La Commission électorale (RDC) vient de présenter un fichier « fiabilisé » de 30 millions d’électeurs. Un « nettoyage » qui ne satisfait pas complètement l’opposition et l’APRODEC, une ONG spécialisée dans le contentieux électoral, qui dénonce un manque de transparence.
Sujet hautement sensible, le fichier électoral congolais fait toujours l’objet d’un vif débat depuis les élections chaotiques de novembre 2011. De nombreuses irrégularités et des fraudes massives avaient en effet entaché la réélection du président Joseph Kabila, entraînant un lourd contentieux et une crise politique dont les soubresauts se sont font encore ressentir aujourd’hui. Pressée par l’opposition congolaise et la communauté internationale, la Commission électorale (CENI) a donc procédé à un « nettoyage » du fichier électoral de 2011, dont un bon nombre d’observateurs estimait qu’il contenait des doublons, des électeurs mineurs ou « d’autres irrégularités ». Le 22 mai dernier, Jean-Pierre Kalamba, le rapporteur de la CENI, a annoncé le nombre d’électeurs retenu dans le nouveau fichier actualisé : soit 30.682.599 électeurs (contre 23 millions en 2006). Un fichier qui devra servir de référence pour les futures élections urbaines, municipales et locales, prévues à l’automne 2015.
La jeunesse oubliée
Avec cette remise à plat du fichier de la CENI, le contentieux est-il pour autant soldé ? Visiblement pas pour l’opposition et la société civile. Les opposants à Joseph Kabila, qui craignent que le président congolais, ne veuille briguer un troisième mandat, accuse la CENI d’omettre environ 30% de la population en excluant les jeunes ayant atteint la majorité depuis les dernières élections de 2011. La CENI réplique qu’il s’agit d’un simple choix budgétaire, obligeant à baser son « toilettage »sur les seuls chiffres de 2011.
« 9,8 millions de faux électeurs »
L’APRODEC, une ONG spécialisée dans le contentieux électoral, se montre dubitative sur le nouveau nombre d’électeurs au Congo. En 2011, le fichier « frauduleux » contenait 32.024.640 électeurs. Aujourd’hui, la CENI en dénombre 30.682.599, soit 1.342.041 de moins qu’il y a 4 ans. Selon les calculs de cette ONG, l’ancien fichier électoral de 2011 contenait « plus de 9,8 millions de faux électeurs ». La société civile et l’opposition congolaise demandaient un audit externe de ce fichier « par un prestataire spécialisé » et non par la CENI elle-même. De plus, un rapport rédigé par la société belge Zetes en 2011, mettait en relief le « nettoyage des doublons »… l’APRODEC demande à la CENI de rendre public ce rapport, ce qui n’a toujours pas été fait.
Quel impact pour les provinciales ?
Enfin, l’ONG demande à la CENI « les implications de cette diminution du nombre d’électeurs en termes de nombre de sièges dévolus à chaque province. Rappelons qu’alors la Ville-Province de Kinshasa avait curieusement perdu 7 sièges ! » Longtemps resté dans les tiroirs, le projet de décentralisation provinciale, avec un passage de 11 à 26 provinces, a été voté début 2015, changeant le nombre des assemblées et des élus dans les nouvelles entités territoriales. La prochaine bataille sur le fichier électoral se déroulera donc autour du découpage territorial, un enjeu majeur et une recomposition politique complète pour la République démocratique du Congo (RDC). Un défi, où majorité et opposition veulent conserver leurs fiefs électoraux… une des clés de la prochaine élection présidentielle de 2016.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Cette bote est adressée à la CENI.
Faites un travail honnête, Dieu vous récompensera. Si les fraudes commencent déjà, que ce qui se passerait-il lors de l’opération de vote ?
J’attends la réponse de la CENI quant à ce.
Pingback: Revue de presse du 1er juin 2015 | Tournons la page
Pingback: La biométrie électorale en Afrique (dossier) ** | regardexcentrique