité historique.
Docteur Mukwege le répète à l’envi que les crimes commis ne peuvent rester impunis mais la communauté internationale fait le sourde oreille, c’est vrai que ce sont que des pauvres noirs et ce ne sont pas des blancs chrétiens comme en Ukraine .I rest my case.
Docteur Mukwege le répète à l’envi que les crimes commis ne peuvent rester impunis mais la communauté internationale fait la sourde oreille, c’est vrai que ce sont que des pauvres noirs et ce ne sont pas des blancs chrétiens comme en Ukraine .I rest my case.