Un nouveau témoignage, recueilli par Afrikarabia, désigne la piste militaire, dans l’assassinat du journaliste de Radio Okapi, abattu à Bukavu en juin 2007. Un ancien officier congolais accuse un major FARDC et deux soldats, tous les trois casques bleus en Centrafrique, d’être les exécutants d’un assassinat commandité par le général Gabriel Amisi.
L’assassinat il y a huit ans du journaliste de Radio Okapi, Serge Maheshe avait soulevé une vive émotion en République démocratique du Congo (RDC). Le 13 juin 2007, le journaliste était abattu en pleine rue, à Bukavu, par deux hommes armés, alors qu’il discutait avec deux amis. A l’époque, le Tribunal Militaire avait été saisi dès le lendemain du crime et la première audience s’était tenue dans un délai record, le 15 juin 2007. 12 prévenus ont été mis en cause : 10 civils et 2 militaires. Rapidement, le procès en première instance est entaché de nombreuses irrégularités. Aucune expertise balistique et aucune autopsie ne sont réalisées. Une ONG, Protection International, a retracé les péripéties judiciaires de l’affaire Maheshe dans un rapport très complet de 217 pages – à consulter ici.
Un procès expéditif
Très rapidement, la procédure, bâclée et sous influence du Magistrat militaire, écarte une piste pourtant intéressante : celle de militaires FARDC et de la Garde républicaine. Le Tribunal s’est en effet cantonné aux aveux de deux suspects civils : Freddy Bisimwa et Mastakila Rwezangabo. Les accusés désignent alors, les deux amis de Serge Maheshe, présents au moment de l’assassinat, comme les « commanditaires » de l’opération, malgré de nombreuses contradictions. Ils seront pourtant tous condamnés à mort fin août 2007. Le procès trouble le Bureau des Nations Unies pour les Droits de l’Homme de la MONUC (BNUDH), qui conclut alors à l’«absence de volonté du Tribunal Militaire de Garnison d’établir la vérité» et pointe 11 principales défaillances. La mutation, peu de temps après le procès, du juge magistrat ayant présidé le Tribunal Militaire de Garnison de Bukavu, a également soulevé de nouvelles interrogations.
Rétractation
En septembre 2007, coup de théâtre dans l’affaire Maheshe. Les deux amis de Serge Maheshe, un temps accusés d’être les commanditaires de son assassinat, sont innocentés par les deux principaux accusés dans une lettre écrite de leur prison. Ils sont acquittés le 21 mai 2008, alors que les 3 autres prévenus, dont Freddy Bisimwa et Mastakila Rwezangabo, restent condamnés à mort. Fin du feuilleton judiciaire. Mais l’affaire Maheshe laisse un goût amer aux proches et amis du journaliste. Le procès a été très suivi et très critiqué par les organisations de défense des droits humains, qui n’ont pas cessé d’en relever et dénoncer les irrégularités. Mais huit ans après les faits, un élément nouveau refait surface depuis la Centrafrique.
La piste centrafricaine
Depuis Bangui, Gabriel Maindo, un ancien officier congolais qui travaille actuellement pour la présidence centrafricaine, recueille les confidences d’un Major congolais FARDC du contingent de la Minusca. L’homme s’appelle Pacifique K. et ne sait pas que Maindo est Congolais. Lors d’une rencontre à Bangui le 9 mai 2015, Maindo apprend de la bouche de Pacifique K., sa participation à l’assassinat de Serge Maheshe à Bukavu. L’opération aurait été montée avec deux autres soldats FARDC, eux aussi intégrés dans la Minusca. Les deux soldats, Arthur B. et Katuzelo M., ont fait partie des 12 personnes poursuivies en 2007 après l’assassinat de Maheshe, sans être inquiétés. Mais toujours selon Gabriel Maindo, ces trois militaires ne sont pas les commanditaires du meurtre. Les vrais donneurs d’ordres seraient le Général Gabriel Amisi (Tango Four) et le Colonel Thierry Ilunga. Le Général Amisi a été récemment nommé par le président Joseph Kabila pour commander la première région militaire de RDC qui regroupe la capitale Kinshasa, les provinces du Bandundu, du Bas-Congo et de l’Équateur. Amisi avait perdu son poste après avoir été accusé par l’ONU de fournir ou de vendre des armes aux groupes armés de l’Est du pays.
Reprendre l’enquête
Selon les informations de Gabriel Maindo, le mobile de l’assassinat de Serge Maheshe serait politique. « Lorsque Gabriel Amisi était dans le RCD, Serge Maheshe était très critique envers le RCD, y compris Azarias Ruberwa. Puis ensuite dans les enquête de Serge Maheshe contre les anciens militaires du RCD qui étaient alors une source de déstabilisation du pays ». Gabriel Maindo souhaite avant tout que l’enquête puisse reprendre et que les auteurs du meurtre et les commanditaires puissent enfin être entendus par la justice. « La balle est maintenant dans le camp de la justice congolaise et de l’ONU dont Serge Maheshe était un employé » conclut Gabriel Maindo.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
C’est affreux ! pourquoi les coupables de la mort du journaliste ne sont pas jugés et condamnés à mort ? qui tuera par l’épée, mourra par l’épée, dit les écritures saintes. Moi, je ne suis pas d’avis que les commanditaires de la mort du journaliste restent en liberté. Je demande à l’autorité suprême de Joseph Kabila, Président de la République, d’instruire la juste comme il se doit. A bon entendeur, salut !
L’eau coule certes vite, mais le sable le rattrape a l’embouchure. L ‘affaire MAHESHE est purement politique.
Tenons, ayant vécu a Bukavu et journaliste de surcroit; il connaissait bien le contour de RCD et les exactions commises par eux. Témoin gênant il a été fauche par les militaires au solde de T4.
Et comme au Congo, on remercie les truands ils sont a la MINUSCA en guise de récompense. Ce dossier ne peut être porter a jour que par les ONGDH. S’il faut attendre la justice congolaise aucune action ne sera entreprise.
Notre frere et Ami Serge Maheshe, tu etait parti pour ne plus revenir, mais Nous te portons dans nos coeurs. ce gens seront un jour condanme. A Dieu la Justice.
Kabila qui vient de déposer une plainte au procureur général de la république contre X comme s’il ignorait les malversations financières de M. Évariste Boshab plusieurs pris en flagrant délit de détournement : 32 millions de dollars américains recouvrés au près du Congo/Brazza en 2004; puis la somme d’un milliard de francs congolais (1 085 000 dollars américains) destinée à la paie de la prime du personnel administratif de l’Assemblée nationale et de ses collaborateurs en 2012(cf. Radio okapi) (NB: un million de dollars signifie que tu peux dépenser cent dollars chaque jour pendant 32 ans. Or M. Bashab prend des dizaines des millions sans s’inquiéter et Kabila le promeut).
En ce qui concerne le meurtre de Serge Maheshe que je connaissais bien et j’admirais, c’est clair que son crime est politique. Il s’ajoute à celui de Pascal Kabungulu dont le présumé meurtrier (Didace Kaningini) se pavane et se moque de tout le monde sans être inquiété. Le cas de Floribert Tchebeya est là aussi. John Numbi n’a jamais été interpellé ne fût-ce que pour clamer son innocence. Comprenez que la Criminalité politique et la corruption semblent être soutenues et entretenues par le pouvoir en place à Kinshasa. Depuis plus de 10 ans au pouvoir M. Kabila a-t-il déjà fait condamner un seul malfaiteur de la République? Qu’est-ce qui lui manque? Les personnes qui croupissent en prison sont les opposants politiques pendant que « les fossoyeurs » de la République, circulent et voyagent partout aux frais du contribuable Congolais.
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