La guerre est déclarée entre le camp présidentiel et Moïse Katumbi, transfuge de la majorité passé dans l’opposition et probable candidat à la prochaine présidentielle. Dernier événement en date, un curieux accident de la route que certains assimilent à une tentative d’intimidation.
Qui en veut à Moïse Katumbi ? Après avoir claqué la porte de la majorité présidentielle fin 2015, les problèmes s’accumulent pour l’ancien gouverneur du Katanga. Et la liste est longue comme le bras. En septembre 2015, les ennuis commencent pour le patron du célèbre club de foot TP Mazembe, très critique sur un possible troisième mandat du président Kabila. Le bras de fer avec le pouvoir débute par une accusation de « corruption, fraudes et détournements déposée au nom du chef de l’État ». La procédure qui vise plusieurs personnalités dont le gouverneur du Katanga accusé également de « fraude douanière ». Une « tentative de déstabilisation » selon son entourage, qui n’aura pas de suite jusqu’à ce jour. En novembre 2015, le patron du TP Mazembe a ensuite eu des difficultés pour quitter la RDC afin d’accompagner son équipe au Japon pour la Coupe du monde des clubs. Katumbi n’a pu s’y rendre qu’après l’intervention de la Fifa. A son retour, c’est son avion privé qui s’est vu signifier l’interdiction d’atterrir à Lubumbashi. L’ex-gouverneur s’est résigné à emprunter une ligne régulière pour rentrer au pays. Le 1er décembre 2015, la police a empêché Moïse Katumbi, de retrouver les supporters du TP Mazembe dans le stade de la ville, sans doute de peur de voir se transformer la rencontre en meeting anti-troisième mandat. Trois supporters et un policier ont été blessés.
Accident, empoisonnement
Jeudi 21 janvier 2016. Moïse Katumbi se rend au stade pour assister à un match de son club. Son 4×4 est alors violemment percuté par un mini bus blanc dans le centre de Lubumbashi. Le mini bus n’a visiblement pas respecté la priorité à droite et s’est encastré dans le véhicule de l’ex-gouverneur. Mais le récit détaillé de l’accident qu’en fait Moïse Katumbi au réalisateur Thierry Michel et à la journaliste Colette Braeckman, présents à Lubumbashi, est inquiétant. Katumbi explique que mini bus, vide, suivi par une voiture banalisée de l’ANR (les services de renseignements congolais, ndlr) à foncé à toute vitesse sur sa voiture. Aucune tentative ni trace de freinage. Autre élément étrange : le chauffeur avait croisé deux ceintures de sécurité. Katumbi raconte enfin que le chauffeur est récupéré par les agents de l’ANR sans faire de constat. Des coïncidences qui demandent au moins une enquête judiciaire, explique Thierry Michel. Chercherait-on à intimider… ou à éliminer Moïse Katumbi ? En 2014 déjà, alors gouverneur en poste du Katanga, Moïse Katumbi affirmait avoir échappé à une tentative d’empoisonnement. Il s’était d’ailleurs fait soigné plusieurs semaines à Londres. Entre intimidation et élimination, la frontière paraît mince.
Nouvelle bête noire du pouvoir ?
Après son étrange accident, les ennuis ne s’arrêtent pas là pour Moïse Katumbi. Selon le journal kinois Le Potentiel, 25 camions de l’homme d’affaires, loués pour transporter des produits miniers se sont retrouvés bloqués à la douane de Kasumbalesa en direction de la Zambie le 26 janvier 2016. Selon le quotidien, « il est reproché au transporteur d’avoir transporté du minerai brut alors que son exportation est interdite ». L’article note que les camions « n’ont pas été inquiétés au départ de Kolwezi où les services compétents étaient censés agir en aval ». Avec toutes ses « tracasseries », Katumbi semble être devenu la nouvelle bête noire de Kinshasa. Il faut dire que depuis plusieurs mois le climat politique est extrêmement tendu en République démocratique du Congo (RDC). En cause : les nombreux retards pris dans l’organisation de la présidentielle de novembre 2016. L’opposition accuse le président Joseph Kabila de tout faire pour retarder le processus électoral afin de se maintenir au pouvoir au-delà de 2016. La Constitution interdit en effet au chef de l’Etat de briguer un troisième mandat. Riche, célèbre et populaire, Moïse Katumbi semble faire un peu trop d’ombre à la majorité présidentielle. Philosophe depuis son dernier accident de la circulation, Moïse Katumbi appelle les Congolais à prier tous les jours à midi « pour la paix », mais aussi… « pour le respect de la Constitution ».
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Pingback: RDC: ex-KATANGA, nouvelle province rebelle. - Moise Katumbi 4 President 2016