La nomination de l’ancien Premier ministre togolais fait des vagues à Kinshasa. Proche du président togolais Faure Gnassingbé, Edem Kodjo est accusé par l’opposition de vouloir négocier le maintien au pouvoir de Joseph Kabila.
Les réactions sont très tranchées à Kinshasa sur la nomination par l’Union africaine (UA) de l’ancien Premier ministre togolais Edem Kodjo comme facilitateur du dialogue national politique proposé par le président Joseph Kabila. Pour la majorité présidentielle «c’est quelqu’un dont l’expérience et l’expertise dans le traitement des conflits africains et interafricains, s’impose sur le continent. Une personne qui pourrait utilement aider les congolais à cheminer vers la cohésion nationale » assure le porte-parole André-Alain Atundu Liongo.
Transition ?
Mais l’opposition est plus circonspecte, voire hostile au facilitateur togolais. La Dynamique de l’opposition et le G7, un groupe de frondeurs de la majorité, « ne souscrivent pas à la facilitation africaine ». Une médiation qui ne « favorise pas le déblocage du processus électoral ». Pour l’opposition, ce dialogue n’est là que pour négocier une transition qui permettrait au président Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà du délai constitutionnel. Le mandat de Joseph Kabila doit prendre fin en décembre 2016, la Constitution ne l’autorisant pas à se représenter pour un troisième mandat.
Conseiller de Faure Gnassingbé
Les craintes de l’opposition sont appuyées par la position de Steve Mbikayi, du Parti travailliste, qui soutient l’arrivée du facilitateur Edem Kodjo. Ce député s’est encore récemment déclaré « favorable à une période de transition » pour apaiser la crise électorale avec la nomination d’un gouvernement de transition. Edem Kodjo est-il à Kinshasa pour préparer la transition ? C’est ce que croient savoir l’opposition congolaise, qui est aller cherché un début de réponse dans le curriculum vitae du Togolais. Edem Kodjo est en effet conseiller du président Faure Gnassingbé et à la tête d’une formation politique (Convergence patriotique panafricaine), alliée au parti présidentiel. Le nombre des mandats au Togo devait être limité à deux, mais en fait le projet a été enterré, permettant à Faure Gnassingbé de briguer un troisième mandat. Dans ce contexte, la nomination d’un proche du pouvoir togolais passe mal au sein de l’opposition congolaise qui se demande si Edem Kodjo n’est pas là pour prolonger Joseph Kabila à la tête de la RDC. L’ancien Premier ministre togolais a rencontré le président Joseph Kabila mardi 19 janvier et devait se réunir avec la Dynamique de l’opposition ce mercredi… une invitation déclinée par l’opposition.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia