Un mois après les arrestations d’activistes à Kinshasa et Goma, sept militants sont toujours détenus sans inculpation. Human Rights Watch s’inquiète de la répression qui s’intensifie autour des mouvements citoyens.
![Activistes Y en a marre](http://afrikarabia.com/wordpress/wp-content/uploads/2015/03/Activistes-Y-en-a-marre.jpg)
Les militants de Y’en a marre, Balai Citoyen, Filimbi, la Lucha ont été arrêtés le 15 mars 2015 à Kinshasa. Sept activistes congolais sont toujours en détention © DR
Depuis le coup de filet du 15 mars à Kinsahsa, avec l’arrestation de 30 militants pro démocratie lors d’une conférence de presse de soutien au mouvement congolais Filimbi, les activistes Sénégalais et Burkinabè ont été libérés et expulsés, mais trois personnes restent détenues « sans inculpation ni accès à une assistance juridique et sans avoir été déférées devant les instances judiciaires compétentes« , précise Human Rights Watch (HRW). Les trois activistes : Fred Bauma de la Lucha, Sylvain Saluseke et Yves Makwambala, sont tous détenus par les services de renseignements congolais (ANR) sans aucun chef d’inculpation. Le 7 avril à Goma, des militants de la Lucha, un mouvement citoyen congolais, sont arrêtés lors d’une manifestation pour demander la libération de leurs camarades de Kinshasa. Ils sont inculpés « d’incitation à des manquements envers l’autorité publique« .
« J’étais sûr que j’allais mourir là »
Pour HRW il y a « urgence à libérer ces activistes sans délai« . L’ONG s’inquiète des conditions de leur détention et dénonce, à Goma, des « passages à tabac » et « des actes de tortures avec de l’eau« . Un militant de la Lucha témoigne : « Il m’a demandé de me coucher sur le dos dans la boue juste sous le robinet. Puis il m’a dit d’ouvrir la bouche et les yeux et de regarder vers le haut. Il a ouvert le robinet avec toute la pression de l’eau de là, et toute l’eau entrait dans ma bouche et mes yeux. Je ne savais plus quoi faire. J’ai commencé à me trembloter. Je ne pouvais pas fermer la bouche ni les yeux. Je pensais que j’allais me noyer. Je n’arrivais pas à respirer. J’étais sûr que j’allais mourir là« .
Crispation politique depuis janvier 2015
Mais depuis mi-avril, la répression s’intensifie autour des mouvements citoyens. D’après Human Rights Watch, des employés de Rawbank, « qui avaient ouvert et géré un compte bancaire pour Filimbi » ont été arrêtés par l’ANR. Et l’un d’entre eux est toujours en détention selon l’ONG. Depuis les violentes manifestations contre la loi électorale de janvier 2015, le régime congolais se crispe et les arrestations se multiplient autour des mouvements citoyens et des opposants politiques. L’ancien député de la majorité, passé depuis dans l’opposition, Jean-Claude Muyambo, dénonce les mauvais traitements qu’il subit depuis son incarcération qu’il considère comme une « vengeance politique« . Le leader de l’UNC, Vital Kamerhe, dont le secrétaire général est déjà en prison pour « injure envers le Chef de l’Etat« , est lui aussi inquiété par une affaire de diffamation. Diomi Ndongala, un proche de l’opposant Etienne Tshisekedi, est lui aussi détenu dans la prison de Makala depuis 2013.
A 18 mois des élections présidentielle et législatives
Cette répression préoccupe Human Rights Watch 18 mois avant des élections générales prévues fin 2016. « Chacun a le droit de s’engager dans des activités pacifiques pour promouvoir le processus démocratique ou s’opposer aux actions gouvernementales« , estime Ida Sawyer, chercheuse à Human Rights Watch. « Les autorités congolaises devraient rapidement inverser la tendance répressive qui détourne la RD Congo de la voie menant à des élections crédibles« .
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
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