Kidnappings, viols en série… l’ONG Human Rights Watch (HRW) estime que des bandes criminelles ont enlevé contre rançon au moins 170 personnes à proximité du Parc national des Virunga entre avril 2017 et mars 2020.

De petits groupes armés de fusils et de machettes agressent, torturent, assassinent et violent dans l’immense parc naturel des Virunga, à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Depuis décembre 2019, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a mené une vaste enquête et interrogé 37 personnes, 28 survivantes de violences sexuelles, dont 5 étaient des enfants au moment des faits. Selon Thomas Fessy, chercheur principal pour la RDC à Human Rights Watch, « des bandes criminelles ont extorqué des rançons exorbitantes à des familles et ont brutalement violé de nombreuses femmes et filles dans le Parc national des Virunga ».
Viols méthodiques des otages féminines
Dans les témoignages recueillis « les survivantes ont raconté qu’elles avaient été enlevées, parfois avec leurs enfants en bas âge, alors qu’elles travaillaient aux champs ou sur le chemin du retour, près de la ville de Kiwanja. Leurs ravisseurs les ont forcés à marcher, les mains liées, pendant plusieurs heures dans le Parc national des Virunga, site inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Elles ont expliqué que les ravisseurs avaient souvent ligoté les mains et les pieds des hommes et les avaient passés à tabac ». Les femmes et les filles ont affirmé que les ravisseurs avaient méthodiquement violé les otages féminines, « à l’exception des filles prépubères et des femmes d’un âge avancé ».
Des rançons entre 200 et 600 dollars
Les victimes ont indiqué à Human Rights Watch « qu’elles avaient été détenues en plein air, exposées à la pluie et au froid de la nuit, pendant environ une semaine et jusqu’à dix jours. Elles étaient à peine nourries ou recevaient de la nourriture de mauvaise qualité ». La plupart n’ont été relâchées que lorsque des membres de leurs familles ont versé une rançon d’un montant de 200 à 600 dollars. Les femmes et les filles étaient souvent violées plusieurs fois par jour et parfois par plusieurs hommes. « Les viols sont motivés par des intérêts économiques car ce que veulent les criminels, c’est de l’argent », a déclaré à l’ONG l’administrateur du territoire de Rutshuru, Justin Mukanya. Ces rançons, même faibles, mettent en danger les familles congolaises qui vivent majoritairement en dessous du seuil de pauvreté.
Absence d’enquête judiciaire
Ce que dénonce Human Rights Watch, c’est avant tout l’impunité pour les auteurs de violences sexuelles et un système judiciaire largement dysfonctionnel en RDC. « Human Rights Watch n’a connaissance d’aucune enquête judiciaire en cours sur les abus commis par ces bandes armées aux alentours du Parc des Virunga et les survivantes reçoivent très peu d’aide », explique Thomas Fessy. Pour l’ONG « le gouvernement congolais devrait agir d’urgence pour mettre fin aux enlèvements et aux abus sexuels généralisés commis par ces bandes criminelles à proximité du Parc national des Virunga. Il devrait solliciter l’appui de la MONUSCO pour élaborer un plan visant à protéger les communautés locales et à empêcher les enlèvements ».
Christophe RIGAUD – Afrikarabia