La République démocratique du Congo (RDC) se classe 152ème sur 180 pays concernant la liberté de presse dans le monde. Reporters sans frontières (RSF) dénonce « une brusque dégradation de la situation » alors que l’élection présidentielle pourrait être reportée après 2016.
Fin de mandat tendu pour le président Joseph Kabila en RDC. Au moment où l’élection présidentielle, officiellement prévue fin 2016, est en voie d’être reportée, le Congo s’enfonce dans une crise politique profonde et recule une nouvelle fois sur le front de la liberté de la presse. Pour l’année 2016, Reporters sans frontières (RSF) vient de classer la RDC 152ème sur 180 : « la troisième plus forte baisse du continent africain ». Le pays recule de deux rangs par rapport à 2015. Dans un climat politique délétère, RSF estime que « le pouvoir harcèle de plus en plus les organes de presse » et note « une brusque dégradation de la situation ». Selon l’association, une dizaine de médias ont été fermés ou suspendus, des émissions interdites, du matériel confisqué et des locaux saccagés dans plusieurs régions du pays.
« Les intimidations se normalisent »
Depuis plusieurs mois, la situation politique s’est fortement dégradée en RDC. L’opposition accuse le président Kabila de vouloir retarder sciemment l’élection présidentielle de fin 2016 pour se maintenir au pouvoir au-delà du délai constitutionnel. La Constitution interdit en effet le chef de l’Etat de briguer un troisième mandat. Dans ce contexte, la presse est particulièrement malmenée : « les détentions arbitraires, les coupures de signaux radio et les intimidations se normalisent » dénonce Constance Desloire du bureau Afrique de RSF. « Robert Chamwami Shalubuto, reporter pour la Radio Télévision Nationale Congolaise et Soleil Balanga, de la radio communautaire Monkoto, ont été assassinés. De nombreux journalistes ont été agressés et menacés, souvent par de hauts responsables civils ou militaires. »
Agressé par l’ANR
« Le droit à l’information n’est pas garanti » en RDC fustige Reporters sans frontières. « Le fondateur du journal C-News, Mike Mukebayi, a été emprisonné pendant onze mois pour avoir dénoncé un scandale de corruption impliquant un cardinal. » Dernier exemple en date, Badylon Kawanda, journaliste à la Radio Tomisa, une station de Kikwit, a été violemment agressé, le 14 avril 2016 dans les bureaux de l’ANR, les services de renseignements congolais. Dans le viseur des autorités, on retrouve également l’ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi. Après avoir claqué la porte de la majorité présidentielle et dénoncé un possible troisième mandat de Joseph Kabila, les médias proches de l’homme d’affaires et de ses soutiens ont été fermés. RSF espère cependant que 2016 marquera « un coup d’arrêt à la dégradation rapide de la liberté de la presse »… pour l’heure c’est plutôt mal partie.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia