L’Assemblée nationale a fait tomber ce mercredi le gouvernement de Sylvestre Ilunga. Le président Tshisekedi se retrouve à la tête d’une nouvelle majorité hétéroclite, mais reste sous la menace des députés pro-Kabila dissidents, majoritaires au sein de sa nouvelle coalition.
Sale temps pour la Kabilie. Après la défaite d’Emmanuel Ramazany Shadari, le dauphin de Joseph Kabila, à la présidentielle de 2018 et la chute de la présidente de l’Assemblée nationale, c’est au tour du très kabiliste Premier ministre Sylvestre Ilunga de se voir destituer ce mercredi. C’est par une écrasante majorité de voix que le gouvernement Ilunga est tombé. En l’absence des députés FCC toujours fidèles à Joseph Kabila, qui avaient boudé la séance, 367 députés se sont prononcés pour la destitution du gouvernement et seulement 7 contre. Le chef de l’exécutif a maintenant 24 heures pour présenter sa démission au chef de l’Etat.
Ilunga absent
Ce mercredi, dans la grande salle du Palais du peuple, c’est une chaise vide qui trônait dans la partie réservée au gouvernement. Le Premier ministre ne s’était pas présenté à la convocation du bureau provisoire de l’Assemblée nationale pour l’examen de sa motion de censure. Déjà convoqué mardi, le Premier ministre avait sorti un ordre de mission pour justifier son absence. Sylvestre Ilunga s’était rendu trois jours à Lubumbashi pour y rencontrer Joseph Kabila, l’ancien président qui avait réussi à imposer son nom pour la Primature. La plénière de mercredi s’est donc déroulée en l’absence du principal intéressé.
« Les échecs du gouvernement »
A la tribune, les signataires de la motion de censure visant à faire tomber le gouvernement Ilunga dénoncent « les échecs répétés, les fautes graves cumulées et l’incompétence notoire du Premier ministre et des autres membres du gouvernement ». Pêle-mêle, la motion accuse l’exécutif d’avoir failli dans le secteur de la sécurité, avec la répétition des massacres dans l’Est du pays, mais aussi avec avec la présence d’armées étrangères sur le sol congolais. Selon les signataires, le gouvernement a également entravé le politique du président Tshisekedi sur le plan économique, judiciaire ou dans la lutte contre la corruption. Le camp présidentiel avait dénoncé à plusieurs reprise le blocage de certains ministres du FCC pro-Kabila, notamment aux finances.
Ilunga réplique
Si la chaise du Premier ministre est restée vide au Palais du peuple, Sylvestre Ilunga s’est tout de même fendu d’un long texte de 12 pages pour contestée la motion de censure de l’Assemblée et tacler au passage le président Tshisekedi qu’il juge co-responsable des échecs de son action. Le Premier ministre estime tout d’abord que le bureau provisoire n’avait pas à organiser cette motion de censure, qui restait en dehors de ses prérogatives. Selon lui, le bureau provisoire aurait d’abord dû organiser les élections du bureau définitif avant de lancer la motion. Un petite leçon de constitutionnalisme destinée à la Cour du même nom, qui avait donné son feu vert au bureau provisoire de l’Assemblée.
Un bilan à partager avec Tshisekedi
Sylvestre Ilunga ironise ensuite sur les caisses vides à son arrivée à la Primature et sur des finances publiques « gérées de manière non orthodoxes », notamment concernant le programme dit des « 100 jours ». Il rappelle également que 52 Conseils des ministres se sont tenus, tous présidés par Félix Tshisekedi, « lequel donnait des orientations ». Enfin, le chef du gouvernement tient à rappeler qu’il y a à peine un mois, l’Assemblée nationale avait voté avec plus de 380 voix la loi de finances 2021. Une manière de rappeler que le bilan de son action, qualifié « d’échec », était à partager avec le président Tshisekedi.
On prend les mêmes…
La destitution du gouvernement Ilunga constitue une nouvelle étape dans la bataille que mène Félix Tshisekedi pour tenter de récupérer le pouvoir jusque-là confisqué par le camp Kabila. Une nouvelle marche vient d’être franchie vers le « déboulonnage » de la kabilie qu’avait annoncé Félix Tshisekedi au début de son mandat. Mais si l’actuel président vient de remporter plusieurs batailles, ébranlant le système Kabila, il n’a peut-être pas gagné la guerre. En composant une « Union sacrée » pléthorique qui ressemble à deux gouttes d’eau à la coalition CACH-FCC, avec les mêmes acteurs, le président Tshisekedi se retrouve maintenant condamner à devoir satisfaire les exigences de ses propres troupes de l’UDPS, mais aussi celles de ses très nombreux nouveaux partenaires aux intérêts souvent divergents.
Les germes d’une instabilité institutionnelle
« Dans un premier temps, Félix Tshisekedi va disposer de davantage de marges de manoeuvre, analyse le politologue Alphonse Maindo. Le président aura les coudées plus franches. Mais attention, gérer plus de personnes, c’est aussi plus de problèmes. On le voit déjà avec les tensions qui éclatent au sein de « l’Union sacrée » entre l’UDPS, Ensemble, le MLC et les dissidents FCC. Ces tensions portent les germes des problèmes futurs. » Félix Tshisekedi va en effet se retrouver à la tête d’une armée mexicaine, et autant dire que la composition du nouveau gouvernement ne sera pas chose facile. Il avait fallu sept mois pour s’accorder avec le FCC, combien de temps faudra-t-il pour satisfaire les multiples familles politiques de « l’Union sacrée » ?
Kabila touché, mais pas coulé
Face aux coups de boutoir de Félix Tshisekedi, Joseph Kabila reste, comme souvent lorsqu’il est en difficulté, muet comme une carpe. « Il donne l’impression de perdre du terrain, constate Alphonse Maindo, mais il garde le contrôle sur l’ensemble des officiers supérieurs de l’armée congolaise. C’est une des dernières cartouches que Joseph Kabila peut sortir à tout moment. Il conserve également la haute main sur l’économie, qui va souvent de pair avec le militaire et le sécuritaire. Les zones les plus riches du pays sont contrôlés par ses fidèles ». Le politologue croit également voir dans la stratégie de Joseph Kabila, « la volonté d’infiltrer « l’Union sacrée » avec ses troupes, et la saborder de l’intérieur. »
Tshisekedi toujours otage du FCC ?
« L’Union sacrée », composée au forceps, constitue un pari risqué pour le président Tshisekedi. Mais avait-il d’autres choix pour garantir sa survie politique ? Les députés FCC qui ont rejoint la majorité présidentielle peuvent à tout moment virer de bord et faire à nouveau tomber l’Assemblée nationale et le gouvernement. Avec des FCC dissidents majoritaires au sein de « l’Union sacrée », le président Tshisekedi reste l’otage des anciens disciples de Joseph Kabila, qui conserve ainsi un excellent moyen de pression sur le chef de l’Etat. Le système Kabila n’est pas encore déboulonné puisque une partie de ce système ce retrouve désormais dans la majorité présidentielle… et Félix Tshisekedi devra composer avec.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Je ne crois pas que dire que le PM a été destitué au forceps soit vraiment fidèle à la réalité des faits. Depuis la rupture de la coalition au pouvoir décrété par Tshisekedi, Ilunkamba avait en fait perdu sa légitimité, il a refusé de demissioner à la demande du Président et vu qu’il avait perdu la confiance et du PR et de l’Assemblée et du peuple mais on ne peut pas dire que le pouvoir ait usé d’un forcing supplémentaire pour le pousser à la porte. Du moment où il avait réuni une majorité nouvelle illustree pour la première fois par la déchéance de Mabunda et de son bureau, sa force numérique lui promettait une victoire certaine. Ça vient d’être
confirmée avec le dernier vote de la motion de censure. Dès lors le voyage précipité de Ilunkamba au Katanga pour consulter son autorité morale, son refrain sur l’incompetence du bureau d’âge à traiter de la motion… n’étaient plus dans le fond que des gesticulations stériles.
Autre chose : à voir les victoires en série du camp présidentiel face au Fcc, il n’est plus vraiment autorisé de parler d’un Fcc qui continue à prendre Tshisekedi en otage, il n’est plus cet obstacle auquel il butait à tous les coups sur son chemin. Les transfuges du Fcc vers l’Union sacrée si majoritaires y soient-ils sont des Congolais qui pour la plupart n’avaient pas d’attache ideologique particulière pour être hier derrière ‘JK’. Ils étaient là d’abord pour les postes, leurs poches ou par proximités tribales et régionales. Ils ne seront donc pas, selon moi, une menace supplémentaire pour Tshisekedi qu’ils ne l’ont pas été auprès de ‘JK’ ; l’opportunisme connu de nos politiciens fera le reste.
En revanche la véritable pierre d’achoppement dans l’entreprise Union sacrée va être l’existence ou non d’un leadership fort, lucide et audacieux au-dessus de nos élus pour qu’ils soient amenés à faire moins mal qu’ils ne l’avaient fait jusque là. Tshisekedi est-il capable de bien l’exercer et durablement ? Il a perdu 2 ans à apprendre et à attendre, à lui de se montrer aussi stratège qu’il nous le montre maintenant pour contourner rapidement les obstacles internes (y compris ceux de son entourage proche) et extérieurs pour adopter d’ores et déjà une gouvernance de changement au service de ses Concitoyens !
De quelle capacité de nuisance contre Tshisekedi (et contre le Congo) ‘JK’ est-il encore capable dans l’immédiat ? Il dispose encore de nombreux et puissants relais dans le pays, officiels et non officiels au sein des cercles des divers pouvoirs, il garde une immense fortune encore capable d’acheter bien des consciences, il ne manque pas d’appuis politiques à l’extérieur surtout dans la région mais il y’a quand même eu chez les Congolais comme un desenvoutement généralisé face à sa puissance. Son monopole sera plus laborieux que dans le passé. Et si son regroupement Fcc et son parti Pprd ne sont pas morts regorgeant encore d’hommes de qualité, il n’empêche que leur poids au sein des différents pouvoirs est en train d’être érodé et bientôt si Tshisekedi ne faillit pas trop, les Congolais auront affaire non à l’ex-petit raïs mais à un nouveau Mulopwe du Congo. Dans ce sens le dernier épisode Ilunkamba ne sera très vite qu’un anodin épiphénomène.
Personnellement tout en acceptant de lui donner une chance j’ai toujours été assez critique envers une bonhomie légère de Tshisekedi qui n’accolait pas ses bons sentiments aux actes, et dans ce sens j’ai assez aimé sa dernière volte-face même si je reste toujours critique et vigilant. J’ose espérer que Tshisekedi s’emancipera de plus en plus de son prédécesseur pour refonder enfin le Congo !
Voilà mon acte militant !
PS
Si selon moi la destitution de Ilunkamba n’a été qu’une suite de formalités – le pouvoir de Tshisekedi n’a pas eu en fait à mener contre lui une bataille supplémentaire – du moment que l’Assemblée avait déjà garanti le renversement de rapports de force par la déchéance actée de son ancien bureau, il faut neanmoins encore regarder du côté de ‘JK’ aaujourd’hui retranché muet au Katanga. Il doit avoir accepté la défaite mais ne manque pas de volonté et moyens politiques comme financiers pour exercer ce qui lui reste de son influence. Il continue à y recevoir ses obligés à qui il ne doit pas manquer de prodiguer des recommandations : son dernier visiteur est curieusement MInaku pour soupçon de trahison ? N’empêche que son entregent dans les affaires du pays à nettement régressé et sage il doit avoir conseillé Ilunkamba à accepter de s’effacer pour le moment. A-t-il d’autres cartes secrètes ? Pas pour l’empêcher d’attendre longtemps dans une inattendue oppisition…
Selon l’Informateur Bahati la majorité constituée par l’Union sacrée compte officiellement aujourd’hui 391 sur les 500 députés C’est dire que nous ne sommes pas retournés au Zaïre du Maréchal avec son totalitaire MPR, il y’à une opposition de 109 députés essentiellement Fcc (+ une infime poignée des députés pro-Fayulu !).
C’est dire aussi que cette majorité écrasante va vite permettre l’investiture d’un prochain gouvernement pro-Tshisekedi et entre-temps le cirque de nouveaux animateurs des différentes institutions (un ticket Udps Mboso/Kabund à l’Assemblée vient d’être officialisé, Bahati à la tête du gouvernement ?, quid au Sénat ?).
Osons espérer que les coulisses de ces nominations plutôt surprises avec un doyen Mboso récompensé d’avoir géré bien et docilement la crise à la tête du Bureau d’âge ne provoqueront pas de remous notamment du côté du duo Bemba/Katumbi. Cet acte crédite mon avis sur le peu d’idéologie chez nos politiciens volontiers pragmatiques. Résultat : malgré l’apparent fourre-tout, Tshisekedi a réussi à s’entourer de politiciens plutôt accommodants sur lesquels il va être le seul à tenir la barre du pays, il n’aura plus de boucs émissaires auxquels il va imputer un blocage de son action. Vaste programme, difficile défi !
Le Premier Ministre Congolais vient d’être destitué. En réalité le menu peuple n’a pas senti sa présence sur la vie quotidienne.
Oui il a déclaré avoir réussi la stabilisation du cadre macroéconomique. Cela me rappelle l’autre PM Matata Ponyo.
La population n’a rien à voir avec les querelles politiciennes et les bousculades de positionnement. Le peuple a besoins de vivre en paix, d’avoir les bonnes routes commes dans les autres pays. Les Routes? Parlons en. Sur le web il est annoncé que le FONER (fond national d’entretien routier) ba bénéficier en 2021 de plus de 484 milliards de francs pour entretenir les routes. Comment voulez vous qu’un service qui n’a aucune benne puisse entretenir les routes pendant qu’il n’a même pas du matériel de jardinage ? Et ceux qui ont pillé toutes les taxes perçues 18 ans durant lors du régime passé sont-ils toujours en poste ? Si oui, les routes seront les mêmes. Entretenues au rythme du cercle vicieux : quelques bêches de terre et à la prochaine pluie les trous reviennent et ont refait la même chose, la même opération et l’argent est justifié.
Je propose ce qui suit : fusionner le FONER et l’OFFICE DES ROUTES. Ce dernier a des engins, l’expertise en ponts et chaussées, des ingénieurs et autres techniciens, et surtout la maîtrise du terrain national. Le Foner serait chargé de récolter les fonds et l’Office des Routes réaliser les travaux. Le résultat sera positif en cas de limiter au minimum la bureaucratie éléphantesque inutilement budgétivore et ainsi éradiquer la politisation de l’entretien de routes en RDC.
Rien à ajouter, tout à fait d’accord avec les deux intervenants.
Felix ne fait que ce que Mike Hammer lui dit de faire la politique americaine au congo ne change pas democrate ou republicain c’est toujours la meme chose ils changent seulement leurs pions ajourd’hui le pion s’apelle felix tshisekedi et demain c’est peut etre katumbi ou fayulu ou bemba voire encore kabila . Un peuple facilement manipulable,des dirigeants facilement domines ,