Trois ans après l’émission d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), Sylvestre Mudacumura est toujours en liberté et ses forces continuent d’être impliquées dans de graves exactions contre les civils dans l’est du Congo. Human Rights Watch (HWR) exige son arrestation et son transfert à la CPI.
Il y a urgence à arrêter le commandant militaire des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), Sylvestre Mudacumura. L’ONG Human Rights Watch (HWR) rappelle dans un communiqué que le chef des FLDR n’a toujours pas été arrêté, trois ans après l’émission d’un mandat d’arrêt par la Cour pénale internationale (CPI). HRW demande aux autorités congolaises et à la Monusco, le contingent des Nations unies au Congo « de prendre des mesures pour arrêter le chef rebelle ». Neufs chefs d’accusations ont été notifiés par la CPI à l’encontre de Sylvestre Mudacumura, pour crimes de guerre commis dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu en RDC. « Parmi les crimes présumés figurent des attaques contre des civils, des meurtres, des mutilations, des traitements cruels, des viols, des actes de torture, des destructions de biens, des actes de pillage et des atteintes à la dignité de la personne », explique l’ONG.
Plus de 700 meurtres documentés
Depuis trois ans, « peu d’efforts ont été faits pour l’arrêter », affirme Kenneth Roth, le directeur exécutif d’Human Rights Watch. Pourtant, les miliciens des FDLR continuent de commettre des exactions contre les populations civiles. Pendant les trois dernières années, l’ONG a relevé « au moins 94 personnes tuées » par les combattants FDLR, des dizaines de femmes et de filles violées et des enfants recrutés de force au sein de la milice. La Cour pénale internationale recherche Sylvestre Mudacumura pour des faits commis entre janvier 2009 et septembre 2010. Pendant cette période, Human Rights Watch affirme « avoir documenté les meurtres de plus de 700 civils commis de manière ciblée par des combattants des FDLR, souvent en guise de « punition » pour collaboration présumée avec ses ennemis. La plupart des victimes étaient des femmes, des enfants et des personnes âgées que les rebelles ont tailladé à mort à coups de machettes ou de houes, ou qu’ils ont brûlées vives dans leurs maisons. Ces attaques se sont accompagnées de viols généralisés et autres violences sexuelles ».
FDLR : ennemis ou alliés ?
Le peu d’entrain de Kinshasa à lutter contre les FDLR s’explique par l’ambiguité qui règne entre les entre autorités congolaises et la milice hutu rwandaise. HRW explique que le gouvernement congolais « a oscillé entre considérer les FDLR et les mouvements qui l’ont précédé comme un allié et considérer le groupe comme un ennemi ». De nombreux rapports ont d’ailleurs fait état d’une étroite collaboration entre les FDLR et certains officiers de l’armée régulière congolaise. La présence de minerais et de charbons dans la région a également contribué à rapprocher rebelles et militaires pour se partager ce juteux butin.
Mudacumura se cacherait entre Walikale et Lubero
Les FDLR sont présentés comme un groupe armé composé principalement de Rwandais appartenant à l’ethnie hutu et basé dans l’est de la RD Congo., Certains de ses dirigeants ont participé au génocide de 1994 au Rwanda, avant de s’installer au Congo voisin. On estime qu’en 2015, les effectifs des FDLR comptaient environ 1.400 combattants, alors qu’ils étaient estimé à plus de 6.000 en 2008. La dernière opération « Sokola 2 » contre les FDLR a souffert du retrait de la Monusco du dispositif. L’ONU estimait que les généraux Bruno Mandevu et Sikabwe Fall étaient impliqués dans des violations des droits de l’homme. Si 250 combattants ont tout de même été capturés lors de « Sokola 2 », « l’opération ne semble pas inclure d’efforts pour appréhender Mudacumura » dénonce HRW, qui pense que le chef FDLR se cache « à la frontière entre les territoires de Walikale et de Lubero au Nord-Kivu ».
Christophe RIGAUD – Afrikarabia