Crise cardiaque, empoisonnement, coups à la tête… la mort suspecte du juge Raphaël Yanyi interroge toujours après les résultats de l’autopsie qui concluent à « une hémorragie intra-crânienne », ce que conteste la famille.
Les cafouillages se poursuivent et les versions se multiplient autour des causes de la mort mystérieuse du juge Raphaël Yanyi. Le magistrat de 51 ans officiait à la tête du tribunal en charge du procès de Vital Kamerhe, le directeur de cabinet du président Tshisekedi, accusé de détournement de fonds publics. Sa mort avait créé un véritable électrochoc, alors que ce procès explosif passionnait les Congolais. Mais les résultats très attendus de l’autopsie apportent davantage de questions que de réponses sur les raisons de la mort du juge Yanyi.
Empoisonnement ou hémorragie crânienne ?
Le jour du décès surprise de Raphaël Yanyi, la police congolaise avait d’abord indiqué que le magistrat avait succombé « des suites d’une crise cardiaque ». Une première autopsie est alors réalisée. Les résultats fuitent dans la presse et Radio Okapi, la radio des Nations-Unies, révèle que le juge Raphaël Yanyi a été victime d’un empoisonnement. Des traces de produits toxiques ont en effet été retrouvées sur le corps du magistrat.
Mais surprise, une seconde autopsie donne un tout autre résultat. Le ministre de la Justice l’a dévoilé ce mardi 16 juin. Selon le médecin légiste, le magistrat est décédé d’une « hémorragie intracrânienne » résultant d’un « traumatisme » crânien et des « coups » reçus « à un endroit très sensible du crâne ». Un « acte ignoble » selon le ministre, qui confirme qu’une enquête pour « meurtre » est ouverte.
Les doutes de la famille
Cette nouvelle version avancée par les autorités congolaises n’a pas vraiment convaincu la famille du juge Yanyi. Les résultats officielles de l’autopsie « contredisent les deux rapports préliminaires dont la teneur leur a été révélée », a déclaré un membre de la famille au site 7sur7.cd. De plus, « la manipulation du corps du défunt par l’expert international a été faite en l’absence de la famille, ce qui rime avec une fraude organisée », poursuivent les proches du magistrat qui exigent l’ouverture d’une enquête « internationale et indépendante ».
Si on a bien tué le juge Yanyi en lui portant des coups violents à la tête, comme le prétend l’autopsie officielle, plusieurs questions restent encore sans réponses : quand et où a-t-il été agressé ? Selon la famille du juge, Raphaël Yanyi ne se déplaçait jamais seul. Il était toujours accompagné, dans ses déplacement, d’un chauffeur et d’un garde du corps. Comment dans ces circonstances a-t-il pu être agressé ? Pourquoi son chauffeur et son garde du corps n’ont rien déclaré depuis sa mort ?
Un meurtre qui pèsera sur le procès Kamerhe
Ce nouveau rebondissement laisse clairement planer le doute sur la véracité de cette nouvelle version présentée par la justice congolaise. Les premières déclarations de la famille du juge Yanyi, sur ses douleurs au ventre et ses vomissements, avaient privilégié la thèse de l’empoisonnement. Une thèse écartée par le rapport d’autopsie « même si des substances toxiques ont été trouvées à dose non létale dans le corps du défunt ». En tout cas, ces versions divergentes et contradictoires ne risquent pas d’apaiser les soupçons autour du décès du juge Yanyi, dans le contexte d’un procès politique ultra sensible. Mais une chose est désormais sûre : il s’agit bien d’un meurtre… et cette affaire pèsera sans aucun doute sur le procès Kamerhe.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia