L’accumulation des retards et le manque de moyens financiers oblige la CENI à revoir le calendrier électoral. Un « glissement » qui fait craindre à l’opposition un report de la présidentielle, prévue en 2016.

En 2011, la réélection de Joseph Kabila a été fortement contestée et le scrutin entaché de nombreuses irrégularités – Photo : novembre 2011 à Walikale – Monusco
L’embrouillamini électorale continue en République démocratique du Congo (RDC). Le long cycle d’élections qui doit démarrer en octobre et se terminer par la présidentielle de novembre 2016, paraît de plus en plus hypothétique. Dernier rebondissement en date : la Cour constitutionnelle vient d’ordonner cette semaine l’organisation de l’élection des gouverneurs des provinces nouvellement créées, avant les provinciales. Seul hic : l’élection des gouverneurs a été reportée sine die par le gouvernement faute d’argent. Il semble donc peu probable que les gouverneurs soient en place avant le 25 octobre prochain, date prévue pour la tenue des élections provinciales.
« Boule de neige »
Mais les retards ne s’arrêtent pas là. Les élections communales, elles aussi prévues le 25 octobre sont en passent d’être reportées. Aucune annonce officielle n’est venue encore confirmer son annulation, mais de nombreux membres de la majorité présidentielle ont laissé fuiter leur opposition à la tenue de ce scrutin « trop complexe et trop coûteux à organiser ». Concernant les autres scrutins, l’opposition redoute un « effet boule de neige ». L’élection des sénateurs, par exemple, ne pourra avoir lieu à la mi-janvier 2016 comme prévue, que si les provinciales se tiennent dans les délais : les sénateurs étant élus au suffrage indirect par les députés provinciaux. Idem pour les élections urbaines, qui découlent directement des élections locales.
Quid de la présidentielle ?
De report en report, les retards accumulés peuvent-ils faire « glisser » la présidentielle de novembre 2016 ? Sur le papier non. Mais à y regarder de plus près, de nombreuses « contraintes » pèsent sur la Commission électorale (CENI) pour organiser le scrutin présidentielle. Et tout d’abord la contrainte financière. Le gouvernement ne « décaisse» les fonds qu’avec parcimonie et beaucoup de retard… et pour le moment on est loin du compte. La mise à jour du fichier électoral est toujours en cours et l’enrôlement des nouveaux majeurs et des Congolais de l’étranger restent encore à faire. Les assemblées provinciales doivent également être complètement installées (normalement avant fin décembre 2015). Toutes ces contraintes inquiètent l’opposition congolaise qui redoute le maintien au pouvoir de Joseph Kabila au-delà de 2016, alors que la Constitution lui interdit de briguer un troisième mandat.
Le « glissement » en marche
Une inquiétude nourrit par les déclarations de membres de la majorité présidentielle. Dernièrement, le ministre des relations avec le Parlement, Tryphon Kin Kiey avait déclaré que pour éviter les problèmes financiers et les contestations, le président de la République pouvait parfaitement être élu au suffrage indirect. Un point de vue qui accrédite la thèse selon laquelle, Joseph Kabila souhaite s’accrocher à son fauteuil. Une chose est sûre : la stratégie du « glissement » dénoncée par l’opposition est déjà en marche et le dialogue proposé par Joseph Kabila pour discuter du calendrier apparaît de plus en plus comme un subterfuge pour négocier une période de transition et rester au pouvoir. Le président Kabila avait justement réussi à convertir le député Ne Muanda Nsemi à « une transition de 3 ans », avant que ce dernier, poussé par sa base, ne jette l’éponge et renonce au dialogue. Dans ce contexte politique tendu, un grand meeting de l’opposition est annoncé le 15 septembre à Kinshasa. Une opposition qui espère bien renouveler la mobilisation de janvier 2015, qui avait fait reculer le gouvernement sur le projet de loin électoral.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
laissez-nous le congo
Congolaises, Congolais de la RDC,
A mon avis, laissons briguer un autre mandat Monsieur Joseph Kabila.