La campagne en vue des élections générales du 23 décembre a été suspendue à Kinshasa au moment où l’opposant Martin Fayulu devait tenir un meeting. Les rumeurs d’un report du scrutin se font de plus en plus pressantes.
Coup frein dans la campagne électorale de l’opposant Martin Fayulu à quatre jours des élections présidentielle, législatives et provinciales en République démocratique du Congo (RDC). Alors que la campagne est violemment réprimée par les autorités congolaises, avec plus de 7 morts, des meetings perturbés et des déplacements d’opposants annulés, le gouverneur de Kinshasa a brusquement clos la campagne électorale ce mercredi. Une suspension qui intervient alors que Martin Fayulu devait tenir une réunion publique dans la capitale. Le gouverneur de la ville affirme avoir pris cette décision « pour des impératifs sécuritaires » et concerne « l’ensemble des candidats président de la République, sans exception aucune ». Mais c’est bien le candidat de la coalition Lamuka, Martin Fayulu, qui est visé par cette mesure.
Fayulu empêché d’entrer à Kinshasa
Au même moment où le gouverneur de Kinshasa venait de baisser le rideau sur la campagne kinoise, le convoi du candidat Fayulu, de retour de meeting du Bandundu vers la capitale, était brusquement bloqué par des militaires sur la Nationale 1 au niveau de la bifurcation de Maluku. « Après m’avoir empêché d’atterrir à Kindu, après avoir attaqué mon cortège et tué mes supporters à Lubumbashi et Kalemie, détourné mon avion vers Goma… La kabilie m’empêche de rentrer à Kinshasa. De quoi ont-ils peur ? » s’est indigné Martin Fayulu sur son compte Twitter. Dans l’après-midi, la police a démonté la tribune sur laquelle l’opposant devait s’adresser à ses partisans, place Sainte-Thérèse. Ironie du sort, pendant ce temps, les sympathisants d’Henri Mova, ministre de l’Intérieur et candidat à la députation battaient tranquillement campagne dans les rues de Kinshasa.
Scrutin retardé ?
Cette fin de campagne électorale sur fond de répression montre le vrai visage d’un régime en bout de course, qui se sert des atours d’un semblant démocratie pour se maintenir au pouvoir. Mais au-delà de la répression politique, un chaos logistique prévisible se met petit à petit en place. Après les problèmes financiers, les retards dans le déploiement des machines à voter, l’incendie opportun de matériel électoral à Kinshasa, voilà maintenant que ce sont les procès verbaux papier qui ne sont pas arrivés. Près de 166 tonnes sont attendues d’ici à jeudi 20 décembre et doivent être déployés au plus tard samedi dans plus de 21.000 centres de vote et 179 centres locaux de compilation des résultats. Autant dire mission impossible dans ce pays-continent grand comme cinq fois la France sans infrastructure de transports. La Commission électorale (CENI) s’apprêterait à solliciter un report de quelques jours afin d’acheminer l’ensemble des procès verbaux. Le président de la CENI devrait s’exprimer sur le sujet ce jeudi.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Intéressant, le pays est vraiment sur une très mauvaise voie