La province nouvellement découpée connait une timide accalmie sur le front sécuritaire et notamment de la part du groupe sécessionniste Kata Katanga. Ce calme précaire peut-il durer à l’heure de la décentralisation des provinces et à l’approche des élections générales prévues fin 2016 ?
Qui l’eût cru ? Alors que la mythique province du Katanga vient d’être démembrée en quatre « provincettes » pour la nouvelle loi de décentralisation voulue par le président Joseph Kabila, les gourdes armés ne se sont jamais fait aussi discrets dans la riche province minière. Plusieurs groupes armés agitent pourtant depuis plusieurs années l’ancien Katanga. Le plus visible et le plus connu est sans doute, depuis 2012, les Kata Katanga (« couper le Katanga »), un groupe armé revendiquant l’indépendance de la province et vivant de pillages et d’exactions sur les populations civiles dans le nord du Katanga. Outre les civils, ce groupe mène régulièrement des attaques contre l’armée congolaise (FARDC). Pourtant, ces derniers mois ont été calmes sur le front sécuritaire. Phénomène curieux lorsque l’on sait que le Katanga vient d’être « coupé en quatre », mettant fin à l’entité administrative de la province. Un « tsunami » politique qui aurait pu raviver les velléités sécessionnistes des Kata Katanga. En mars 2013, la milice avait même débarquée, armes aux poings, dans le centre de Lubumbashi, la capitale provinciale, sans rencontrer de résistance des forces de sécurité congolaises
Fin du Katanga : personne n’a bougé
Le démembrement qui met fin au Katanga, reste en travers de la gorge à de nombreux hommes politiques katangais qui revendiquent l’autonomie, voir l’indépendance de leur territoire. Certains avaient même menacé et pétitionné contre la disparition du Katanga, comme Gabriel Kyungu, le puissant président de l’Assemblée provinciale et à la tête de l’UNAFEC, dont certains membres sont accusés de se comporter comme une milice. Kyungu est également accusé par un rapport parlementaire de soutenir en sous-main les Kata Katanga, tout comme d’autres barons de la provinces, comme Jean-Claude Masangu, l’ancien président de la Banque centrale, Daniel Ngoy Mulunda, l’ancien président de la Commission électorale ou encore John Numbi, l’ancien chef de la police tombé en disgrâce. Tous auraient donc pu réactiver la milice sécessionniste et venir faire le coup de feu à Lubumbashi pour affirmer leur opposition à la fin du Katanga. Pourtant, personne n’a bougé au 30 juin 2015, date de l’éclatement de la province. Les Kata Katanga seraient même « en sourdine » depuis plusieurs mois. Pour quelles raisons ?
Reddition et morts de chefs des Kata Katanga
Un très récent rapport du GRIP (Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité), basé à Bruxelles, s’est penché sur cette « nette baisse d’activité des Kata Katanga » au moment où ils étaient le plus attendus. « Etant donné l’opposition de nombre d’acteurs politiques katangais à la formation de nouvelles provinces et le coup que cette mesure semble porter à l’idée d’un Katanga indépendant, on aurait pu s’attendre à une recrudescence des attaques et des affrontements » note Georges Berghezan. L’auteur du rapport y voit plusieurs explications. Tout d’abord la mort et la reddition de plusieurs chefs Kata Katanga, « ce qui a immédiatement entraîné la baisse des activités du groupe ». Les opération militaires des FARDC contre les Kata Katanga, les campagnes de sensibilisation ont ensuite clairement porté leurs fruits. Certains ont même bénéficié de la loi d’amnistie en 2014.
Décentralisation : Kabila prend tout le monde de vitesse
Le calme actuel au Katanga peut également s’expliquer par « l’effet décentralisation ». Le découpage des provinces, souvent annoncé et maintes fois reporté depuis 2006, a pris tout le monde de court en 2015 lorsque le président Kabila a annoncé son accélération « à marche forcée ». En quelques mois, le président congolais voulait réaliser ce qu’il avait toujours reporté, faute de moyens financiers et d’organisation. Une annonce largement précipitée par la sortie publique du gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, contre un troisième mandat de Joseph Kabila. En démentelant le Katanga, le président se débarrassait (au moins pour un temps) d’un encombrant rival politique. Le démembrement a pris tout le monde de vitesse et rebattu les cartes dans « le clan des Katangais », l’entourage du chef de l’Etat, dont le fief électoral se trouve dans la riche province minière. Personne n’a donc intérêt à déstabiliser la province dans cet « entre deux », alors quel les nouveaux gouverneurs des nouvelles provinces ne seront pas élus avant octobre prochain.
Fin 2016 : période à haut risque
La « pause » ou le déclin des Kata Katanga, peuvent-il être durables ? Pas si sûr. Les facteurs de déstabilisation de la province pourraient se remettre en ordre de bataille à l’approche d’une autre échéance, cruciale, elle, pour l’avenir du pays : l’élection présidentielle prévue fin 2016. Le « grand chambardement » pourrait avoir lieu à cette date… avec plusieurs questions en suspend. Joseph Kabila se représentera-t-il, alors que la Constitution lui interdit de briguer un troisième mandat ? Si il se représente malgré tout, cela se fera-t-il avec l’aide des « barons katangais » ? Si il ne se représente pas, qui sera candidat ? Un autre katangais le sera-t-il ? Katumbi ? La RDC sera-t-elle gouverné pour la première fois par un homme qui ne serait ni balubakat, ni même katangais ? Pour Georges Berghezan « Si cela arrivait, la réaction des notables luba katangais qui monopolisent actuellement les positions de forces dans l’appareil d’Etat, reste difficile à prévoir ». Et de se poser cette question : « Ceux d’entre eux qui ont soutenu les Maï-Maï des années d’occupation, puis les Kata Katanga, encourageront-ils à nouveau des troubles, dans le but d’affaiblir le pouvoir central ou d’obtenir davantage d’autonomie voire l’indépendance complète d’une entité katangaise reconstituée ? ». En attendant, ces mouvements armés, dont les Kata Katanga, constituent une sorte « d’armée de réserve » prête à reprendre le chemin des armes à tout moment. Selon le GRIP, les Kata Katanga regroupaient environ 2.000 hommes, fin 2013.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
En créant des provincettes, est-ce-que la RDC va-t-elle bénéficié quelque chose avec son peuple ? Que Dieu aide le peuple congolais de la RDC de se faire choisir un Président dynamique.