Les manifestations des opposants au président Joseph Kabila du jeudi 26 mai ont été interdites à Goma, Lubumbashi, Matadi et Mbuji Mayi. Seuls les rassemblements de Kinshasa et Uvira ont été autorisés, alors que l’opposition maintient sa mobilisation sur l’ensemble du territoire dans un climat de tension extrême.

En janvier 2015, au moins 42 personnes ont été tuées dans les manifestations contre la loi électorale © Twitter – DR
Les manifestations de l’opposition contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila ne pourront pas se tenir dans plusieurs villes importantes de République démocratique du Congo (RDC). Les autorités provinciales du Nord-Kivu, de Lubumbashi dans l’ex-Katanga, de Matadi et de Mbuji Mayi ont interdit toute mobilisation populaire ce jeudi. Trois plateformes d’opposition (Dynamique, G7 et Front citoyen) ont appelé à descendre dans la rue. En cause : la publication de l’arrêt de la Cour constitutionnelle congolaise autorisant le chef de l’Etat à se maintenir à son poste au-delà de son mandat si les élections n’avaient pas lieu dans les temps. Une hypothèse plus que probable.
Les raisons de l’interdiction
Les raisons de ces interdictions invoquées par les autorités sont multiples. Pour Julien Paluku, le gouverneur du Nord-Kivu, les trois plateformes qui appellent à la mobilisation « n’existent pas légalement ». A Lubumbashi, fief du nouvel opposant Moïse Katumbi, le maire de la ville estime que « la décision de la Cour constitutionnelle est inattaquable ». A Mbuji Mayi, les autorités expliquent que l’opposition ne donne « aucune motivation sur le bien fondé de la marche ». Et de prévenir que les contrevenants « répondraient de leurs actes ». Dans la province du Bas-Congo, après l’arrestation de plusieurs cadres de l’UNC de l’opposant Vital Kamerhe,la ville de Matadi a également décidé d’interdire tout rassemblement.
Contenir la contestation
La journée de jeudi sera don particulièrement tendue en RDC. D’autant plus que le Front citoyen a maintenu toutes les marches dans le pays. Dans ce bras de fer qui s’engage entre le pouvoir et l’opposition, les autorités tentent d’éviter l’embrasement. En autorisant les marches seulement à Kinshasa et Uvira, le pouvoir espère pouvoir contenir et limiter la contestation. Plusieurs hauts responsables congolais étant visés par des risques de sanctions ciblées de la part de la communauté internationale, les manifestations « doivent être gérées dans le calme » dit-on à Kinshasa.
Des hauts responsables congolais sous surveillance
On se souvient que les précédentes mobilisations de janvier 2015 à Kinshasa et Goma (au moins 42 morts) et d’avril 2016 à Lubumbashi, avaient été violemment réprimées par les forces de sécurité. Les patrons de la police, des services de renseignements et certains ministres sont désormais dans le collimateur des Etats unis et de l’Union européenne. Ils risquent de voir leurs avoirs gelés et leurs déplacements interdits à l’étranger. Jeudi, les yeux se tourneront vers Lubumbashi, la capitale de la riche province minière, devenue la base de soutien de l’opposant Moïse Katumbi. Le riche homme d’affaire, accusé « d’atteinte à la sûreté de l’Etat » depuis sa candidature à la présidentielle, est actuellement en Afrique du Sud pour des soins. Ses partisans braveront-ils l’interdiction de manifester ? C’est ce que les autorités et de cette province stratégique redoutent.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia