L’ONU s’inquiète de l’augmentation des messages incitant à la haine en République démocratique du Congo (RDC). Les acteurs politiques sont les premiers responsables de ces discours violents, dirigés le plus souvent vers des groupes ethniques.

Tribalisme, racisme, ethnisme, xénophobie, communautarisme homophobie… Le Bureau conjoint des Nations-unies aux droits de l’Homme (BCNUDH) tire la sonnette d’alarme sur « la propagation rapide des discours haineux en République démocratique du Congo ». Le rapport de l’ONU dénonce ces messages de plus en plus nombreux sur les réseaux sociaux, les radios locales, les tracts et la presse écrite. Un sujet de préoccupation majeure selon l’enquête onusienne « en particulier depuis la fin des élections du 30 décembre 2018 ».
Contestation de la citoyenneté congolais
La majorité des auteurs de ces discours haineux étudiés (43%) sont des hommes politiques congolais, suivis par les membres d’organisations de la société civile et de la diaspora. Ceci s’explique notamment « par l’impunité relative dont ils jouissent ». Ces appels à la haine ont de lourdes conséquences sur la sécurité, la protection physique, la vie des citoyens et surtout sur le niveau de violences entre les communautés. Car si ces messages prennent pour cible des personnes et des groupes en vertu de leur appartenance sexuelle, politique ou sociale, la majorité des appels à la haine vise une communauté, et conteste la citoyenneté congolaise de certains groupes ethniques.
Le Sud-Kivu particulièrement touché
Ce regain de tension intervient dans un contexte de crise et de compétition politique entre partisans du président Félix Tshisekedi et ceux de son prédécesseur, Joseph Kabila. Mais aussi dans un contexte de conflit avec de nombreux groupes armés et de lutte pour l’accès à la terre. On retrouve dans la répartition géographique de ces cas d’incitation à la haine, une nette différence entre les conflits inter-communautaires, à l’Est, et les tensions politiques, dans la capitale. De mai à décembre 2020, sur les 3.034 cas probables de discours et messages incitatifs à la haine, l’ONU a noté que 39% des allégations sont issus de la province du Sud-Kivu, suivie de Kinshasa (19%), puis des provinces de l’Ituri et du Lualaba, 13% chacune.
« Les Kasaïens ont importé le coronavirus au Lualaba »
Les frictions politiques génèrent également des tensions ethniques. Au cours du mois de décembre 2020, le BCNUDH a relevé la diffusion, au sein de la province du Lualaba, d’au moins deux messages incitants à la haine contre les populations originaires des provinces du Kasaï et émanant d’acteurs et militants politiques. Le 9 décembre, des militants du FCC pro-Kabila ont défilé dans les rue de Kolwezi pour sensibiliser, par haut-parleur, la population à l’arrivée de l’ancien président Joseph Kabila. Les messages disaient que « Les Kasaïens ont importé le coronavirus au Lualaba ».
« Chasser les étrangers Banyamulenge »
Les Luba et les Banyamulenge sont particulièrement visés par ce genre de discours haineux dans respectivement 37% et 31% des cas documentés par l’ONU. Entre novembre 2019 et le 22 janvier 2020, le Bureau des nations unies pour les droits de l’homme a également repéré plusieurs messages vocaux et vidéos anonymes incitant à la haine, issus de la diaspora des différentes communautés de la province du Sud-Kivu. Un de ces messages, datant du 20 janvier 2020, incitait « le peuple congolais de se munir de machettes et de lances pour chasser les étrangers Banyamulenge pour qu’ils retournent chez eux au Rwanda ».
« Ici dans l’espace Katanga, c’est chez Joseph Kabila »
Au Nord-Kivu, un territoire où sévit toujours une cinquantaine de groupes armés, le BCNUDH a rapporté plusieurs messages issus de la communauté Nande et accusant les « non-originaires » de la province d’avoir importé la maladie à virus Ebola dans le but de les « exterminer ». Ces messages avaient par ailleurs donné lieu à des attaques contre les convois de l’équipe de riposte. En septembre 2020, dans l’ex-Katanga, une vidéo du député national et haut cadre du FCC, Félix Kabange Numbi, affirmait que « Chacun a un chez soi. Ici dans l’espace Katanga, c’est chez Joseph Kabila Kabange ». Une déclaration qui a suscité des inquiétudes quant à la protection des personnes d’origine kasaïenne. En 1992 et 1993, les pogroms anti-kasaïens au Katanga avaient occasionné entre 50.000 à 100.000 morts.
Plusieurs « atteintes à la vie » au Kongo Central
Le 12 avril 2020, Ne Muanda Nsemi, le leader du mouvement politico-religieux Bundu Dia Kongo (BDK) a publié un tract exigeant le départ des « étrangers » et non-originaires de la province du Kongo Central. Le message ciblait particulièrement les communautés d’origine Baluba, Bangala et Baswahili, détaille le rapport de L’ONU. L’appel n’a pas tardé à produire des effets. Le 13 avril 2020, des adeptes du mouvement, estimés à plusieurs centaines, ont érigé des barricades sur la voie publique, dans des localités de la province du Kongo Central. « Plusieurs atteintes au droit à la vie et à l’intégrité physique » ont été documentés par le BCNUDH.
« Renforcer la législation »
Tous ces signaux d’alarme sont particulièrement préoccupants. « Ces discours agissent à la fois comme un indicateur d’alerte précoce et un déclencheur potentiel de violence en soi » explique l’ONU. Pour enrayer la flambée des discours haineux, le BCNUDH appelle les autorités congolaises à « renforcer la législation » en se conformant « aux normes et standards du droit international des droit de l’homme afin de préserver les libertés d’opinion, d’expression, d’association et de réunion pacifique ». En septembre 2020, le député Gary Sakata (FCC) avait élaboré une avant-proposition de loi contre le tribalisme, le racisme et la xénophobie. Mais la guerre de tranchée que se livrent les partisans du président Tshisekedi et ceux de Joseph Kabila pour le contrôle effectif du pouvoir ne plaide pas pour un apaisement des esprits… et l’inquiétude reste grande.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Bon article Christophe, je suis d’accord que les politiciens sont à la base de ce climat malsain, de division, d’exclusion. Comme membre de ladiaspora congolaise en Amérique du Nord, je suis conscient de la chance que le RDC a d’avoir une multitude d’ethnies Twa, Bantous, Nilotiques, Soudanais… Le mlticulturalisme est une richesse que le RDC doit mettre en avant. Notre malheur vient essentiellement de notre classe politique, une bande de racailles, de ripoux et de criminels. …
Je connais personnellement des Tutsis Congolais ici dans la diaspora, des vrais patriotes qui aiment leur pays, ils ne font pas de revendication territoriale car ils sont chez eux au RDC. Par contre, Ils disent que ce sont des gens comme Ruberwa, « Joseph, Jaynet Hildengonde, Zoe Kabila » Nyarugabo, Ntaganda, Kaberebe, Muyumba, Makanika, :Makenga’ qui sèment la confusion car ils sont des étrangers qui travaillent pour le Rwanda et n’ont pas l’amour du RDC. D’ailleurs,l’ancien proche de Kagame. le défunt Karegeya a déclaré publiquement que Ntaganda est Rwandais,. Nkundabwatare Laurent a aussi déclaré la même chose concernant le faux Katangais ‘Joseph Kabila’ Donc, ce sont toujours des imposteurs qui sèment des troubles au RDC. Je suis convaincu que le faux pasteur Ngoy Mulunda, le valet Kabange Numbi, la fausse journaliste, la corrompue Barbara, Nzimbi etc..savent dans leurs consciences que ‘Joseph Kabila ‘ et sa fatrie ne sont originaires du Grand Katamga What a bunch of inveterate liars, révisionistes,losers.
Un autre son de cloche, si vous permettez, face au discours de haine engendré par les tensions politiques car pour moi les tensions politiques sont inévitables et le discours de haine nait davantage d’un contexte prédéterminé qui est là et qu’il faut investiguer avant de le judiciariser ! Ne criminalisons donc pas indistinctement tout à l’excès car notre vie nationale ne peut aujourd’hui que nous offrir ces monstres, nous devons d’abord inspecter d’où nous viennent-ils : il y’a en effet aussi de la légitime défense face à des impostures bien planifiées. Les fossoyeurs du pays sont multiples et on y trouve ceux qui ont des agendas délibérément envahisseurs en complicité avec certains voisins. Une certaine doxa internationale s’empresse trop souvent de prêcher ses normes sans examiner le terreau précis du pays et de la région qui n’ont en fait produit des atrocités que quand leurs cris n’étaient pas entendus !
Tenez,
– La CI a bien raison de défendre Aung San Suu Kyi leader démocratiquement élue arbitrairement destituée par la junte militaire mais on se souvient que la même CI lui a disputé son Prix Nobel quand elle n’a pas suffisamment défendu les minorités de son pays notamment les Rohingyas victimes de discrimination populaire et d’exactions de l’armée; Mais pourquoi cette lauréate du Prix Nobel qui a longtemps lutté pour la démocratisation de son pays a traîné les pieds pour défendre les minorités sinon parce qu’elle avait une idée quelque peu orthodoxe de la souveraineté de son pays où ces minorités ont toujours été mises à l’écart. Nous n’allons pas défendre les actes xénophobes des Birmans mais nous ne les comprendrons pas non plus et surtout personne n’en viendra à bout si nous n’intégrons pas cette configuration d’une souveraineté séculaire défensive qu’Aung San Suu Kyi défend maladroitement face d’abord à son opinion nationale qu’elle ne trouve nécessaire de s’adresser à l’international…
– Avec Trump les Usa ont assumé un protectionnisme américain qui reflète quelque part une pratique mondiale en ce début de XXIème siècle…
– En Belgique Flamands et Wallons se sont si longtemps disputés le pouvoir politique et économique qu’ils se sont séparés territorialement et administrativement pour former une fédération qui ne marche pas si mal que ça…
– En 1994 le génocide survint au Rwanda sur fond de compétition politique mais le contexte historique et sociologique fut déterminant dans sa genèse : Hutu et Tutsi ont un passé de ségrégation « raciale » et sociale qui explique davantage l’horrible génocide que ne le ferait un constat instantané politicien et surtout priverait les Rwandais de la chance de se comprendre et de vivre ensemble au risque d’une répétition de désaccords tragiques.
Bref le souverainisme étatique, la souveraineté « raciale » sourcilleuse , la guerre civile et pire le génocide reflètent d’abord le même réflexe identitaire qui est devenu en cette fin et début de siècle avec ses crises socio-politiques une revendication socio-politique courue ; on aurait tort de n’en faire qu’une réalité punitive car aucune sanction ne le fera complètement taire. L’auto-determination à se séparer n’est donc pas toujours synonyme de haine, les anciens membres de la Yougoslavie ne sont pas voués à se haïr, l’éventuelle hostilité entre eux ne serait donc pas que politique mais d’abord sociologique et pourquoi pas psychologique selon la nature de chaque membre.
Ici pourquoi comptabilise-t-on des discours haineux violents ethniques au Sud Kivu et pourquoi les uns contestent la citoyenneté congolaise de certains groupes ethniques s’il n’y avait aucun fondement ? Et pourquoi sont-ils plus nombreux depuis les elections de décembre 2018 ? Le rapport de l’Onu a relevé un terreau des conflits intercommunautaires à l’Est et des tensions politiques, dans la capitale , soit 39% au Sud Kivu, 19% à Kinshasa, 13% en l’Ituri et 13% au Lualaba ? Pourquoi les Kasaiens sont-ils dénoncés au Katanga et les Banyamulenge au Sud Kivu ? La particularité commune à chacun de ses territoires et à leurs habitants c’est un passé de différend sociologique que les politiciens instrumentalisent lors des crises ou dans leurs conquêtes de pouvoir. On ne peut en sortir, selon moi, en n’ayant recours qu’à un renforcement de la législation sur le seul schéma punitif, judiciaire.
Dans ce qui se passe, on trouve l’incontournable usage des droits et libertés qui doit être inspecté et apprivoisé chez les différents protagonistes en vue de trier les schémas d’impostures et de la légitime défense. Les différents délits et crimes commis procèdent d’un mobile qui nécessite d’être pris en compte ; lorsqu’on agit contre une agression vaut mieux la prendre en compte plutôt que s’attaquer aux prétendus coupables comme si rien ne les y avait poussés. La survie dans un conflit passe par des réflexes pas toujours prémédités. Voilà comment une alerte peut être utile…
Je ne suis pas en désaccord avec l’analyse et les commentaires de cet intervenant, j’aime bien lire ses interventions. Juste une pensée pour le député Lokondo qui vient de nous quitter, Quelle tristesse, mes condoléances à sa famille biologique et poliitique. Quel grand homme politique que le RDC vient de perdre, un oiseau rare, un homme constant. Vraiment la vie n’est pas juste, le RDC avait pourtant besoin de lui dans cette période charnière
May God bless his soul RIP
Bonjour Christophe, j’insiste et répéterai jamais assez que le Terme ETHNIE apparu subitement dans nos écrits et discours, langage, est un terme SEGREGATIONNIOSTE et TRIBALISTE. Nos grands-parents, arrières grands-parents, notre génération et la jeunesse actuelle parle de Tribus, Clans et non Ethnie. Et cela, parait toujours dans un sens « figuré ».
C’est un terme impropre qui engendre la HAINE, MESENTENTE et leurs corollaires.
SVP, arrêtons de diviser, balkaniser, tuer bestialement, sauvagement, pour des biens insignifiants que la mère Terre cache dans ses entrailles et qui n’en valent pas la peine de tuer car le plus grand bien c’est la sève de l’être humain lui-même et lui-même, qui les a trouvés par sa quintessence, sa flamme, son énergie inépuisable, son Amour les autres et le bien de l’humanité. Sinon nous n’avons rien pigé de chaque présence sur Terre des 7 Milliards de voisins que nous sommes.
on na pas besoin de prix nobel mais que cesse les guerres d’invasion, d’agression, de prédation, opportunistes, de balkanisation, barbares pour des pierres qui ne valent pas une seule vie humaine. C’est fatigant, mais Dieu a la le dernier mot.
C’est plus possible dans les Kivus à Béni et à Bunia!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!????????????????????????????????????????????????????????????……………………………………………………….