La plus grande confusion règne autour du retour du corps de l’opposant Etienne Tshisekedi à Kinshasa pour ses obsèques. Dans une ambiance plutôt malsaine, majorité et opposition tentent de tirer un avantage politique de la mort du Sphinx de Limete.
Qui cherche à récupérer politiquement la disparition de la figure emblématique de l’opposition congolaise ? A peu près tout le monde… majorité et opposition confondues. Presque 10 jours après l’annonce de son décès, le retour de la dépouille d’Etienne Tshisekedi à Kinshasa fait toujours polémique. Et aucune date n’est avancée pour des funérailles que les Congolais veulent nationales. Le décès du patriarche intervient avant la mise en oeuvre d’un accord crucial pour l’avenir politique du Congo. Mais l’accord n’est toujours pas appliqué et plusieurs points de blocages subsistent, notamment concernant la nomination du nouveau Premier ministre et la composition du gouvernement.
Une mort qui change tout
La disparition de la figure tutélaire de l’opposition congolaise pourrait bien faire voler en éclat le maigre consensus qui s’est dégagé de l’accord de décembre. Du côté de la majorité présidentielle, on profite du décès de Tshisekedi pour remettre en cause la composition des membres du Conseil de suivi de l’accord (CNSA) que devrait présider l’opposant historique. Idem pour la nomination du Premier ministre que le Rassemblement de l’opposition avait réservé à Félix Tshisekedi, le fils et dauphin politique du sphinx. Le gouvernement, que dirige un ancien proche de Tshisekedi, Samy Badibanga, qualifié de « traître » par le Rassemblement, essaie également de mettre la main sur l’organisation des funérailles nationales du « président de l’opposition ». Le pouvoir redoute que les cérémonies ne se transforment en manifestation politique et a immédiatement proposé à la famille de mettre à disposition un avion pour rapatrier le corps et la famille à Kinshasa, et de prendre en charge les obsèques. En juillet dernier, le retour d’Etienne Tshisekedi dans la capitale congolaise après deux ans d’exil médical en Belgique avait rassemblé plusieurs centaines de milliers de partisans dans les rues. Un « risque » que les autorités congolaises voudraient bien garder sous contrôle – voir notre article.
« Pas de nouveau gouvernement, pas de rapatriement du corps »
Du côté l’opposition, pas question de se soumettre aux volontés du pouvoir et d’un gouvernement « illégitime ». L’UDPS à Kinshasa pose même ses conditions au retour du corps de Tshisekedi : pouvoir « définir le lieu et la forme de l’enterrement, l’érection d’un mausolée au centre-ville de Kinshasa et la prise en charge des frais par l’Etat ». Mais surtout, l’UDPS exige la nomination du nouveau Premier ministre (Félix Tshisekedi) et l’entrée en fonction du gouvernement « de large union ». En clair :« pas de nouveau gouvernement, pas de rapatriement du corps ! » Pour l’heure, le gouvernement oppose une fin de non-recevoir aux exigences de l’UDPS. Son porte-parole estime qu’il faut ouvrir de nouvelles discussions et trouver un consensus sur la présidence du CNSA, le nom du Premier ministre et la composition du futur gouvernement. En attendant, la dépouille d’Etienne Tshisekedi repose toujours à Bruxelles… sans aucune date de rapatriement en vue.
Katumbi invité surprise
Autre polémique autour du sort du corps d’Etienne Tshisekedi : la volonté de l’opposant Moise Katumbi, en exil judiciaire à Bruxelles, de rentrer au pays avec la dépouille du Sphinx à Kinshasa. Une annonce qui sonne comme un coup de tonnerre pour le camp présidentiel qui pensait avoir « neutralisé » le candidat à la présidentielle en Belgique. Ancien allié du président Kabila, Moise Katumbi a été condamné à trois ans de prison dans une affaire de spoliation de biens. Une condamnation qui le rend inéligible et le destine à finir en prison en cas de retour au pays. Avec cette annonce, le riche homme d’affaires espère que les autorités congolaises ne tenteront pas de l’interpeler le jour du retour du « héros national » . Moïse Katumbi osera-t-il de glisser dans le dernier voyage de Tshisekedi au risque de terminer à la prison de Makala ? Pourtant, le refus de l’UDPS d’utiliser un avion gouvernemental pour ramener le corps de leur patron et le possible affrètement d’un jet privé valide la thèse d’un retour groupé Tshisekedi-Katumbi à Kinshasa.
Funérailles sous haute tension
Ultime question : le fils, Félix Tshisekedi, qui doit reprendre le flambeau politique, donnera-t-il son accord au retour de la dépouille de son père avec Moïse Katumbi ? Aucune information n’a pour l’instant filtré. Car avec le décès du président du Rassemblement, Félix Tshisekedi pourrait être tenté de jouer la conquête du pouvoir en solo, sans s’embarrasser de Moïse Katumbi ? En a t-il les moyens ? Les conditions du retour du sphinx nous en diront un peu plus sur les futurs relations entre Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi. « Instrumentalisation », « marchandage », les Congolais ne sont pas tendres sur les réseaux sociaux avec les politiques qui tentent de récupérer la disparition du « Vieux » à leur profit. Une chose est sûre, les funérailles d’Etienne Tshisekedi à Kinshasa constitueront un événement politique majeur et jetteront les bases de la future recomposition de l’échiquier politique congolais après la mort du patriarche. Pour l’heure, la période de deuil et de recueillement démarre en pleine confusion. « On nous vole notre hommage au héros national qu’est Tshisekedi » peste un Congolais sur Twitter.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Pensez-vous vraiment que la RDC irait mieux avec de tels leaders de l’opposition au pouvoir? Pauvre Congo… une opposition politique déchiré et corrompue, des combattans désunis et illettrés, une diaspora égoiste et irresponssable, des intellectuels corrompues et tribalistes, un gouvernement corrompue et criminel, la majorité de la population analphabete et jeune ….