L’ancien gouverneur du Katanga a annoncé officiellement sa candidature à la prochaine élection présidentielle alors que les opérations d’intimidations du pouvoir continuent.
Katumbi candidat à la présidentielle. L’annonce n’est pas une surprise, mais elle vient clore une longue séquence où l’ex-gouverneur, sollicité par plusieurs plateformes politiques, estimait devoir encore « réfléchir » avant de prendre sa décision. C’est désormais chose faite. Moïse Katumbi a annoncé ce mercredi accepter « avec humilité cette lourde responsabilité« . Soutenu par trois mouvements d’opposition, G7, le Collectif des Nationalistes et l’Alternance pour la République, le patron du TP Mazembe sera donc candidat à la prochaine présidentielle, officiellement prévu le 27 novembre 2016. Dans un communiqué, Moïse Katumbi explique que « depuis ma démission de mon poste de gouverneur du Katanga en septembre 2015, nous avons travaillé à l’élaboration d’un projet de société commun, avec l’ensemble des forces politiques et sociales acquises au changement. » Le nouveau candidat promet d’entamer une tournée nationale à travers tout le pays pour « finaliser le projet« .
Intimidations
Plusieurs événements ont pourtant accéléré la candidature de Moïse Katumbi. Après avoir claqué la porte de la majorité présidentielle fin 2015, et dénoncé un possible troisième mandat du président Joseph Kabila que la Constitution lui interdit, l’ancien gouverneur a été victime d’un harcèlement continue du pouvoir – voir notre article. Opérations d’intimidations, arrestations arbitraires de ses proches, interdiction de décollage de son avion privé, aujourd’hui Moïse Katumbi est visé par une enquête sur « le recrutement de mercenaires » étrangers. Son ancien directeur de cabinet, Simon-Huit Mulongo, arrêté la veille des manifestations du 24 avril, est toujours en détention.
Candidat commun ?
Dans ce contexte de tension politique extrême lié au possible report de l’élection présidentielle par les autorités congolaises, Moïse Katumbi s’estime victime « d’un harcèlement policier et judiciaire, ainsi que d’un dénigrement systématique sur les chaînes de radio et télévision d’Etat. » Le candidat veut alors rétablir « un véritable Etat de droit (…) dans un esprit de concorde nationale. » Du côté de la stratégie politique, Katumbi promet que « dans ce scrutin présidentiel à un tour, la désignation d’un candidat commun de l’opposition reste un objectif majeur » et espère bien rallier à son panache les autres leaders de l’opposition. C’est sans doute sur ce terrain que le président du premier club de foot congolais aura fort à faire. Trois autres candidats (plus ou moins déclarés) sont déjà dans les starting-blocks : Vital Kamerhe, sous les couleurs de l’UNC, Tshisekedi père ou fils pour l’UDPS et un challenger, Martin Fayulu, désigné par son parti l’Ecidé.
« Glissement »
Deux autres combats attendent enfin l’ancien gouverneur de la riche province minière : la résistance aux pressions et aux coups bas du camp présidentiel (et ils seront nombreux) et l’obtention de la tenue des élections dans le délai constitutionnel. Sur ce point, c’est plutôt mal partie. La majorité présidentielle, via la Commission électorale (CENI), est sur le point de faire glisser le calendrier de 14 à 16 mois et tentent d’obtenir une période de transition grâce à un dialogue politique avec l’opposition. La route sera donc encore longue pour le candidat Katumbi. La course à la présidentielle sera une course de fond.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia