Un ancien officier de l’armée congolaise ne croit pas à la version officielle du suicide de l’ex-patron des renseignements militaires en février 2020. Gabriel Maindo veut délivrer sa version de l’affaire au cours de trois conférences*.
Effarement et incrédulité. Ce sont les deux mots qui viennent à l’esprit de Gabriel Maindo lorsqu’il apprend le 28 février 2020, au petit matin, la mort de Delphin Kahimbi, l’ancien patron des renseignements militaires congolais. Ex-officier de l’armée, Gabriel Maindo était un proche de Delphin Kahimbi. Le contexte de sa mort et les nombreuses zones d’ombre qui ont entouré l’enquête de la commission militaire et le procès qui a suivi, ont poussé Gabriel Maindo à sortir du silence. Comme de nombreux membres de l’entourage du général, il réfute la thèse du suicide. L’ancien officier en veut pour preuve les nombreux SMS échangés avec Kahimbi le jour de sa mort. Gabriel Maindo affirme avoir eu un dernier contact à 07h23. L’épouse du général ayant donné l’alerte de son décès aux environs de 08h00.
« Un complot pour m’arrêter »
La mort de Delphin Kahimbi intervient dans un contexte d’extrêmes tensions entre le pouvoir en place et le très puissant chef des renseignements militaires. Enfin effet, quelques heures avant la découverte de son corps, le général Kahimbi avait été relevé de ses fonctions et placé en résidence surveillée après deux auditions par le Conseil national de sécurité (CNS). On accusait Kahimbi d’avoir mis sur écoute l’actuel président de la République et certains de ses collaborateurs. Une accusation toujours réfutée par le chef des renseignements – voir notre article. Dans les SMS consultés par Afrikarabia, le général dénonçait « un complot, avec un effet recherché : (son) arrestation ». « Jusqu’à aujourd’hui, les autorités congolaises n’ont apporté aucune preuve de ces écoutes téléphoniques » accuse Gabriel Maindo.
Des versions contradictoires
Pour Gabriel Maindo, les différentes versions présentées par la veuve du général et de sa mère, l’enquête bâclée et la relaxe de tous les prévenus pendant le procès, démontrent « que la vérité a été volontairement dissimulée par les autorités congolaises et la justice ». La thèse du suicide ne passe pas pour les anciens collègues du général. La veuve de Delphin Kahimbi avait d’abord annoncé que son mari était mort « d’une crise cardiaque », avant que le président de la République ne parle de « pendaison », les marques d’une corde ayant été détectées lors de l’autopsie. « Pour valider la thèse officielle du suicide, un nouvel expert médecin, Paul Kabasele, a fait son apparition et délivré sa version, sans avoir pratiqué de contre-expertise » s’offusque l’ex-officier.
Une mort qui arrange tout le monde
Gabriel Maindo s’étonne également que la justice n’ait pas poussé la piste du domestique « Gérard », employé chez Delphin Kahimbi, et qui a mystérieusement disparu le jour du décès. « Une amie de l’épouse du général a prétendu qu’il était mort, et là encore, aucune recherche n’a été faite par la justice » dénonce Maindo. Selon lui, Delphin Kahimbi a été éliminé « parce qu’il en savait trop ». Trop sur Joseph Kabila, mais aussi trop sur Félix Tshisekedi. Selon Gabriel Maindo, Delphin Kahimbi s’était fortement opposé au « deal » entre Kabila et Tshisekedi après la présidentielle de 2018. « Kahimbi ne voulait ni de Tshisekedi, ni même de Fayulu et il cherchait à imposer Emmanuel Shadary coûte que coûte ». Après sa destitution, Delphin Kahimbi aurait menacé de dévoiler l’accord secret passé entre Kabila et Tshisekedi. Un accord conclut sous le parrainage de l’Afrique du Sud, comme le montre ce SMS (ci-dessous) échangé entre Maindo et Kahimbi.
Dans cette mort bien mystérieuse « qui arrange tout le monde », Gabriel Maindo souhaite qu’une nouvelle enquête soit ouverte. « Les explications officielles n’arrivent pas à me convaincre. J’ai eu à échanger avec le général jusqu’à quelques minutes avant son décès, et ce n’était pas un homme suicidaire avec qui je discutais. Delphin Kahimbi avait de l’argent et comptait employer de grands avocats pour se défendre dans l’affaire des écoutes. Nous sommes très nombreux dans l’armée à douter de la version officielle ». Alors, pour faire bouger les lignes, Gabriel Maindo organise trois conférences*. Il compte donner sa version complète de la mort de Delphin Kahimbi, qu’il considère être « un crime d’Etat ». Analogie à peine voilée avec l’affaire Chebeya, où la vérité a bien fini par éclater.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
* Mise à jour : les conférences de Gabriel Maindo prévues les 22 janvier à Bruxelles, 29 janvier à Paris et 5 février à Amsterdam, ont été annulées par les organisateurs pour des questions de sécurité.
Et, la suite
Nous sommes un peu satisfait des vos infos.
Bien sûr, je compatis aux douleurs de la famille de Kahimbi, perdre un être cher n’est pas facile surtout dans les circomstances qu’on connait. Je rends hommage à Gabriel Maindo pour son courage et pour sa fidèlité envers son ancien pote.. Cela étant dit, » Qui tue par l’épée périra par l’épée ». Le fameux Général Delphin Kahimbi a tué beaucoup de gens que le régime de « Joseph Kabila » percevait comme gênant et dangereux. Je connais personnellement une famille à New York dont le fils a disparu aprés avoir atterri à l’aéroport de Ndjili. Selon, les nouvelles, il a subi un interrogatoire choc conduit par Kahimbi lui-même. Toute vie humaine est sacrée, des histoires pareilles sont légion dans les services de sécurité au RDC (DMIAP, ANR etc…) Je ne suis un fan de « JKK » mais force est de constater qu’ il a agréablement surpris tout le monde pour son courage et réalisme. Son arrangement et accord avec Fatshi ont sauvé le RDC du crash, de la violence. Si seulement, les politiciens congolais pouvaient adopter son mutisme et style, le gars n’est pas le genre à parler pour parler.
La mort de Kahimbi c’est une épée sur la tete de Felix .Il sera poursuivi meme apres son depart du pouvoir.
Le mutisme de JKK n’est pas un signe de sagesse. C’est pour cacher son ignorance, considérant qu’il n’a aucune connaissance intellectuelle. Et pour tuer, il en a tué des millions… Bundu dia Congo, Kamuina Nsapu, des villages entiers, fosses communes de Maluku, de KINGAKATI où beaucoup ont finis dans les intestins des crocodiles et alligators. Même TSHISEKEDI, c’est à mettre sur le compte noirci de JKK.
mieux vaut garder un silence précieux comme JKK au lieu d’exposer sa profonde ignorance avec des allocutions vaniteuses comme tshilombo sur qui répose lourdement la responsabilité de cet assassinat…
ce sanguinaire de felix n’a pas épargné la vie de cherubin okende et plusieurs adeptes wazalendo à goma…il devra comparaître pour ces crimes tôt ou tard
La vraie version se cache derrière une personne appelée RIGO IYONGO qui était son petit le plus suspecté mais discret en tout…