La Majorité présidentielle prévoit deux manifestations le 28 novembre prochain pour contrer la grande mobilisation de l’opposition qui réclame le départ du président Joseph Kabila.
Face à la mobilisation de l’opposition du 28 novembre contre la publication du nouveau calendrier électoral et le report de la présidentielle fin 2018, la majorité présidentielle descendra également dans la rue. Deux manifestations pro-Kabila seront organisées le 28 novembre. Un premier rassemblement de la Majorité présidentielle (MP), défendra le calendrier électoral et une seconde manifestation, soutenue par le Front pour le Référendum, appellera les autorités congolaises a consulter la population sur un référendum constitutionnel. Deux contre-manifestations qui ne tombent pas par hasard, puisque depuis plusieurs semaines, le Rassemblement de l’opposition avait annoncé son intention de descendre dans la rue le 28 novembre, pour exiger le départ du président Joseph Kabila dont le dernier mandat a expiré le 19 décembre 2016.
Le 28 novembre prochain, il y aura donc potentiellement trois manifestations dans les rues de Kinshasa et des grandes villes congolaises. Une journée à haut risque puisque jusque-là, toutes les mobilisations de l’opposition ont été interdites par les autorités et sévèrement réprimées par les forces de sécurité. Lors des manifestations du 15 novembre dernier, 40 personnes avaient été interpelées par la police. Reste maintenant à savoir si les deux manifestations organisées par la Majorité présidentielle ou des mouvements pro-Kabila seront autorisées.
Une manoeuvre pour justifier l’interdiction des manifestations d’opposition ?
Joseph Kabila semble vouloir jouer avec le feu et tenter de faire pression sur l’opposition en appelant le peuple à le soutenir. Le pari est risqué et pourrait transformer les mobilisations du 28 novembre en journée d’affrontement entre pro et anti-Kabila. Le leader du Rassemblement de l’opposition ne s’y est pas trompé en dénonçant « cette pratique de la Kabilie qui consiste à programmer une marche le même jour que l’opposition ». Mais pour Félix Tshisekedi, cette manoeuvre a pour but de refuser l’autorisation aux manifestations en soutien au président congolais « pour pouvoir justifier l’interdiction » de celle de l’opposition. « Le 28 novembre, notre marche est maintenue, quoiqu’il arrive » prévient le leader d’opposition.
Mais le phénomène le plus inquiétant dans le bras de fer entre majorité et opposition, reste sans doute la volonté affichée d’une partie de la Majorité présidentielle de vouloir organiser un référendum constitutionnel. Une modification de la Constitution pourrait en effet ouvrir la porte à un possible troisième mandat du président Kabila, ce que lui interdit pour le moment la Constitution congolaise. Une demande d’autant plus étrange que dans le dernier accord signé entre majorité et opposition le 31 décembre 2016, les deux parties s’étaient entendues pour ne pas chercher à modifier la loi fondamentale. L’accord de la Saint-Sylvestre étant enterré depuis l’annonce du nouveau calendrier électoral, le projet de modification de la Constitution pourrait remettre le feu au poudre. Les manifestations pour demander le départ de Joseph Kabila du pouvoir ont déjà fait « au moins 56 morts entre avril et octobre 2017 », selon l’Eglise catholique.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia