Après plus de quatre ans de procédure, l’opposant congolais vient d’obtenir l’asile politique en Afrique du Sud. Une décision qui va permettre au pasteur Mukungubila de poursuivre librement son combat politique contre le président Joseph Kabila.
Le pasteur Joseph Mukungubila, accusé par Kinshasa d’être à la tête d’un mouvement insurrectionnel à l’origine de violences en 2013, s’est vu attribuer le statut de réfugié politique par l’Afrique du Sud fin mars. Ce farouche opposant au président Joseph Kabila avait dénoncé à plusieurs reprises les origines rwandaises du chef de l’Etat et avait tenté sa chance en se présentant à la présidentielle de 2006 où il n’avait obtenu que 0,35% des voix. En décembre 2013, des hommes se présentant comme des adeptes du « prophète de l’éternel », Joseph Mukungubila, ont attaqué à Kinshasa, Lubumbashi et Kindu, des sites stratégiques comme le siège de la télévision nationale ou des camps militaires. Selon les proches du « prophète » Mukungubila, ces fidèles « voulaient exprimer leur colère après une attaque des forces de la garde républicaine de la résidence d’un évêque du ministère de la restauration à partir de l’Afrique Noire (le mouvement de Mukungubila, ndlr) où sa femme a été assassinée ». Mais la riposte des forces de sécurité congolaises est féroce et le mouvement du pasteur dénonce « plusieurs centaines de tués » à Kinshasa, mais aussi dans le fief de Mukungubila à Lubumbashi. Le mouvement récuse toute tentative de coup d’Etat. « Qui peut donc croire qu’on peut faire un coup d’état avec des bâtons ? » souligne le communiqué du pasteur. « La genèse de ces tueries est la publications de deux lettres ouvertes du prophète très critiques envers le régime de Kinshasa » explique les proches de Mukungubila.
« Une victoire judiciaire »
Face à la répression de Kinshasa après les violences de 2013, Joseph Mukungubila fuit la République démocratique du Congo (RDC) pour l’Afrique du Sud alors que certains de ses proches se réfugient en Zambie. Le gouvernement congolais émet alors une mandat d’arrêt contre le pasteur Mukungubila qui sera arrêté en Afrique du Sud, avant, finalement, d’être remis en liberté. Après plusieurs refus de demande d’asile politique, Joseph Mukungubila obtient le statut de réfugié politique le 30 mars 2017 à Pretoria. Pour le pasteur, il s’agit « d’une victoire judiciaire qui démontre bien l’indépendance de la justice sud-africaine ». Le mouvement dénonce toujours l’emprisonnement de plusieurs de ses membres en RDC, « à la prison militaire de Ndolo à Kinshasa, à Kasapa à Lubumbashi, à Dilala à Kolwezi et à Buluwo à Likasi ». La décision de la justice sud-africaine permet désormais à Joseph Mukungubila d’être totalement libre de ses mouvements et de reprendre son combat politique pour le départ du président Joseph Kabila. L’obtention de l’asile politique du pasteur intervient alors que la crise politique bat son plein à Kinshasa. Malgré l’accord politique de la Saint-Sylvestre, la transition politique tarde à se mettre en place et l’opposition redoute un nouveau report de l’élection présidentielle prévue fin 2017. Un contexte qui remet en selle Joseph Mukungubila selon ses soutiens.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia